☣ CHAPITRE 4 → PARTIE 2 ☣

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Assumer, Auguste a toujours eu du mal à le faire.
Agir et réfléchir ensuite a toujours été son mode de vie. Habitué aux hurlements, aux coups. Désorienté par le ton sec de Léon, ainsi que par cette réalité qui frappe.

Il ne doit pas fuir cette fois, il doit rester pour réparer le mal causé.

_ Je vais te faire mal.

La voix du blond tremble alors que du bout des doigts il attrape l'aiguille de la trousse à pharmacie. Le fil dans l'autre main, lui, tant habitué au sang pourtant, devient livide face a ce qu'on lui demande de faire.

Effectivement l'une des plaies de Léon est profonde. Elle nécessite plusieurs points de sutures.

_ Mec sérieux, viens on va à l'hosto.
_ J'ai dis non ...

Le plus jeune a la tête qui tourne. Trop de sang est venu tâcher le sol du salon.
Assez pour que les preuves deviennent réellement complexes a cacher mais, chaque chose en son temps. Désormais c'est des blessures dont il faut s'occuper.

_ T'es un gars qui arrête pas de se battre, me fais pas croire que t'as jamais fais de point de suture Auguste.
_ Non, si... enfin, juste sur moi et j'étais toujours...
_ Bourré ?
_ Ouais ...

Long silence. Tout est si pesant.
Sur lui, il a effectivement déjà fait ce genre de chose mais, une fois de plus, l'alcool était toujours là pour le bercer et effacer la douleur. Sans oublier l'adrénaline, bien utile dans ce genre de moment.

Dans la trousse de pharmacie, Léon a bien trouvé un anti douleur mais, rien de bien fort. Rien qui ne pourra vraiment l'aider à affronter ce qui l'attend.

Auguste ne fait que traîner en longueur, apeuré face a la situation. Tout ça, pendant que Léon lui, fait de son mieux pour tenir le coup.

_ Pitié, vas y. Je vais pas réussir à rester calme encore longtemps.

Les nerfs et la peau a vif. Tout n'est plus que souffrance. Il se maudit, il le maudit. Trop de colère, assez pour en faire bouillonner le sang, assez pour perdre son souffle et empirer la douleur.

_ Auguste putain, vas y !
_ O ... Oui.

Il inspire profondément, le blond.

_ Allonge toi. Faudra pas que tu bouges ok, je vais faire vite.

Léon s'exécute, s'allonge, le dos nu, blessé. Il croise les bras et vient y cacher son visage, maintenant que le plus vieux ne le regarde plus, il se remet à verser des larmes, silencieuses et pudiques.

Le blond commence l'opération délicate. Rapidement, le bout de l'aiguille vient perforer la peau.

Un hurlement déchire la pièce.

Puis juste un gémissement suivie d'une insulte. Les pleurs deviennent des sanglots, de plus en plus forts, a chaque fois que le blond avance l'aiguille, qu'il lui perfore la peau.

Les sanglots s'accompagnent de mots mauvais. Auguste ne lui en tient pas rigueur et surtout, ne lui répond jamais rien. Il ravale ses paroles et se concentre simplement sur ses gestes.

Au bout d'un moment, la torture se termine. Auguste serre le tout, une dernière fois, arrachant le plus lourd de tous les cris au plus jeune.

Les ongles enfoncés dans le canapé, le corps tendu et le coeur en colère, Léon n'arrive plus à bouger.
Aussi étrange que celui puisse paraître ce n'est pas à Auguste qu'il en veut le plus, la tout de suite.
Non, sa haine se tourne vers quelqu'un d'autre. Maudit visage, qui hante son esprit depuis des mois déjà.

_ Léon ...?

Aucune réponse. Juste des restes de sanglots, rompus par l'épuisement.

_ Léon ça va aller, je vais t'emmener dans ta chambre, tu veux bien ?

Le plus jeune n'arrive plus à parler. Il hoche simplement la tête, lentement. Toute sa confiance et sa bravoure sont parties, il abandonne.

_ Viens la ...

Les plaies sont soignées, les bandages sont posés.
Auguste s'approche de Léon, recroquevillé dans le canapé et l'attire avec une délicatesse étrange juste pour le prendre contre lui, torse contre torse, les jambes du plus jeunes maintenus sous ses mains. Il l'attrape comme un enfant qu'on s'en va bercer. Une main sous ses cuisses et une autre glissée dans sa nuque.

A un autre moment, la proximité aurait été impossible, dérangeante. A cet instant, il n'en est rien. Tout semble si logique.

Auguste pousse la porte de la chambre, lieu sacré ou personne n'a jamais eu le droit d'entrer.
Le plus vieux s'attendait, en rentrant ici a trouver bien des trésors et des secrets, vu l'acharnement avec lequel Léon refuse qu'on y entre.

Il n'en est rien.
Tout est impersonnel et triste. Rien sur les murs excepté un vieux tableau qui était déjà là avant, un bureau avec quelques crayons et des valises a moitiés défaites.
Il a l'impression d'entrer chez quelqu'un qui s'apprête à partir ou a quelqu'un qui finalement, n'est jamais vraiment arrivé.

D'entrer dans la chambre d'un fantôme, ou d'un fugitif.

ORAGE [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant