Chapitre 1- Courir vers une autre vie

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Juillet 1996 : banlieue de Londres.

Drago Malefoy fuyait.

Comme un fou, la mort aux trousses.

Toujours plus loin.

Il ne savait plus comment, il savait juste pourquoi : il était un lâche qui avait failli à sa mission, un assassin qui avait envoyé sa mère à la mort et était devenu le coupable idéal pour les deux camps. Pour Voldemort, il était un pion facile à sacrifier. Pour le Ministère, le dernier héritier d'une grande famille noble à qui confisquer les biens.

Le bouc-émissaire parfait.

Personne ne pouvait l'aider.

Personne ne le croirait.

Seuls les Mangemorts connaissaient la vérité... Mais Severus Rogue avait infiniment plus de valeur que lui aux yeux du Seigneur des Ténèbres.

Les jours filaient autour de lui. Un jour, c'était la pluie ruisselante sur le dos, l'autre le soleil de ce debut d'été agressant son visage trop pâle.

Pour se nourrir, il volait sur les étals des marchés, fouillait dans les poubelles des arrière-cours, pillait les jardins ou cueillait des baies sauvages en bordure de chemin. Son corps s'était amaigri de ce régime, sa peau était pelée et rougie, ses yeux vitreux surpomblaient des cernes violacées et de nombreuses petites plaies marquaient sa peau.

Il errait tel un fantôme, sa cape salie et élimée le cachant des regards curieux ou compatissants. Mais la plupart du temps, les moldus ne le remarquaient pas, une ombre parmi les ombres, un mendiant parmi les mendiants.

Il finit par s'arrêter quelques jours dans une ruine, lors d'un orage violent. Il ne souhaitait que trouver un coin où se reposer et reprendre un peu de forces avant de rejoindre la côte et partir, définitivement, par n'importe quel moyen, loin de sa terre natale.

Son lieu de repli était une vieille maison en ruine, remplie de ronces et de nuisibles, explosée de l'intérieur, comme ces maisons bombardées que l'on retrouvait en bordure des anciens champs de bataille. Témoin et victime de guerre, comme lui.

Le premier étage était entièrement détruit, avec des vestiges visibles de ses anciens murs. Le porche à l'avant était effondré et empêchait toute entrée par la porte principale. Il avait fait le tour par la gauche et découvert les restes de la cuisine, éventrée, qui lui donna un accès à l'intérieur.

Il trouva une pièce épargnée, en ce sens que les quatre murs et le plafond étaient toujours intacts à cet endroit-là. C'était peut-être le salon. Les murs étaient noirs d'un feu qui avait dévoré tout ce que contenait la pièce, la porte y compris. Des cendres recouvraient le sol, parsemées d'empreintes animales. Seule la cheminée subsistait, fièrement adossée au mur noirci.

Il décida de faire un feu avec quelques morceaux de bois secs, trouvés sous un abri derrière la maison, du papier et un briquet, chipé à un vieux dans un parc quelques jours plus tôt. Mais la fumée faillit l'asphyxier : celle-ci était retournée dans la pièce au lieu de s'échapper par le conduit d'évacuation ! Il éteignit le feu naissant avec sa cape et, toussotant, il s'apprêtait à sortir de la pièce, mais la fumée avait réveillé les occupants du conduit et Drago fut attaqué par une nuée de chauve-souris en furie ! Il s'enfuit de la pièce en courant, se jeta à plat dans l'herbe trempée, sous la pluie torrentielle, et tenta de reprendre une respiration normale.

Un cas pour deux - André SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant