Chapitre 18

97 4 2
                                    

Grace regardait le paysage défiler par la fenêtre du train. Elle ne l'avait jamais prit. Et elle n'était pas déçue. Elle se sentait presque bercée par le bruit de la machine et le roulement des roues sur le chemin de fer. En face d'elle, Sasha était un peu déprimée de partir aussi vite.

- Tu as pu dire au revoir à Niccolo ?

- Oui. Il m'a même donné des petits biscuits ! Je vais me régaler !

Grace lui fit un petit sourire en coin. En fait, Sasha n'avait pas quitté Niccolo de la soirée. Elle sentait bien que la jeune femme n'avait pas envie de dire au revoir au cuisinier Marh. Il y avait une sorte d'alchimie entre eux qui ne s'expliquait pas. Le trajet jusqu'à la mer dura seulement quelques heures. Lorsque Grace descendit de la machine à vapeur, le vent marin s'engouffra sous sa cape et lui donna quelques frissons. La jeune femme fût surprise quand Armin lui tendit la main. Elle l'attrapa et se laissa guider jusqu'à apercevoir l'océan. Ses yeux verts se plantèrent sur l'étendue d'eau infinie. La fille aux cheveux d'or se laissa envouter par le calme imperturbable de la mer. Elle observa le soleil se refléter dans le liquide transparent. Armin lui fit un immense sourire. Grace prit une grande respiration de cet air si pur. Jamais elle n'avait ressenti pareille liberté. Plus de murs. Plus de titans. Juste elle et le monde qu'elle avait tant voulu voir. Sasha posa son menton sur l'épaule de Carver.

- C'est si beau, souffla t-elle.

- J'avais jamais rien vu de tel. La mer est aussi bleue que le ciel. Et c'est la première fois que je vois le ciel sans murs autour.

- Tu sais quoi ? Dans la mer, y'a du poisson et ça se mange !

Grace éclata de rire. À l'aube d'une mission capitale, elle rigolait à la candeur de Sasha. Elle aurait voulu être sérieuse mais cette sensation de liberté était si enivrante qu'elle aurait voulu rester là avec son amie. Mais le Caporal Livaï les rappela à l'ordre. Grace suivit ses coéquipiers vers une engin qu'elle n'avait jamais vu.

- C'est un bateau. Ça flotte sur l'eau. C'est avec ça qu'on va aller chez les Marhs, lui indiqua Armin.

- C'est énorme !

L'heure qui suivit, le Bataillon d'Exploration chargea le navire d'armes et de vivres pour quelques jours. Une fois le chargement fini, tout les démons de Paradis grimpèrent sur le navire qui les emmènerait chez l'ennemi. Grace s'agrippa à la rambarde. Du coin de l'oeil, elle vit Yelena s'éclipser par une porte qui devait mener dans les entrailles du bateau. Le départ d'Eren l'avait peu affectée. Elle ne s'était pas précipité à sa rescousse. La jeune femme soupira et regarda la terre s'éloigner. Elle quittait son chez-elle. Ils n'avaient connu que ça. Ce bout de terre que tout le monde appelé île était leur maison. Ils l'avaient défendu comme ils le pouvaient. Et ils la défendrait toujours.

- J'espère qu'on reviendra vite, lança Connie derrière elle.

- Pourquoi ? T'as une chérie qui t'attends ?

- Trop drôle miss Kirschstein !

- Tu parles trop fort ! Tais toi ou je te fais avaler ta langue !

Connie ricana et la poussa pour rire. Les deux soldats se chamaillèrent quelques seconde de plus avant qu'Hanzi ne les interpellent. Elle les entraina à l'intérieur du navire pour une courte visite guidée. Leurs cabines étaient toutes dans le même couloir. Sasha prit le lit du haut. Mikasa laissa le choix à Grace. La jeune femme se mit en dessous de Brauss. La Ackerman prit le dernier lit disponible, celui près de la fenêtre. Les trois amies se dépêchèrent de s'installer avant de rejoindre le Major pour une petite mise au point sur « Comment bien s'infiltrer chez l'ennemi ».

Au beau milieu de la nuit, Grace se réveilla en sueur. Son ventre se balançait au rythme de la houle et menaçait à tout moment de rendre le maigre repas qu'avait mangé le soldat. Carver sortit en panique de sa cabine et rejoignit le pont. Quelques mercenaires de garde furent surprit de la voir débarquer en pyjama. La blondinette s'accrocha à la rambarde et faillit vomir. L'air frais entra dans ses poumons et lui fit un bien fou mais son estomac lui rappela de ne pas trop s'extasier. Elle n'était jamais tombé malade avant. C'était sans doute ce fameux poisson que Sasha lui avait fait avaler qui la rendait si fragile et souffrante. Elle pencha sa tête en avant pour vomir.

- T'es malade ?

Grace suffoqua et se retourna vers son interlocuteur. Jean la regardait, un air inquiet sur le visage. Pourquoi fallait-il qu'il la voit dans cet état ? Elle lui répondit en hochant la tête. Il s'approcha d'elle mais elle lui fit signe de ne pas faire un pas de plus.

- Pas besoin de toi...

- Tu vas choper froid dans cette tenue.

Grace regarda sa robe de nuit et ses jambes apparentes. C'était le dernier de ses soucis pour le moment. Elle voulait qu'il s'en aille. Parce que quand il était là, ses pensées dérivaient vers ses sentiments à l'égard du jeune homme. Elle le regarda froncer les sourcils. Il s'inquiétait vraiment pour elle ou avait-elle perdu la tête ? Elle essaya de déchiffrer son regard mais son estomac lui envoya un signal d'alarme et elle se tourna vers le vide. Elle avait honte de se montrer comme ça. Un tremblement remonta le long de son dos. Jean ne le loupa pas.

- Rentres.

- J'suis mieux dehors...

- Tu trembles de partout. Tu fais encore la maligne Blondie.

- Mais non, je...

Elle s'arrêta net quand Jean lui prit le bras et la força à rentrer. Elle se laissa faire mais elle sentit que son ventre n'avait pas fini de se vider. Elle grimaça et tenta de repousser son envie de vomir. Le soldat emmena la jeune femme dans la salle d'eau. Elle s'assit sur un vieux tabouret et posa sa tête contre le mur. Jean lui toucha le front.

- T'es brûlante.

- J'suis sûre c'est la poiscaille de Sasha qui passe pas...

Jean ne lui répondit pas. Il quitta la pièce en la laissant toute seule. Grace releva la tête surprise par son départ. Il venait de la laisser seule, en train d'agoniser. Elle passa sa main dans sa queue de cheval blonde. Au moins, il ne la verrait plus vomir ses tripes. Elle pensa qu'il n'y avait pas plus honteux comme situation.

- Belle technique de drague Carver... se chuchota t-elle.

Elle souffla par la bouche. Son estomac la serra et elle se leva précipitamment pour dégobiller dans le lavabo. Elle fit couler l'eau et se rinça la bouche. Soudain, la porte se ré ouvrit et son mentor s'immisça dans la salle d'eau. Elle le regarda, encore penchée au dessus de l'évier. Il lui tendit une veste. Ce n'était pas celle de la jeune femme. Mais celle du grand châtain. Elle arqua un sourcil.

- Mets la. Tu me la rendra demain, lui assura Jean.

- Merci.

Elle enfila la veste du bataillon de Jean. Puis elle se rassit sur le tabouret. Jean était debout devant elle et Grace espéra secrètement qu'il reste avec elle, le temps que son ventre se calme. Il s'agenouilla et la regarda. La jeune recrue trembla de nouveau mais elle ne savait pas si c'était son état physique ou psychique qui avait ordonné ce tremblement. Le regard doré de Jean s'ancra dans ses pupilles vertes. Elle tenta un sourire.

- J'vais me recoucher. Essayes de te calmer et d'aller dormir aussi. Bonne nuit.

Grace ouvrit la bouche de surprise. Elle avait vraiment cru qu'il allait rester avec elle. La déception s'empara d'elle et elle baissa les yeux. Jean quitta la pièce en laissant sa jeune recrue désemparée. Grace n'osa plus bouger après son départ. Elle s'endormit presque sur le tabouret mais trouva quand même la force de bouger jusqu'a sa cabine, le moral toujours au fond des chaussettes. Jean n'était pas prêt de s'ouvrir. 

C'est toi et moi (JeanxOC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant