Eux ou nous.

6.Jane

Non, mais pour qui elle se prend ! Yeline et moi l'avons attendue une éternité ! Elle aurait pu nous prévenir au moins... On s'est inquiétées. Alors, évidemment, on est allées chez elle. Logique, non ?

Yeline m'attend devant la porte d'entrée, tapant du pied, l'air contrariée. De mon côté, j'essaie de voir ce que Pearl fabrique. Sa chambre donne sur la rue, et avec ses rideaux ouverts, c'est facile de la repérer. Son lit est juste en dessous de la fenêtre. Je la vois : elle est allongée, les yeux rivés au plafond. Elle a l'air... détendue.

Je toque à la porte, mais personne ne répond. Mon agacement monte d'un cran. Je tourne la poignée : c'est fermé à clé. Génial. Pas le choix, je décide de passer par la fenêtre. Heureusement, grimper, c'est mon truc. En quelques secondes, je suis à l'intérieur.

Une fois dans sa chambre, je laisse la fenêtre ouverte, par habitude. Pearl revient dans la pièce quelques secondes plus tard. Elle n'a même pas remarqué ma présence. Elle ferme la porte doucement, l'air dans ses pensées. Ça m'énerve encore plus.

Je m'avance discrètement et appuie sur l'interrupteur. La lumière s'allume d'un coup. Elle se retourne brusquement, les yeux écarquillés.

– Mais qu'est-ce qui t'a pris ? je m'écrie, ma voix trahissant ma colère. On t'a attendue pendant des siècles !

Elle reste muette un instant, les sourcils froncés, puis lâche un soupir.

– De qu... ah... Désolée, je... je ne voulais pas que vous vous inquiétiez.

Je m'approche d'elle, les mains sur les hanches.

– Non, ne sois pas désolée. On s'est sérieusement fait du souci. T'étais où ? je dis en levant un sourcil.

Elle baisse les yeux, une légère gêne sur son visage.

– J'étais avec Valentin... C'est son anniversaire demain, tu sais ?

Je plisse les yeux, m'efforçant de rester calme. Mais je ne peux pas m'empêcher de lui répondre, agacée.

– OK, d'accord, je ne savais pas, et franchement, je m'en fiche un peu. Mais tu aurais pu nous prévenir. On est tes amies, non ?

Elle hoche la tête, se mordillant la lèvre inférieure, comme si elle cherchait ses mots.

– Je ne vous ai jamais dit que j'allais rentrer avec vous. Elle prend une inspiration. J'ai le droit de choisir avec qui je veux rentrer, non ?

Je la fixe un instant, mon regard dur. Puis je soupire, me rendant compte qu'elle a peut-être raison. Je me force à la regarder dans les yeux.

– Oui, d'accord, je comprends... Je baisse la tête, honteuse. Désolée de m'être énervée comme ça. C'est juste que... je m'inquiète toujours pour vous deux. Mais bon... Désolée.

Elle me regarde, surprise par ma réaction. Elle semble hésiter, puis se rapproche de moi et pose sa main sur mon épaule.

– C'est vrai que j'aurais dû vous prévenir. Elle fait une pause, puis, presque gênée, ajoute : Mais bon, je ne pensais pas que ça vous dérangerait autant...

Je secoue la tête en riant, un peu nerveusement.

– Non, t'inquiète, ce n'est pas grave. Mais tu pourrais au moins dire "désolée" .

– D'accord, pardon... Elle rit, puis se recule un peu, le regard pétillant.

– Pardon ?! Non mais tu le fais exprès ! Je me mets à rire aussi, amusée par sa réaction.