Chapitre 33

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Nate Zhang a un frère. Je sais bien que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur lui, mais il y a une chose dont je suis sûre, c'est que je n'ai jamais entendu parler d'un quelconque Bryan Zhang.

— J'avais 12 ans que je l'ai vu pour la dernière fois...

— Il est... ?

— Non, il n'est pas mort. Je n'ai plus de nouvelles depuis sept ans.

Sept ans...

— Chaque année, je lui écris une lettre, mais je ne sais pas où il est. Alors, je les garde pour moi.

Je fronce les sourcils. Cette histoire m'est familière. Elle coïncide étrangement avec le tout premier projet de dessin que j'ai fait.

— Dis-moi Nate, est-ce que tu aurais un lien avec la BD que j'ai dessinée pour mon tout premier projet rémunéré ?

Il sourit tristement en gardant les yeux rivés sur la photo. Il la range en sa place et sort de la pièce. Je le suis et le rejoins sur son lit.

— Nate, je suis tellement désolé, dis-je en me blottissant dans ses bras.

— Pourquoi ? Tu n'as rien fait dans cette histoire. La seule que tu aies faite, c'est de parfaitement la retranscrire.

Je fais rapidement le lien entre les bleus sur son visage et les blessures sur son corps.

— Ton père... commencé-je.

— Pas ce soir Amy, s'il te plaît. Je veux juste qu'on s'allonge, qu'on parle d'autre chose et qu'on dorme. Je suis épuisé.

Je m'allonge à ses côtés et parcours des yeux, chaque centimètre carré de son corps à la recherche d'une quelconque cicatrice, mais toutes les traces ont été effacées. Comme si elles n'avaient jamais existé, alors que je les ai vues de mes propres yeux. Le coquard en classe, sa lèvre gonflée et les éraflures dans le dos dans les vestiaires. Le nombre de fois et j'ai vu son visage se déformer de douleur lorsque je l'enlaçais à peine trop fort ou lorsqu'il s'asseyait avec difficulté. Il me sortait constamment l'excuse du sport. À chacun de ces souvenirs, mon estomac se tord. Quelle voisine, amie et maintenant copine, nulle, je fais. Je n'avais même pas compris que mon amoureux se fait battre par son père. Je m'assieds sur mes genoux et saisis tendrement sa main.

— Je ne peux pas laisser passer ça. Je vais parler à ton père.

— Et lui dire quoi ? demande-t-il en riant. Je sais que vous tabasser votre fils, je vais vous dénoncer à la police !

— Oui, dis-je, vexée.

— Laisse tomber, Amy. On a d'autres combats à gérer pour le moment. Celui de Lorenzo notamment.

J'abandonne la bataille, mais je me prépare pour la prochaine et nous nous recentrons sur mon ami. Je soupire et m'allonge à ses côtés.

— Tu as une idée de ce qu'on peut faire ? demandé-je en m'infiltrant sous la couverture.

— Il faut le piéger, dit-il. Le prendre en flagrant délit.

— Comment ? Demander à Lorenzo de l'enregistrer ?

Il secoue la tête et passe son bras autour de ma taille. Je saisis sa main et resserre son étreinte. Je me sens toute petite dans ses bras. Je me sens protégée et aimée.

— Non, ce serait trop risqué. On va mettre des caméras et des microphones dans les vestiaires.

— Tu n'as pas peur qu'il se doute de quelque chose ?

— Aucun risque. Son erreur sera de se sentir en sécurité. Il connait le lieu par cœur, c'est son lieu de chasse.

Au mot chasse, je déglutis. Le coach James est un vrai prédateur. Qu'est-ce qui nous dit que Lorenzo est seul. Et s'il y en avait d'autres ?

THE WAY I LOVE YOU [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant