12.

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Comme à chaque rendez vous avec Bucky, Paula avait menti à Ted, en lui disant qu'elle allait voir et dormir chez son amie imaginaire, Melanie. Elle mourrait d'envie d'y aller le plus tôt possible, alors, elle descendit avec précipitation les escaliers.

- J'y vais ! signala la femme, en déposant un chaste baiser sur les lèvres de Ted.
- À demain. Je t'aime.
- Moi aussi, au revoir.

Automatiquement, la femme traversa le restant de sa maison, puis monta dans la voiture. Avant même de partir, elle mit en route la musique, l'air rêveur, puis se décida enfin à s'en aller. De toute manière, peu lui importait l'heure du départ, elle passait déjà presque toutes ses journées dans ses bras sans même le vouloir, même de loin. De grosses gouttes tapaient contre ses carreaux, lui indiquant le temps qui avait demeuré toute la journée déjà restait le même. Paula aimait cette ambiance, l'odeur de la pluie : les lumières des magasins déjà allumées alors qu'il n'était même pas dix neuf heures, le ciel noir qui grondait et les rues vides. Elle roula une trentaine de minutes avant de s'arrêter devant chez Bucky, qu'elle appela.

- Allô ? murmura t il, la voix inquiète
- Je suis là.

Il ne répondit pas, et elle pouffa.

- Je t'appelle pour que tu m'ouvres ta porte directement, nigaud.
- Oh. Je vois.

Il y eut un léger bruit, qu'elle identifia comme un bruit de trousseau de clé, et il se racla la gorge.

- Je t'attends, déclara t il, et elle devina son sourire.
- J'arrive.

Paula vérifia son reflet, et croisa son regard, puis se nettoya le visage. Nerveuse, elle sortit de sa voiture et marcha, sans se précipiter, vers l'entrée de l'immeuble. Elle se dirigea ensuite en direction de l'appartement de Bucky, le cœur battant la chamade, et, devant la seule porte entrouverte, sans tapis d'entrée avec écrit dessus "WELCOME", elle s'arrêta, avec la conviction intime que c'était le domicile de Bucky. Elle toqua timidement à la porte, et Barnes apparut aussitôt.

- Je peux rentrer ? demanda t elle, d'un air réservé

Il hocha la tête, et ferma la porte à clé derrière elle, avant de poser ses mains sur sa taille. Paula se tourna puis embrassa avec délicatesse ses lèvres.

- Bonne journée ? s'enquit elle

Il murmura un petit "oui", puis la serra dans ses bras, et elle eut un léger rictus, le menton appuyé contre son épaule. Paula se surprit à espérer qu'il ne la lâche jamais, mais il ne fit malheureusement au bout d'une minute. Elle leva sa main et caressa sa joue, en l'observant suivre du regard ses doigts.

- Fais moi confiance, murmura la femme.
- Je crois que je te fais confiance.

Elle ne releva pas l'emploi du verbe croire, la femme avait comprit que l'homme avait été brisé dans le passé, utilisé, et que se croire soi même était déjà une épreuve.

- J'ai envie de faire quelque chose d'un peu bête, murmura t elle
- Tout ce que tu veux.

En le guidant par la main, elle sortit de l'appartement, dévala les marches, puis le couple se trouva sous la pluie, dans la rue. L'eau glacée la rendait habituellement frissonnante, mais dans cette situation, c'était le regard de Bucky qui la mettait dans cet état. Les gouttes traversaient ses sourcils, pour se perdre dans ses cils, comme des larmes de joie qui ne s'arrêtaient pas. Paula lia leurs lèvres ensemble sans grand effort, en posant ses mains sur les épaules de Bucky, une de chair, une de vibranium, et il l'enlaça, en serrant contre lui le tissu de ses habits qui devenaient lourds d'eau. Lorsque la femme se sépara de lui, elle souriait niaisement.

- J'avais envie de t'embrasser sous la pluie.
- On aurait pu le faire à l'intérieur.
- C'est moins romantique. Et je n'aurais pas eu de raison de te demander de me réchauffer.

L'Aigle et le Loup Blanc [Bucky Barnes] MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant