Chapitre 13

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Le moment est surréaliste. Je suis dans la forêt et mon amie d'enfance tient une serviette autour de moi, le temps que je mettes mon maillot de bain noir. Personne ne parle. L'atmosphère est très étrange. Je fais le plus vite possible. De temps en temps, le bruit des oiseaux rompt le silence. On ne peut pas rester comme ça. Je ne peux pas faire comme si cette situation était normale. Je finis d'enfiler mon bas puis me lance:

- Je suis désolée Anaëlle.

- De ? Demande-t-elle d'une voix neutre.

- D'être partie sans rien dire. De n'en n'avoir jamais parlé. De ne t'avoir donné aucunes nouvelles. Tu étais ma meilleure amie, tu ne méritais pas ça.

- ...

- Tu as le droit de m'en vouloir. Je comprends. Je voulais au moins te présenter mes excuses... dis-je, tentant le tout pour le tout face à son mutisme.

- Je ne t'en veux plus Maddy mais tu te rends compte ?! 3 ans ?! Trois longues années sans nouvelles. Ma meilleure amie a disparu du jour au lendemain. Je me retrouvée toute seule sans aucune explication. C'est dur quand on a 15 ans... reproche-t-elle, la voix emplie de tristesse.

- Je suis vraiment désolée Ana ! Toi aussi tu m'as manqué. Je n'ai plus jamais eu de meilleure amie... Je m'en suis beaucoup voulu mais je n'avais pas le choix. Je devais partir.

- Je sais Mad. Je ne te le reprocherais jamais. Je n'ai rien vu venir, c'est en partie de ma faute. On était meilleures amies et je n'ai même pas vu que tu vivais un enfer. Pardonne moi.

- Je ne t'en ai jamais voulu Ana. N'en parlons plus.

Je fais face à mon amie. Anaëlle me sourit. Cette discussion a permis d'apaiser les tensions et de résoudre les non-dit. J'enfile vite fait mes anciens vêtements le temps de rejoindre les autres. La jeune femme replie la serviette qui me cachait. Je lui souris et amorce un pas. Anaëlle ne me laisse pas avancer. À la place, elle se jette sur moi et prends dans ses bras. Je suis surprise mais je lui rends son étreinte. « je suis contente de voir que tu vas bien. Je ne suis pas la seule à le penser. Quelque chose me dit qu'Aeron n'a pas complètement tourné la page... ».

Je ricane contre elle. Son sous-entendu me fait rire. Nous verrons bien. Je ne veux pas me prendre la tête avec tout ça. Je n'oublie pas que je ne sais pas combien de temps nous allons rester dans les parages. Je ne veux pas me faire de faux espoirs. Mon amie s'écarte et nous reprenons la route.

Nous marchons dans la foret en souriant. Ana m'apprends qu'après mon départ, Chloé a essayé de se rapprocher d'Aeron. Apparemment, ils ont flirté un bon moment mais ça n'est jamais allé plus loin. Ceci dit, ce ne sont que les informations d'Anaëlle. Je sais qu'Aeron sait être discret sur ces choses là. De toute façon, ça ne me regarde pas. Il fait ce qu'il veut. Je n'ai plus mon mot à dire.

Nous sortons enfin de la jungle. Le petit groupe nous attend. Alex a escaladé la cascade. Ce gars est vraiment ravagé. Il tient en équilibre et nous nargue: « Enfin ! On a cru que vous étiez rentrées ! ». Je souris en haussant les épaules pendant qu'Ana lui demande de la fermer.

Mon regard s'attarde sur les deux autres. Chloé se tient devant Aeron, les mains autour de son cou. Je reste bloquée quelque seconde et détourne les yeux. Ok, je dois admettre que ça fait bizarre... Aeron capte mon regard. Il se défait de l'emprise de la blonde et vient vers nous. Chloé me lance un regard assassin. Je n'y suis pour rien moi !

Le jeune homme se plante devant moi. Il a libéré ses cheveux. Ils retombent n'importe comment sur son visage. J'ai envie de tout remettre en place mais ça serait déplacé. Chloé ne s'en remettrait pas. Le brun me regarde des pieds à la tête. Machinalement, je croise les bras ce qui lui arrache un sourire: « pas la peine de prendre cette posture. Je me demande juste si tu comptes te baigner habillée ? ». Excédée, je lève les yeux au ciel. Quel imbécile !

Pour toute réponse, je le contourne en l'ignorant. Je rejoins mon sac et retire rapidement mon haut. Je le range soigneusement et retire mon jogging. Je réalise que j'ai vraiment une sale dégaine. J'ai osé venir en jogging quand même.

Pendant que je range le tout, je sens qu'on m'observe. Je jette un coup d'œil sur ma gauche. Aeron est là. Il me regarde faire. Ses yeux sont rivés sur moi. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Je l'ignore et referme mon sac. En maillot, je reviens vers eux. Quand je m'approche, Aeron me fixe étrangement. Ana fait la même chose. Je sais ce qu'ils regardent. C'est pour cette raison que je ne me baigne jamais nul part. Je baisse les yeux.

Ils ne me regardent pas moi, ils regardent l'impressionnante cicatrice horizontale que j'ai en bas du ventre. Je soupire car je sais que je vais devoir m'expliquer. Chloé à la main sur la bouche. Il faut toujours qu'elle en fasse des tonnes...« C'est une incision peu profonde. Mon père m'a fait ça quand il a cru que j'avais un copain. J'avais 13 ans. Maintenant, si vous pouviez éviter de me regarder comme si j'étais un monstre... ».

Contre toute attente, Anaëlle s'avance vers moi. Mon amie me prend dans ses bras. Elle me serre fort contre elle. Je peux entendre les battements de son cœur contre moi. Je ne sais pas pourquoi mais son acte me touche. Ma vision se brouille. Interdiction de pleurer !

Soudain, une autre personne nous rejoint. Dans mon dos, quelqu'un s'ajoute à notre câlin. Alex nous entoure de ses bras. Je le soupçonne de profiter de la situation. Il se colle à mon dos. Il est toujours là pour un petit moment tendresse. Cette idée me fait sourire. Je sens tout son corps contre le mien. C'est un peu gênant. Ana s'écarte avec un grand sourire. Elle jette un coup d'œil derrière moi et hoche la tête. Quoi ? La seconde d'après, on me soulève du sol. Oh non le traite !

Deux bras passent sous mes genoux et Alex me soulève: « A l'eau ! ». Le jeune homme cours en direction du bassin. Je me débats mais rien n'y fait, il m'emprisonne fermement. Aeron rigole. Ces mecs sont fous ! Le bassin se rapproche de plus en plus ! Il ne va quand même pas nous jeter dedans comme ça ?! Je suis sûre que l'eau est gelée !

Malheureusement, malgré mes cris, Alex nous jette dans l'eau. Je percute l'eau froide avec fracas. Je le hais ! L'eau est archi froide ! Encore sous l'eau, j'entends d'autres corps nous rejoindre. Je devine que son collègue a plongé aussi. Quand je ressors la tête de l'eau, je grelotte.

Les autres sont déjà remontés. Chloé a nagé jusqu'à Aeron et s'accroche à lui. Elle essaye de marquer son territoire on dirait... Je n'ai pas le temps d'en voir d'avantage car on m'enfonce la tête sous l'eau. Je me débats mais je suis trop faible. Je ressors en toussant. « ALEX ! ».


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Avec toi ma vie commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant