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L'interview devait avoir lieu dans quinze minutes, et Paula s'agitait partout : Barnes et Wilson n'étaient toujours pas arrivés. Nerveusement, elle se releva de sa chaise à nouveau puis observa la pièce. Dolorès avait insisté pour le faire dans un café, alors Paula avait fini par accepter. Alors, elle se trouvait ici, auparavant assise sur un fauteuil plutôt confortable marron beige, avec une table au milieu où son café refroidissait, l'enregistreur attendait d'être utilisé et où elle avait posé les questions que devaient poser Dolorès.

- Bon sang, murmura la femme.
- Ils devraient pas tarder, la rassurer sa jeune collègue.

Quand Bucky et Sam arrivèrent, ils virent d'abord une blonde aux joues enfantines, qui avait une robe rose, puis ils croisèrent le regard agacé de Paula.

- On est mort, souffla le Faucon à son ami.
- Je confirme, oui, répondit la femme, en soufflant. Je vous en prie, asseyez vous. Voici Dolorès, ma collègue. Elle est jeune, soyez polis avec elle.
- Dit elle, ricana Sam. Demande à Bucky, on verra s'il t'a trouvée polie avec lui l'autre soir.

Paula eut l'impression d'avoir neuf ans à nouveau, et de voir sa mère dire au garçon qu'elle aimait passionnément, enfin si un tel terme peut être usé, qu'il lui plaisait, tant elle rougit. La femme se racla la gorge, puis fit un signe à Dolorès pour qu'elle commence. Cette dernière débuta alors à poser des questions, et à côté, Paula l'écoutait attentivement, pour lui faire des remarques plus tard. Puis, Dolorès se racla la gorge, et demanda d'une voix douce, tout bas, comme si elle ne souhaitait pas que sa collègue l'entende.

- Et vous, Monsieur Barnes, pensez vous que votre combat a une réelle valeur vu vos actes du passé ?

Un flottement les envahit, et Paula se tourna vers la jeune femme, les yeux écarquillés. D'un geste vif, elle écrasa sa main sur la feuille de Dolorès.

- Bon sang, ne dépasse pas les bornes ! s'exclama t elle

La jeune femme cligna des yeux, surprise de sa réaction, bien qu'elle s'attendait à ce que sa question ne plaise pas.

- Désolée, murmura Paula en se tournant vers Barnes. Elle n'aurait pas dû. Je pense que l'entretien est fini, tu peux ranger.

A ces mots, Dolores ne broncha pas et coupa l'enregistrement, sourcils froncés, pendant que la femme se tournait vers son ami.

- Je vous raccompagne, annonça cette dernière.

Elle se leva, puis convia les deux hommes à sortir d'un geste de la main, ce qu'ils firent. Une fois devant la porte, elle soupira.

- Vraiment désolée, Barnes. Je lui avais dit de ne pas poser cette question.

Il avait le regard lointain, l'allure d'un homme énervé, mais elle n'avait pas peur. Il annonça son départ, mais Sam resta un instant près d'elle.

- Tu connais ta réputation ? demanda t il, en observant le sol.
- Hm ? s'enquit Paula, les yeux toujours rivés sur Bucky qui disparaissait
- Quand on parle de toi, on sait qu'on parle de la journaliste qui n'abandonne rien, qui est prête à tout pour tout savoir. Et là, ça fait quoi, deux fois ? Tu lui as adressé des faveurs, ça va pas passer inaperçu.
- C'est simplement normal.
- Ne dis pas ça. Tu te souviens pas, que y'a six ans tu as forcé un témoin d'un meurtre à tout dire en détail ? Tu l'as poussé à bout pour tout savoir.
- C'est justement pour éviter ce type d'incident que je fais ça, mentit elle.

La femme savait très bien qu'encore aujourd'hui, si elle pouvait le refaire, elle le referait. C'est même pour cela qu'elle travaillait en permanence avec Jared, pour qu'il l'empêche de déborder.

- Tu sais très bien que c'est faux. Bon sang, ne lui fais pas de coup en douce, s'agaça Sam.

C'était la première fois qu'elle le sentait presque en colère, ce qui la surprit.

- Je vois pas pourquoi j'en ferai. J'ai signé un contrat, murmura la femme.

Il l'observa, comme faisant face à une énigme, puis la laissa.

- Revoyons nous tous dans quelques jours, proposa Paula.
- Pourquoi faire ?
- Je vous montrerai la version finale.

Sam hocha la tête, puis s'en alla dans la même direction que son ami. Paula rentra dans le café et se mit à chercher Dolorès du regard, pour l'aider au rangement.

Les deux journalistes rentrèrent alors à leur lieu de travail et commencèrent à rédiger l'article, qu'elles firent relire par Jared une bonne dizaine de fois.

- Bon Dieu, soupira l'homme alors que seuls restaient dans la pièce ce dernier et Paula. Si tu veux encore me faire lire ce fichu article, je pense devenir fou.

Elle pouffa et secoua négativement la tête, en approchant son fauteuil du bureau de son ami. La femme lui raconta alors l'événement du matin même, récoltant de la part de son ami un coup d'œil méfiant.

- Pitié, ne me dis pas toi aussi que tu trouves ma décision étrange, déclara durement la femme
- Alors je suis obligé de garder le silence, rétorqua Jared. Non, sans rire, tu connais bien ton surnom ici ? L'aigle. Tu vois tout, tout le temps. Et là, tu laisses passer une occasion pareille ?

Paula leva les yeux en l'air, en laçant sa chaussure droite, puis lança un regard effaré à son ami.

- Je vais te dire quelque chose, Jared. Et il faut le dire à personne. Quand je dis personne, je parle même de ta conscience.
- Je vois. Un grand secret, donc.
- Tu te souviens de l'homme dont je t'ai parlé il y a quelques jours, celui qui me perturbait ?

Il mâcha son chewing-gum, les sourcils froncés, comme s'il tenait de deviner avant qu'elle ne le dise.

- Et bien c'est ce Barnes.
- Grand Dieu, j'aurais dû m'en douter, soupira l'homme en se claquant le visage.
- Voilà. Alors je sais pas si c'est une raison valable, mais écoute, c'est dit.

Il observa son amie, l'air soucieux, et posa sa main sur celle de la femme, avec un air compréhensif.

- Non, mais je suis rassuré. Tu es toujours la même Paula, j'avais peur que tu n'aies plus besoin de moi.
- Jamais de la vie, grand fou, répliqua t elle en tapotant ses doigts. Allez, reprenons le travail !

Durant les jours qui suivirent, Paula mit toute son âme dans la rédaction de l'article, pour qu'il soit parfait. Chaque virgule devait être à la bonne place, afin de donner un impact plus puissant à ses mots. Malgré toute la passion qu'elle mettait dedans, la femme ne pensait qu'aux lèvres de Barnes, qui s'agitaient si peu quand il parlait, s'humidifiaient de temps à autre. Ses images l'empêchaient de se dépêcher au maximum, alors que tout ce qu'elle voulait était vite le revoir.  Au bout de trois jours, elle le termina, l'envoya donc à Dolores, qui le valida. Pleurant presque de bonheur, elle tapa sur son téléphone un message à Bucky, d'abord.

"Salut, je voulais te dire que j'ai fini l'article. Comme l'a proposé Sam, ça te dirait qu'on se voit ?"
"Où ça ?"
"Je connais un très bon restaurant, ça vous va ?"

Elle attendit sa réponse, qui fut positive, et rangea son téléphone, après avoir envoyé un message du même genre à Sam. Paula imagina aussitôt sa tenue, rêveuse, puis décida d'aller acheter une nouvelle robe. Elle voulait un habit qui n'aurait jamais été vu avant, jamais acheté ou humé. La femme rentra dans sa boutique de vêtements habituelle, puis y passa de longues heures : elle se laissa finalement tenter par une robe blanche. Paula n'en avait aucune dans ce style, alors elle profitait cette pseudo occasion qu'elle s'était créé.

L'Aigle et le Loup Blanc [Bucky Barnes] MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant