Chapitre 8

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Je me réveille en sursaut. J'ai dormi ? Les yeux encore clos, je sors de mes couettes. Je ne me suis même pas vue m'endormir. Je passe une main dans mes cheveux emmêlés. Rapidement je remarque que la nuit est tombée. Je me penche vers la table de chevet et attrape mon téléphone: 23h37. Je me demande si Sohan est rentré. Vu l'heure, je pense que oui.

Je prends quelques minutes pour me réveiller. Une fois de retour dans la réalité, je me lève. Je n'ai plus sommeil, super... Je suis bien partie pour faire une nuit blanche. Comme mes vêtements sont complètement froissés, je décide de me changer. J'attrape un jogging gris et un tee-shirt ample blanc. Que vais-je faire maintenant ?

Telle une illumination, je réponds à ma propre question. Je sais ce que je vais faire ! Maman va crier mais ça n'est pas la première fois et ça ne sera pas la dernière. Ni une ni deux, je récupère mon portable, un sac à dos dans lequel je mets une veste et sors de la chambre. La maison est calme. Toutes les lumières sont éteintes.

Je marche doucement sur le palier et rejoins l'escalier. Je marche de façon à na pas faire craquer les planches des marches. Une fois en bas, je sors mon téléphone et éclaire l'entrée à la recherche de mes chaussures. Je le enfile puis hisse mon sac sur mon dos. Face à la porte, je saisie la poignée, prête à sortir. Malheureusement pour moi celle-ci est fermée. C'est pas vrai ! Je m'excite sur la poignée comme si ça allait faire avancer les choses. Je soupire.

Ok pas de panique.

J'éclaire le lieu à la recherche d'une étagère à clés ou un truc du genre. Il n'y a absolument rien à part un horrible tableau accroché au mur. Il faut que je réfléchisse... Je quitte l'entrée et me rends dans le salon. Dans mes souvenirs il y avait un panier sur le plan de travail de la cuisine. Peut être que ma tante met ces clés dedans. Je traverse le salon à pas de loup. Une fois dans la cuisine, j'éclaire l'endroit à la recherche du panier. Je le trouve posé sur le plan de travail, à coté du frigo. Super !

Je me précipite vers lui et fouille à l'intérieur. Je sors des paquets de mouchoirs, des badges en tout genre, des élastiques, des tickets de caisse mais pas de clé. Plus déterminée que jamais, je saisie le panier et le renverse complètement. Un bruit de clé qu'on choc retentit. Bingo ! Un trousseau se retrouve sur le plan de travail. Ça doit être ça. Je pose mon portable un peu plus loin, le temps de remettre tout en ordre. Les clés en main, je quitte la cuisine. À moi la liberté !

Je cours presque jusqu'à la porte. Je test une à une les clés avant de trouver la bonne. Satisfaite, je l'enfonce dans la serrure et sors, mon sac sur le dos et mon portable à la main. L'air frais me fait un bien fou. Je referme la porte derrière moi et m'éloigne. Le téléphone comme seule lumière, je quitte la cour et me retrouve dans la rue. Les lampadaires municipaux ne sont plus allumés. Il fait vraiment noir. Je ne me laisse pas emportée par la peur et commence ma route.

Le projet est simple. Il y a trois ans, j'avais un petit lieu rien qu'à moi. Il faut juste remonter la rue pour aller en haut de la colline. Ensuite, il faut marcher dans la foret pour avoir accès à un incroyable spot. De là-bas, on peut voir tout le village et ses alentours. C'est sublime et très clame. Sans perdre plus de temps, je me lance dans l'ascension de la rue. Je monte encore et encore avant de voir la foret apparaitre. Je m'y engouffre. Les bruits des animaux autour de moi ne me rassurent pas mais j'essaye de penser à autre chose. L'odeur de feuilles mouillées m'accompagne dans ma progression.

Au bout de plusieurs minutes, je vois enfin le bout du tunnel. La foret laisse place à un espace désert, lui-même menant à un impressionnant ravin. Le sol est recouvert de grosses pierres et de poussière. Rien n'a changé. Il y a toujours l'énorme rocher qui me permettait de m'assoir. Je ne peux pas m'empêcher de sourire. J'ai vraiment de bons souvenirs ici. C'était mon repère. Là où je savais que personne ne pouvait m'atteindre. Un endroit où je pouvais être tranquille, laisser libre cours à ma tristesse, à ma colère.

Directement apaisée, je me dirige vers l'énorme rocher. Je m'y hisse et profite de la vue. Le ciel est incroyablement clair et dégagé. D'ici, je peux voir toutes les rues du village. Certaines maisons sont encore éclairées. Tout le monde ne dort pas visiblement. Je retire mon sac de mes épaules pour me mettre à l'aise. Je le pose à côté de moi et regroupe mes genoux contre ma poitrine. Je les encadre de mes bras et pose mon menton sur eux. Je pousse un soupire d'aise en écoutant le calme.

Ces derniers jours tout est allé très vite. Je m'interroge de plus en plus sur la raison de notre retour. Ma nouvelle vie n'est pas parfaite mais elle me suffisait. Nous nous en étions sortis. Je ne sais pas pourquoi ma mère souhaite nous replonger dans cette souffrance. Elle savait que nous risquions de recroiser notre bourreau. Elle savait que je ne voulais pas le revoir. Jamais. Pourtant nous revoilà ici. Son silence m'agace autant qu'il me fascine.

Qu'est-ce qui peut valoir qu'elle privilégie notre venue à la guérison de ses enfants ? Pour moi, notre départ nous a offert une seconde chance. Ma véritable vie a débuté dès lors que nous avons quitté ce maudit village. Je pensais que c'était aussi le cas pour ma mère mais j'en doute de plus en plus. Les paroles de mon père me hantent. Comment se fait-il qu'elle n'est pas coupé les ponts avec lui ?

D'un autre coté, je sais que mon père est un manipulateur. Il a peut-être menti mais quelque chose me pousse à croire ce qu'il m'a dit. Je ne sais pas pourquoi. Ma mère a toujours été fragile. Elle a passé des années à lui trouver des excuses... Peut-être qu'elle ne réussit toujours pas à l'oublier ? C'est quelque chose que je ne comprends pas.

Il parait que c'est souvent le cas chez les femmes battues. Comment peut-on rester avec quelqu'un qui nous traite de la sorte ? Ça m'échappe. Comment peut-on subir tout ce qu'elle a subit et croire qu'il y a encore de l'amour ? Je n'ai pas beaucoup connu l'amour mais je sais que, ça, ça n'en était pas. A cette pensée, mon cœur se serre. Je relève la tête. J'en ai marre de réfléchir à tout comme ça.

Soudain, j'entends du bruit dans mon dos. Des pas ? Un animal ? Alertée, je me retourne et frôle la crise cardiaque.

« Je savais que tu viendrais ».


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Avec toi ma vie commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant