Chapitre 49

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Une douleur cuisante réveilla Grace. Elle proféra une insulte dans le vent avant d'ouvrir les yeux. Elle était allongée dans un lit d'hôpital, entourée de plusieurs autres blessées qui agonisait. Elle osa regarder son épaule. Un énorme bandage lui ornait son articulation. Sa tenue de combat était toujours aussi déchirée. Elle soupira et essaya de se relever. Sa brûlure l'avait bien amoché mais elle n'allait pas rester dans ce lit à se morfondre. Elle récupéra une cape verte qui trainait là et se la mit sur les épaules non sans crisser. De loin, elle remarqua Mikasa, de dos qui parlait à une jeune fille blonde.

Elle quitta leur hôpital de fortune pour essayer de trouver Jean. Elle grimpa des escaliers avant de se retrouver face à une scène inattendue. Flock avait son pistolet pointé sur un mercenaire. Les autres étaient regroupés dans un coin, la peur au ventre. Jean se tenait à gauche de Flock et essayait de maitriser la situation. Le rouquin aperçut Grace et la salua, un sourire narquois sur le visage.

- Tiens Grace ! Tu t'es réveillé ! Bienvenue !

La jeune femme lança son plus mauvais regard au sous fifre d'Eren. Elle alla se réfugier à coté de Jean. Elle remarqua bien vite une flaque de sang devant le mercenaire à terre. Il se tenait une de ses mains et Grace comprit rapidement que Flock avait prit le contrôle du fort. Jean se plaça légèrement devant elle, voulant la protéger de la menace qu'était devenu leur ancien camarade.

Le porte parole de Jeager, comme il aimait s'appeler, expliqua aux mercenaires qu'ils avaient le choix entre vivre sous leurs ordres ou mourir tel des chiens galeux.

- On peut savoir pourquoi tu joues aux petits chef ? Grinça Grace.

- Oh pardon excuses moi Grace. Eren règle les problèmes à l'extérieur et moi je les règle ici, à Paradis.

- On ne sera jamais sous tes ordres fumier, tu..

Grace hurla quand Floch envoya une balle dan la tête de ce pauvre homme. Jean s'horrifia devant tant de violence. Eren ne contrôlait rien ici. Le comportement de Flock était imprévisible. Comment le jeune garçon peureux avait pu devenir un être cruel et abominable ? Fatigué, Jean tomba sur ses genoux et ne pouvait pas décrocher ses yeux dorés du corps sans vie du mercenaire. Grace lui pressa l'épaule, prête à envoyer Flock dans le vide si il menaçait de les tuer. Le rouquin ordonna à ses soldats d'emmener les mercenaires dans la prison et s'approcha de Jean. Grace se tendit mais n'osa pas faire de mouvements brusques.

- Tu sais Jean c'est fini maintenant. Tu peux te reposer, toi l'un des héros de Shinganshina.

- Sérieux... c'est vrai ?

- Bien sûr ! Tu vas pouvoir mener ta petite vie bien tranquille avec la blondinette qui est à coté de toi.

Jean leva ses yeux vers Grace. Il la vit prête à sauter à la gorge de ce malade mais elle n'en fit rien.

- C'est ça la liberté ! S'exclama tout sourire Flock.

Grace ricana et enleva sa main de l'épaule de Jean. Elle ne savait pas pourquoi, elle sentait son mentor en train d'abandonner et de laisser Flock décider pour lui de sa future vie. Elle n'était pas comme ça. Elle irait arrêter Eren toute seule s'il le fallait. Le Major et le Caporal attendaient son retour et elle ne reviendrai pas seule. Elle planta ses orbes émeraudes dans le regard sauvage de son ancien camarade.

- Tu m'excuseras Flock mais je n'adhère pas à cette liberté dont tu parles. Jean vivra la vie qu'il veut sans moi. Je ne veux pas me terrer au fond d'un trou, attendant sagement que mes regrets viennent me hanter.

- Tu bougeras pas d'ici Grace.

- Tu crois pouvoir m'en empêcher petit soldat prétentieux ?

Floch s'énerva et planta son flingue devant le visage neutre de Grace. Jean s'alarma aussitôt et se releva en essayant de se mettre en travers de la route du pistolet.

- Arrêtes Floch, elle a comprit. J'vais la tenir loin de tout.

Carver s'indigna en silence devant la soumission de Kirschtein. Il essayait de la protéger mais de là à presque supplier cet énergumène avide de pouvoir, il ne fallait pas non plus pousser. Elle pesta et d'un air hautain quitta la pièce. Dans l'escalier, elle croisa Mikasa.

- Armin est parti chercher Conny avec Gaby.

- Gaby ? Questionna Grace.

- La gamine qui s'est infiltré ici.

- Oh. Jean est en haut si tu le cherche.

Mikasa la remercia d'un hochement de tête et monta les marches d'un pas lourd. Grace, elle, dévala l'escalier pour aller se réfugier dans une des chambres des dortoirs, au rez de chaussée. Le soleil couchant n'était pas reposant. Une horde de Titans dévalaient encore les collines de Paradis pour rejoindre Eren qui s'apprêtait à déverser sa haine sur le monde. Comment Jean pouvait-il abandonner le sort de milliard d'êtres humains et rester cloitrer ici ? Armin étant parti retrouver Conny, elle se retrouvait seule avec ses pensées. Il fallait qu'elle aille retrouver le Major. Seulement, maintenant qu'elle avait joué la rebelle avec les pros-jeager, Flock la ferrait surveiller.

Une heure plus tard, Jean toqua à sa porte et la jeune femme bougonna de la laisser tranquille. Le soldat rentra quand même et trouva sa coéquipière en boule sur le lit. Il s'assit sur le bord du matelas et soupira.

- Qu'est-ce qui t'as pris de provoquer cet idiot de Floch ?!

- Oh lâches moi. Je préfère ça que de lui lécher les bottes.

- J'essaye de survivre figures toi ! On me propose un poste permanent, une maison dans le centre de Trost. Une vie simple et...

- Une vie pleine de remords et de regrets.

- Tu te la coulait douce avant qu'on vienne te recruter ! T'as pas à me donner de leçons Grace ! S'énerva son mentor.

Effectivement. Il n'avait pas tord. Mais depuis qu'elle avait gouté au rêve de liberté et d'espoir, elle refusait de retourner se terrer comme une taupe. Elle n'avait plus envie de faire semblant de vivre dans ce monde sans réellement voir ce qui s'y trouvait. Et elle refusait que le monde soit détruit pour leur salut. Il n'y avait aucun honneur à tuer, aucune gloire à en tirer. Elle se retourna vers Jean. Il avait l'air exténué. La jeune femme se décida à lui dire le fond de sa pensée.

- Je te libère de ta mission Jean.

- Hein ? Quelle mission ?

- Celle que le Caporal t'a confié quand je suis arrivé. Faire de moi un bon soldat. Tu n'es plus obliger de jouer le chaperon. Tu peux t'en aller.

- Ça fait longtemps que je joue plus ce rôle.

- Ne mens pas. Je le sais, je ne suis qu'un soldat de plus que tu as mentoré.

- Pourquoi tu dis ça ? Demanda Jean en perdant patience.

- Tu l'as dit à Conny, je t'ai entendu.

Le soldat du Bataillon prit un air déboussolé avant de comprendre à quoi faisait référence Grace. Ce jour là, alors qu'elle avait perdu Sasha, elle avait aussi perdu son coeur. Fendu, il s'était brisé sous les paroles dures et affligeantes de son supérieur. Elle avait eu mal, se demandant à quoi tout ses efforts avaient servi. Pourquoi lui avoir fait croire qu'il y aurait un avenir alors qu'il se fichait pas mal d'elle ? Ses questions, elles les avaient enfouis dans ce qu'il lui restait de coeur. Mais aujourd'hui, elle trouvait que cela n'avait plus d'importance. Jean avait choisi sa voie et elle le sienne. Même si elle l'aimait, elle ne pouvait le suivre dans une vie bien rangée alors que dehors, le monde brulerait.

Jean voulut s'expliquer. Ce qu'elle avait entendu ce jour là, était des paroles qui ne comptait pas. Il ne le pensait pas. Il avait simplement peur de perdre à nouveau ce qui lui était le plus cher. S'accrocher à elle, il se l'était tellement interdit que lorsqu'il avait cédé à ses sentiments, il s'était senti libéré d'un poids. Mais la guerre, la mort, la ruine, tout ça lui avait fait naitre une énième peur. Celle de perdre Grace Carver, la fille dont il avait la responsabilité et la femme dont il était tombé amoureux sans pouvoir lutter. Conny n'était pas bête, il savait que son meilleur ami s'était crée une carapace pour ne pas souffrir de ce genre de chose. Si il lui avait répliqué qu'il n'aimait pas Grace, il n'en pensait pas un mot.

- Attends Grace, je..

- Tu peux partir.

Le ton froid et impénétrable de la jeune femme anéanti l'homme devant elle. Mais il n'avait pas envie de lutter alors il la laissa, laissant aussi une partie de lui. 

C'est toi et moi (JeanxOC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant