9. Réveil délicat (POV Thia)

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La première chose que j'avais fait en ouvrant les yeux ce matin là avait été de poser une main sur ma gorge, là où j'avais l'impression que mes cordes vocales se battaient entre elles, tellement cela faisait mal. J'avais fermé les yeux et avais soufflé. J'avais l'habitude, et rien que de l'admettre j'avais envie de pleurer. 

Cela faisait bien longtemps que je m'y étais habituée. Cela faisait bien longtemps que je ne me demandais plus pourquoi cela m'arrivait à moi. C'était ainsi. Je me rappelais encore le jour où cela était arrivé la première fois. 

Vous ne pourrez peut-être plus parler. Ce n'était pas le mot exacte qui aurait du être utilisé. Chanter aurait plus coller. Mais l'un n'allait pas sans l'autre, je supposais. J'avais souris à ce souvenir. J'avais voulu mourir. Mais j'avais pu chanter de nouveau sans problèmes après quelques séances de kiné. Qui étaient devenues obligatoires dans mon planning. 

J'avais abandonné mon rêve. Ou plutôt j'en avais changé. Si je ne pouvais plus chanter, alors j'écrierai pour les meilleurs. Mais je ne faisais pas non plus parti des meilleurs, alors ce rêve là aussi je l'avais abandonné. Le dernier rêve que je n'avais pas tout à fait abandonné résonnait dans mon âme comme au premier jour où je l'avais prononcé. 

Promets moi d'être heureuse. C'était une des dernières phrases que ma mère m'avait dit avant de nous quitter. Et je l'avais transformé en mon seul et unique rêve et but dans ma vie. Je serais heureuse. Je me contenterai de ce que j'aurais, si je n'ai pas la vie dont je rêvais cela n'était pas grave tant que j'étais heureuse. Je te le promets. 

Théoriquement c'était beau, mais c'était un combat de tous les jours, des fois je gagnais et des fois je subissais de lourdes défaites. J'étais heureuse de travailler dans un café, j'étais heureuse de pouvoir écouter la musique que j'avais envie presque au moment où j'en avais envie et j'étais heureuse de pouvoir me sentir chez  moi dans ce studio que je trouvais pourtant miteux. 

Rien, ni personne ne viendrait remettre ça en question. Je devais reprendre mes bonnes vieilles habitudes, prendre la vie jour après jour, sans trop réfléchir, sans me projeter. J'aimais les projets, j'aimais imaginer mon futur, je pense que c'était eux qui ne m'aimais pas. Je m'étais faite à l'idée de vivre comme ça, seule et en même entourée d'immense artistes, jusqu'à la fin de ma vie. Qui partageais avec leurs fans ce qu'ils avaient de plus précieux, leurs voix, leurs pensées les plus sombres et leurs amours. 

"Tu es réveillée." Jusqu'à ce que je croise sa route pour de vrai. J'aurais pu faire comme si de rien n'était, s'il n'essayait pas constamment de me rappeler que j'avais dans mon entourage proche, l'homme qui avait volé toutes mes nuits depuis que j'avais entendu pour la première fois sa voix bercé mes doux cauchemars. 

"Où est-ce que je suis ?" J'avais écris sur mon portable car je ne savais pas si j'étais à l'heure actuelle, capable de parler. 

"Tu es dans notre infirmerie personnelle. Tu as de beaux nodules. Le cauchemar de tous les chanteurs." Il m'avait souris en me tendant un verre d'eau avec un aspirine, je les prenais sans réfléchir en lui faisant un signe de la tête pour le remercier. Je lui avais signe qu'il s'approche ce qu'il avait alors que mon rythme cardiaque augmentait, je me giflais mentalement. Il fallait que je reste concentrée. 

"J'en suis abonnée depuis 7 ans."  

« Je suis désolé. » il avait dit en baissant la tête, j'avais envie de lui prendre le menton et de lui faire relever fièrement. Rien de tout cela n'était de sa faute et pourtant à sa façon de s'excuser j'avais l'impression que toute les peines du monde venaient de son fait.

« Tu n'as pas répondu à ma question, pourquoi tu fais tout ça ? » Je m'étais redressé en même temps qu'il relevait la tête. Ses yeux s'étaient assombris, j'avais peur de faire une nouvelle erreur mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir connaître la vraie raison.

« Cela t'intéresse tant que ça ? » son expression avait littéralement changé. Il avait dit cette phrase avec un sourire en coin, ça m'avait aussitôt rassuré et je lui souriais en retour. Il n'avait plus l'air en colère, mon cœur s'était délesté d'un sacré poids.

« C'était beaucoup plus facile de t'aimer quand je croyais tout connaître de toi, même si c'était faux. » j'avais dit timidement, alors qu'il avait arrêté son regard sur le mien.

« Je ne peux plus me passer de ta voix » Il avait froncé les sourcils comme si même pour lui cette réalité était dure à admettre. Je déglutissais, nerveuse, il se rapprochait inlassablement de moi. Je plissais les yeux, car je ne le voyais pas très bien, je ne sais pas où j'avais mis mes lunettes, ni même si elles avaient survécu à ma dernière crise.

« Je suis désolée que tu es vu ça. » Je lui avais murmuré en me rappelant la façon grotesque et l'endroit où il m'avait retrouvé. Il avait du être surpris de voir son portrait affichait à côté de ceux de ses amis et de Freddy Mercury. 

« Tu es désolée mais c'est toi qui m'as appelé. Je me demandais quand tu allais le faire d'ailleurs. » Il s'était assis au bout de mon lit de fortune et avait checké quelques messages avant de replacer son attention sur moi.

« J'ai l'impression d'être dans une série à succès. » J'avais dit en rigolant, lui faisant également esquiver un sourire. Ma voix avait repris de sa contenance, je ne pensais pas que ça serait aussi rapide. C'était un de mes premiers vrais sourires depuis un moment. En parallèle j'échangeais des messages avec mon père qui s'inquiétait de ne pas me voir comme tous les matins à l'ouverture du studio.

« Ma vie a toujours été un film, peu importe ce que je fais, attends tu viens de dire que tu m'aimais ? » Il avait haussé les sourcils en croisant les bras attendant patiemment ma réponse. Son regard m'avait fait rougir. J'avais essayé de me justifier en balbutiant quelques mots, avant de fermer les yeux et de serrait les draps de mon lit de fortune dans mes petites mains, qui me paraissaient bien trop étroite pour attraper tout cet amour.

Il avait posé une main sur une des miennes, j'avais lentement ouvert un œil, il hochait de la tête en me faisant comprendre que tout irait bien,  et qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Dans mon esprit c'était tout le contraire. Tout ce qu'il faisait actuellement ne ferait que rendre les choses plus compliquées pour moi. Mais j'essayais de relativiser. 

My time  [Jeon Jungkook X OC] Terminée 💜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant