5. Pearl

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     Je savais qu'il allait y avoir deux nouveaux dans la classe. Un prof me l'avait dit en avance. Moi, c'est Pearl, amie d'enfance et meilleure amie de Jane et Yeline. Et au cas où ça vous intéresse, je suis un dragon. Pas un dragon banal, mais un dragon bleu, une des races les plus anciennes, nobles, et puissantes... et presque éteintes. Sympa, hein ? Enfin, si on oublie la peur constante que quelqu'un découvre ce que je suis.

Les deux garçons entrent dans la salle, et tout le monde se tait. C'est toujours pareil quand il y a des nouveaux : on les dévisage comme s'ils venaient d'une autre planète. Le prof désigne une place libre, celle juste à côté de moi. Pourquoi cette place ? Parce que le prof choisit les places, et comme d'habitude, j'ai hérité de la solitude. Super.

Je soupire discrètement. Ce n'est pas que je ne veux pas de quelqu'un à côté de moi, mais je me sens toujours nerveuse en présence des autres, sauf si c'est Jane, Yeline ou... Salamenders. Lui, c'est différent. Je crois que j'ai un faible pour lui, même si je ne l'avouerai jamais à haute voix.

Le garçon s'installe. Il s'appelle Valentin, et je dois avouer qu'il a l'air sympa. Rapidement, on commence à discuter. Je découvre qu'il vivait à Lille avant de déménager ici, dans les Pyrénées, avec son frère Drake. Ils ont fait tout ce trajet en une journée. Impressionnant, non ? Valentin est aussi impressionnant lui-même : des yeux verts éclatants, des cheveux de jais courts avec une mèche qui retombe élégamment sur son front, et des fossettes adorables quand il sourit. Il est musclé, mais pas trop, juste assez pour qu'on le remarque.

Il me raconte qu'il joue au basket, et que son frère et lui ne sont pas jumeaux (je m'en doutais, ils ne se ressemblent pas du tout). Il mentionne aussi qu'ils ont un grand frère, Axel, qui a 21 ans. Quand il parle de lui, Valentin a une drôle de grimace et marmonne qu'il faut « se méfier de ce... type ». Je n'ai pas bien entendu l'insulte exacte, mais il n'a pas l'air de l'apprécier.

À un moment, il fait tomber son stylo, et quand je le ramasse, une odeur délicieuse de chocolat envahit mes narines. Je fronce les sourcils. Le stylo ? Non, ça ne peut pas être ça... Il me remercie chaleureusement et me dit que ce stylo appartenait à sa grand-mère. On vient à peine de se rencontrer, et il me déballe déjà toute sa vie. Je crois qu'on va bien s'entendre.

À la fin du cours, Valentin me propose de me raccompagner chez moi. J'hésite une seconde, mais j'accepte. On marche tranquillement. Il me dit qu'il aura sa voiture demain et qu'il viendra me chercher. Je me demande comment il compte faire : il ne connaît même pas encore la ville.

Quand on arrive devant chez moi, il me surprend en m'embrassant sur la joue avant de partir. Juste un baiser amical, bien sûr, mais ça me déstabilise un peu. Je souris timidement et le regarde s'éloigner.

Puis je réalise : j'ai complètement oublié d'attendre les filles. Elles vont me tuer demain. C'est toujours Jane qui me raccompagne, d'habitude.

Je monte dans ma maison, petite mais confortable. En bas, il y a un salon chaleureux avec une cheminée, une cuisine minuscule, et des toilettes. À l'étage, il y a deux chambres et une salle de bain. Rien d'extraordinaire, mais ça suffit.

Ma mère n'est plus là depuis plus de deux ans. Elle m'envoie juste assez d'argent pour que je survive : de quoi payer les factures, acheter de la nourriture, et me doucher. Mais ça ne remplace pas sa présence.

Je pose mon cartable sur mon bureau et m'affale sur mon lit, épuisée. Mais alors que je commence à me détendre, j'entends un bruit sourd. Quelqu'un tambourine à la porte. Mon cœur s'emballe.

Je descends lentement et ouvre la porte... Personne.

Frissonnante, je remonte dans ma chambre, essayant de me convaincre que c'était mon imagination. Mais en entrant, je remarque que ma fenêtre est ouverte. Pourtant, j'étais sûre de l'avoir fermée.

Et soudain, la lumière s'allume. Je me retourne vivement et tombe nez à nez avec Jane. Elle est en colère, et je sais pourquoi.

– Tu aurais dû nous attendre, Pearl, grogne-t-elle.

Je savais que ça allait arriver...

Eux ou nous.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant