Chapitre 7

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*Samedi 9 septembre : 7:30pm*

Le rire insupportable de Nate parvenant jusqu'à mes tympans me donne la migraine. Je plante mes couverts dans mes légumes et ma viande de Kobe en imaginant la tête du parasite à la place de la pauvre bête qui a été abattue pour me nourrir. Ses parents sont partis à l'étranger faire je-ne-sais-quoi. Je n'ai pas cherché à en savoir plus pour être honnête, et Nate va bel et bien passer une semaine entière avec nous.

Je ne sais pas ce qu'il cherche, mais il va vite me trouver. Il essuie ses lèvres charnues avec sa serviette et discute avec ma mère comme si je n'étais pas là. Il parle de littérature et d'œuvres cinématographiques dont je ne connais pas l'existence.

— Ça va ? Je ne vous dérange pas ? demandé-je, agacée.

— Si, répond ma mère. Nous sommes en plein milieu d'une conversation dont tu ne veux pas faire part.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

— Tes phalanges blanchâtres, répond-elle en pointant du menton mes mains.

Je baisse les yeux et en effet, je ne me rendais pas compte que je tenais aussi fermement mes couverts. Je les lâche et sors de table.

— Où vas-tu ? me demande ma mère. Tu n'as pas fini ton plat ! Et tu ne regardes pas de film avec nous ce soir ? C'est La famille Indienne.

Je m'arrête net. Elle ne va pas oser regarder MON film préféré avec LE garçon que je ne peux pas supporter, si ? C'est une tragédie, une trahison, impardonnable.

— Non, lâché-je sèchement. J'ai du travail à trouver.

— Et demain soir ?

— Je dois garder tes satanés petits neveu et nièce.

— Bon Nate, ce sera juste toi et moi, alors demain soir.

— Ça me convient, dit-il. Je te ferai goûter des spécialités chinoises.

— Super, parce que hormis les nems et le riz cantonnais, je ne connais pas grand-chose.

Je m'en vais avant de vomir mes tripes lorsque je les entends rire. Une fois dans ma chambre, je me laisse tomber sur le lit et balance tous les coussins qui s'y trouvent. L'envie d'envoyer un message à mes amis pour leur raconter est omniprésente, mais je préfère leur annoncer la nouvelle de vive voix et voir leur réaction en direct.

J'ouvre mon ordinateur et passe la soirée à terminer de mettre en place mon portfolio. Je suis très satisfaite du résultat. Je prends mon tee-shirt de pyjama et me change dans la salle de bain. Je saisis ma brosse à dents et la pâte dentifrice que je m'apprête à étaler sur celle-ci quand la porte s'ouvre dans la volée, laissant apparaître un Nate torse nu.

— On ne t'a jamais appris à frapper avant d'entrer ? lui demandé-je en le regardant de haut en bas.

— Pardon, je ne savais pas que tu étais là. Je repasserai plus tard.

— Tu peux entrer hein.

— Non, ne t'inquiète pas, je reviens après.

Il garde son regard sur ses pieds, le visage rouge de gêne.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? lui demandé-je en posant une main sur ma hanche. Ne me dis pas que tu as peur de moi ? Je ne vais pas te manger, tu sais.

— Moi ? Peur de toi ? Tu rêves !

— Alors quoi ?

Son regard passe le long de mon corps et s'arrête une seconde sur ma poitrine avant d'atteindre mon visage. Une seconde qui ne passe pas inaperçue à mes yeux. Je regarde ma tenue du soir et je comprends mieux d'où vient sa gêne. J'éclate de rire.

THE WAY I LOVE YOU [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant