Léon ferme les yeux, laisse l'épuisement avoir raison de lui. Tant pis pour tout le reste, pour cette fragilité et pour ces secrets qu'il n'a pas su garder. Tant pis pour cette pièce qu'il voulait garder secrète, non pas qu'il avait réellement quelque chose de précis a cacher. Non, il voulait simplement échapper a ce regard, celui de pitié et d'incompréhension que Auguste a eu le malheur de lui lancer en rentrant ici tout a l'heure.
Ce lieu si vide de toute vie. Ce lieu maudit, de peur et de malheurs.
Quelque chose cloche en réalité. Ce n'est pas qu'impersonnel, c'est sinistre. Auguste le perçoit en posant ses yeux sur les murs fissurés non réparés, sur ce poster qui tombe a moitié, sur ces crayons usés sur le bureau d'époque. Tout semble a l'abandon, tout hurle «au secours» mais, Auguste ne le relève pas.
Il n'en a de toute façon pas le temps. Léon s'endort déjà. Lentement, il remonte un peu la couverture sur lui, juste avant sa blessure a vif et s'écarte.
Il prend conscience de son souffle lourd. Tout retombe enfin, toute la haine et le chagrin. Il ne reste plus que ce vide immense que rien ne semble vouloir combler.
_ Journée de merde ...
Les astres ne semblent jamais vouloir s'aligner dans sa pénible vie.
Il reste dans la petite chambre un moment. Le temps semble suspendu. Il n'ose pas réellement bougé, la, sur le bord du lit du plus jeune. Il fixe juste le bureau en face de lui, en silence.
Ici, il n'y a horloge ni montre. Aucun pendule, aucun réveil. Le temps n'existe pas vraiment. Coincé dans un autre univers. Ce n'est pas si désagréable que ça, que de voir le monde tourner sans nous parfois. Seulement, impossible de se perdre dans cet état la définitivement autrement qu'a travers la mort. Il est temps de revenir au monde des vivants, temps de réaliser qu'il y a encore d'autres erreurs a réparer.
Le verre couvert de sang doit encore giser dans le salon. Preuve du drame. Si Marcus ne pouvait pas avoir connaissance de cet évènement ça serait un sacré plus.
En réalité si le propriétaire des lieux apprend pour ce qui est arrivé tout a l'heure, les choses risquent de sérieusement s'envenimer. C'est l'heure de cacher les preuves. Auguste se redresse, le souffle encore lourd et saccadé, la tete qui tourne toujours un peu a cause de l'alcool et du choc. Il jette un ultime regard a Léon totalement dans les vapes, avec un œil rassuré et étrangement attendri. C'est mieux ainsi, que Léon se soit effondré de fatigue, ça évite de trop parler, d'aborder des sujets compliqués.
Auguste traine le pas dans le salon en sale état et se met a le nettoyer avec une lenteur évidente. Il pourrait bien s'écrouler lui aussi, l'idée lui fait terriblement envie mais, il ne peut point laisser cet endroit ainsi. Peu importe si cela semble étrange de se méfier de celui qu'on considère comme son meilleur ami mais, c'est le genre de relation qu'Auguste a avec Marcus. Les deux hommes se craignent presque plus qu'ils ne s'aiment.
***
Travail achevé. Un dernière pensée qui divague. Il revoit Léon hurler, enfin, il se le demande. «Il avait pleurer, non ?» avant que tout ne commence. Il en est presque sur maintenant. Comment n'a t-il pu ne pas le remarquer tout a l'heure ? Comment se fait-il qu'il ne voit jamais le plus important, quand son coeur a lui chavire ? Si égoïste, si cruel. Aussi mauvais que son paternel. Il parait que c'est une question de gène. Le diable dans le sang.
Il erre dans les ruelles. Est-ce que Léon va bien ? Est-ce qu'il est réveillé ? Est-ce que Marcus est rentré ? Se doute il de quelque chose ? Des questions sans réponses qui ne font que démanger l'esprit. L'alcool l'a déjà trahi aujourd'hui, il lui faut autre chose. Une autre façon de noyer sa peine.
Il lui faut des mots doux, des promesses et des caresses. Il lui faut Camille.
Il lui faut sa belle qui l'aime tant, envers et contre tout. Il faut qu'il se le rappelle que parfois, on ne lui souhaite pas que le pire. Besoin qu'on le console comme un môme, qu'on frotte son dos en lui murmurant des merveilles.
Egoïstement accroc a elle, a leur histoire qui n'existe plus vraiment. Furieusement, il s'enfuit de nouveau, pour fuir de nouveaux problèmes. Pour échapper a ce qu'il a vu a travers Léon tout a l'heure, ce reflet qui dérange, cette ressemblance et peut être encore pire alors qu'il s'est trahi a le regarder dormir, de ce regard qui ne trompe pas.
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[Pardon pour le temps que j'ai mis a poster cette suite, j'avais un gros syndrome de la page blanche avec qui lutter ♥ J'espère que ce chapitre un peu transitoire vous plaira malgré tout, tous vos retours sont ma plus grande motivation et source d'inspiration, merci de me suivre dans mes aventures ici ♥]
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ORAGE [BxB]
RomanceAuguste deteste Léon. Léon deteste Auguste. Une guerre ancienne, entre les deux garçons. Auguste n'est que colère. Incapable de poser ses pensées autrement qu'avec des hurlements et des coups. Relations tumultueuses que les siennes, même avec les g...