C'est toi et moi (JeanxOC)

Chapitre 38

Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis l'arrivée de Grace dans les cachots. Les deux enfants étaient relativement calmes même si la fillette avait le regard le plus meurtrier qu'il avait été donné de voir à Grace. Cette gamine lui avait hurlé qu'elle était la cousine de Reiner Braun et qu'elle les détruirait tous avec le pouvoir du Titan Cuirassé. La jeune femme n'avait pas trahi une seule émotion mais dans sa tête, les informations que lui donnaient la petite fille la faisait transpirer. C'était bien une future aspirante qui allait devenir une guerrière redoutable.

Le garçon avait un air las sur son visage comme si tout cela le dépassait. Assise sur une chaise en face de la cellule, Grace observait le plafond tout en réfléchissant. Qu'allait-il se passer maintenant ? Les Marhs allaient venir se venger, cela ne faisait aucun doute. Mais quand et comment ? La situation n'avait pas évolué. Eren Jeager avait déclenché l'enfer sur Révélio, prouvant au monde entier qu'ils étaient des démons. Il essayait d'éviter une transformation de la Reine Historia en Titan et le voila revenu avec le titan Bestial qui se présentait comme le frère du sauveur de l'humanité. Ensemble ils pourraient déclencher l'apocalypse.

Grace ne comprenait en rien le plan d'Eren. Essayait-il de les sauver ou de les condamner ? Il fallait qu'elle approche Yelena pour le savoir. Elle entendit enfin la relève arriver. Elle s'étira et laissa la place à un de ses collègues. La gamine, jusque là assise, bondit sur son lit et accourut devant la grille qui séparait les deux filles.

 - Toi ! Tu verras, j'vais te tuer pour avoir fait croire à Reiner que t'étais une alliée ! Prépares toi au pire démon !

Grace la regarda droit les yeux. Elle ne prenait pas ses menaces au sérieux. Elle avait certes la langue bien pendue mais enfermée dans la prison, elle ne pouvait rien contre elle. Elle se détourna de la fillette et remonta lentement les escaliers. La nuit était tombée depuis un moment et le ventre de la jeune femme grogna. Elle n'avait rien mangé depuis la veille. Mais elle préféra attendre ses coéquipiers pour croquer dans une pomme ou un bout de viande. Elle se dirigea à l'étage du bâtiment et croisa sa camarade de chambre, Meg. Elle ne se parlaient pas beaucoup mais Grace resta polie.

- Salut ! Tu n'aurais pas vu Jean et les autres ?

- Dans le petit salon du Major.

La soldate Meg dépassa Grace sans attendre un remerciement et claqua une porte dans un couloir parallèle. Carver haussa les épaules, peu surprise du comportement taciturne de sa camarade. Elle parcourut les tapis du second étage avant d'arriver devant la porte qui la mènerait à ses amis. Mais avant qu'elle ne pose sa main sur la poignée, les voix dans la pièce s'élevèrent et elle entendit Jean parler.

- Arrêtes tes allusions foireuses tu veux ! J'ai pas envie qu'il y est quoique ce soit entre elle et moi !

- C'est quoi ton problème Jean ? T'as pas le droit de la laisser tomber ! Le caporal te l'a confié ! Grace est devenu un très bon soldat ! Et c'est une fille génial ! Fais pas ton crétin !

- J'ai rien à lui dire ! Et puis c'est toi qui le dit le Caporal me l'a confié et ce n'est qu'une mission !

- T'es qu'un pauvre con !

Grace recula d'un pas. Les voix s'étaient rapprochées de la porte. La gorge nouée d'avoir entendue cette discussion, elle repartit en sens inverse et se cacha dans une autre pièce. Elle posa sa tête contre la porte et ferma les yeux. Elle ravala comme elle pût ses larmes de tristesse et de rage. Pourquoi Jean avait-il décidé de lui pourrir la vie maintenant ? Ils étaient tous au plus bas moralement mais il fallait qu'il en remette une couche. Ils avaient été si proche, comment le soldat Kirchstein avait-il pu changé d'avis en deux jours ? Elle ne lui avait rien demandé pendant ces dernières heures, elle l'avait laissé seul pour qu'il puisse faire son deuil. Elle se tenait prête à chaque instant, se demandant si il allait venir chercher du réconfort. Au final, elle ne récoltait que de l'amertume. Finalement, il n'avait jamais changé d'avis à son sujet. Elle était restée inutile à ses yeux. Grace sentit ses lèvres trembler. Elle ne pouvait pas pleurer pour de banales inepties comme celle-la. Jean avait raison. L'amour n'avait aucune place dans cette guerre, dans ce monde. Il le lui avait bien fait comprendre.

Prise de vertiges, la jeune femme s'appuya sur l'armoire à coté de la porte. Elle ne pouvait pas rester dans cette pièce sombre à attendre qu'on vienne la chercher. Elle n'avait même pas envie de rester là en fait. Elle n'avait aucune envie de croiser Jean et son regard odieux. Grace prit quelques inspirations. L'humanité ne devait pas s'arrêter à Jean. Il fallait qu'elle se maitrise, qu'elle essaye à nouveau d'enfouir tout ces sentiments au fond d'elle. Elle avait encore une mission à effectuer. La jeune femme tenta de reprendre le dessus sur le poids qui envahissait sa poitrine. Elle avait tant rêvé d'être parmi les meilleurs soldats du Bataillon. Elle devait encore prouver sa place et montrer qu'elle avait encore du mordant.

Une pensée lui traversa l'esprit. Elle se redressa et serra les poings. Sasha lui aurait sans doute remit les pendules à l'heure. Elle ouvrit de nouveau la porte et observa le couloir. Personne. Elle prit doucement le chemin du rez-de-chaussée. Il fallait qu'elle trouve le Major Hanzi. Le bâtiment était vide à cette heure avancée. Elle ne croisa personne. Hanzi se couchait tard. La femme aux lunettes devait être en train de revoir sa stratégie pour mieux accueillir les ennemis qu'Eren avait provoquait. Carver marcha silencieusement dans les couloirs, se rappelant que Sasha avait un jour foulé cet espace en sa compagnie. Grace arriva devant la porte de la bibliothèque. Elle foula le parquet de la pièce aux livres et aperçut, assise à une table, le Major Hanzi. Perdue dans ces plus sombres pensées, la chef du Bataillon sursauta en voyant la silhouette de Grace.

- Oh c'est toi Grace ! Tu m'as fait peur... Tu ne dors pas ?

- Et bien j'étais de garde dans la prison, je viens de remonter.

- Je vois. Qui aurait cru que des enfants s'infiltreraient ici.

- Personne je pense ... Mais ils nous ressemble. Ils me rappelle moi quand j'ai intégré l'armée. Nous ne sommes pas si différents...

Hanzi posa son oeil fatigué sur la jeune soldate devant elle. Grace resta un instant debout avant de s'assoir en face de sa supérieur. Une petite lanterne éclairait le visage des membres du Bataillon. La bibliothèque était silencieuse. Seul le bruit de la petite flamme crépitait dans les oreilles de Grace.

- J'ai quelque chose à vous dire Major.

- Je t'écoutes.

- J'ai besoin de me rendre auprès du Caporal Livaï. Ma mission n'est pas fini. Yelena est dans un autre camp que le notre. Je dois savoir ce qu'il se passe.

- Comment tu comptes t'y prendre ? Le commandant Pixies a fait enfermer les mercenaires.

- Il faut que je parle au prisonnier. Le frère d'Eren. Yelena est trop maligne, elle va s'attendre à un interrogatoire. Si je passe par son idole, j'aurais sûrement plus de chance d'en savoir davantage. Il ne me connait pas.

- Il connait ton identité, il sait que tu devais draguer Reiner pour avoir des infos.

- Il ne sait pas à quoi je ressemble si ?

- Je ne crois pas. Tu veux te faire passer pour quelqu'un d'autre ? Demanda Hanzi en se penchant en avant.

- Oui. Un autre soldat qui viendrait juste apporter des nouvelles au Caporal.

Grace observa sa supérieur. Elle réfléchissait en se massant les tempes. Le Bataillon devait absolument savoir ce que Yelena tramait au nom des frères Yeager. Elle ne pouvait pas approcher la concernée. La mercenaire était trop méfiante et prête à tout pour sauver la peau de ses idoles. Passer par le frère d'Eren lui permettrait d'être plus sereine quand à la manière dont elle devait opérer. Et sans le dire au Major, elle ne voulait plus voir Jean Kirchstein.

- C'est d'accord. Je vais te faire préparer un cheval. Ne prends pas trop de risques. Reiner et Sieg sont très différents. Si Reiner est devenu une loque humaine, le titan bestial est en pleine forme lui.

- Je vous promet de faire de mon mieux !

- Va manger un bout. Depuis qu'on parle, ton estomac s'est manifesté plus d'une fois, ricana Hanzi.

Grace se mit à rougir. Elle se dépêcha d'aller en cuisine. Du pain et du fromage lui suffirait amplement. Assise sur une chaise qu'elle faisait balancer en arrière, Grace prit quelques minutes pour elle avant de rejoindre le Major. Le poids dans sa poitrine ne l'avait pas quitté. Elle n'arrivait pas à penser à autre chose qu'aux paroles de Jean. Elle pensait ne pas regretter lui avoir dit ses sentiments mais désormais, elle s'en voulait de l'avoir fait. La jeune femme reposa les pieds de la chaise sur le sol de la cuisine. Ses yeux se posèrent sur un objet particulier et dans un élan de spontanéité, Grace s'en empara.