LIMA

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Jour 1:
Je me réveille et je crois que je commence tout juste à prendre conscience de ce que je suis en train de faire. Je me trouve à l'autre bout du monde, seule, dans un endroit dont je ne connaissais pas l'existence il y a moins de 24h. Je ne sais pas par ou commencer. Lou m'a parlé hier du centre historique. Peut-être vais-je faire ça aujourd'hui. Ou alors je vais juste flâner dans les rues et voir sur quoi je tombe.
Je décide dans un premier temps de descendre au petit déjeuné je meurs de faim. Je ne vais pas mentir, l'hôtel ne me dépayse pas tant que ça.
Je me suis finalement décidée pour le centre historique. Je décide de découvrir un peu la ville en m'y rendant. C'est calme et les touristes sont plutôt rares. J'arrive donc là ou je voulais me rendre et j'en ai le souffle coupé. J'arrive dans la soirée et la luminosité est en train de baisser c'est un peu le moment de la Golden Hour comme les jeunes comme Lou disent. Je ne saurais pas bien expliquer ce que c'est mais bon. Cette place a des bâtiments jaunes, une fontaines immense se trouve au centre et dans le fond se trouve un bâtiment composé de deux tours ressemblant à une sorte de château. Il a des palmiers et des petits par terres de jardins avec des fleurs rouges et des petits bancs blancs. Je suis époustouflée par la beauté de l'endroit. Dans un coin se trouve un homme en tenue traditionnelle qui chante des chants d'ici. Je me pose non loin de lui et je sors ma caméra, je le filme, il me sourit, je filme la place au début sans faire aucun commentaire. Et puis ensuite je pose ma caméra sur un banc en face de celui sur lequel je me trouve et je tourne l'objectif vers moi et alors je débite des mots:
bonheur
coupé le souffle
légèreté
calme
beauté
lumière
couleurs
gentillesse
Et puis je me tais et je laisse la caméra en face de moi pour filmer la façon que j'ai d'admirer cet endroit. Je pense au papa de Lou et je cherche à comprendre pourquoi il voulait venir ici. Je tente de me souvenir du client qu'il était. Un homme calme, toujours avec la main sur le coeur. Il commandait toujours un café au lait avec une tarte aux fruits de saison. Il était toujours habillé de façon coloré et avait le sourire aux lèvres. Je me souviens d'un homme qui parlait à ses filles de la nécessité de vivre ses rêves peu importe la difficulté pour y arriver. Cet homme semblait en tout cas avoir bons gouts en vue de cette première destination.
La nuit commence à tomber alors je décide de rentrer à l'hôtel. Une fois arrivée , je me demande ce que je vais faire de ces vidéos que je commence à prendre. J'ai eu l'idée d'embarquer mon pc portable alors je lance un tuto sur YouTube m'expliquant le fonctionnement de mon logiciel de montage. Je télécharge donc les premiers rush que j'ai sur le logiciel et je commence les cuts, les zooms, le tri et j'arrive finalement à un début de vidéo de mon voyage. Une sorte de carnet de voyage en images.

Jour 2:
Je ne devrais pas être ici, je devrais être en train de remuer ciel et terre pour sauver mon commerce. Je ne devrais pas donner cette impression d'abandonner. Mes parents ne m'ont pas appris à abandonner. Je voudrais les appeler à l'aide pour une fois mais dès qu'ils voient mon numéro s'afficher, ils m'envoient directement sur la messagerie. Mais j'ai besoin de leur parler, alors je descend à la réception emprunter un téléphone pour ne pas prendre le risque de me retrouver une nouvelle fois face à un mur. Au bout de deux sonneries quelqu'un décroche:
    -    Allo??
    -    Maman?
    -    Jessica? C'est toi? Pourquoi tu n'appelles pas avec ton téléphone?
    -    Oui oui c'est moi. Je dois vous parler. Papa est là?
    -    Oui, il est dans son bureau. Rien de grave?
    -    Tu peux l'appeler?
    -    Une seconde.
Elle pose le téléphone et revient deux minutes plus tard.
    -    Jessica, tu es toujours là?
    -    Je suis là oui. Papa est avec toi?
    -    Oui, il t'entend.
    -    Ok parfait. S'il vous plait, écoutez ce que j'ai à vous dire mais ne me coupez pas. Je suis au Pérou. Je suis arrivée avant hier dans la nuit. A Nos Bonheurs a coulé. Je n'ai aucune idée de quoi faire. Alors je me suis dis que j'allais aller arpenter le monde pour revenir en meilleure forme et trouver de nouvelles choses à faire. Vous devez surement vous demander pourquoi je suis au Pérou et pourquoi je ne suis juste pas partie me ressourcer à la campagne en France. Parce que Paris m'étouffe, la France m'étouffe. Tout me ramène à Paris. Alors je voulais partir à l'étranger. Mais ce n'est pas moi qui ai choisi le Pérou. Je suis en train de réaliser le rêve de quelqu'un qui le méritait. Je n'ai aucune idée de pour combien de temps je pars, je n'ai aucune idée de ou je vais. Je suis à Lima, capitale du Pérou encore demain et après je m'en vais mais une fois encore je ne sais pas ou. Au Pérou encore ou autre part je ne sais pas. Je vous appelais parce que j'avais besoin de vous entendre. J'avais besoin que vous me rassuriez au moins une fois, parce que j'ai l'impression d'abandonner A Nos Bonheurs. Mais maintenant que je me suis engagée, je ne peux plus faire demi tour. Et je sais que vous m'en voulez de ne pas avoir suivi vos rêves, que vous vous dîtes que vous aviez raison et que je finirais par échouer. Maman, tu me demandais pourquoi je n'avais pas appelé avec mon téléphone tout à l'heure. Parce que je ne peux plus entendre votre répondeur. J'avais besoin de vous dire tout ça, de vous entendre, d'entendre rien qu'un bonjour sans passer par la case répondeur et dispute si vous finissez par daigner répondre parce que ça fait dix fois de suite que je fais sonner votre téléphone. Et papa? Tu te souviens de cette caméra que tu m'avais offert quand tu pensais encore que je ferais le tour du monde en tant que diplomate? Je l'ai prise et elle fait bel et bien le tour du monde, ce n'est peut-être pas celui que tu espérais mais tout de même.
    -    Oh chérie. Tu aurais du nous appeler avant de partir aussi loin. Nous aurions pu t'héberger le temps que tu t'en remettes et que l'on te trouve quelqu'un qui t'aiderais à t'intégrer dans le milieu de ton père.
Je ne dis rien pendant plusieurs secondes...
    -     Tu es sérieuse maman? Je ne veux pas faire parti de ce milieu de fous. Je ne veux pas ne pas être maitre de mes décisions. Je vous appelais pour avoir un peu de réconfort. Pour que vous me disiez que ça va aller. Que vous me disiez que vous êtes fiers que malgré mon échec je rebondisse même si c'est en partant à l'autre bout du monde. Et tu fais quoi? Tu me rabâches une nouvelle fois que je n'ai pas suivi votre plan. Entre deux sanglots j'ajoute: Papa? Tu ne dis rien?
    -    Je n'ai rien à te dire Jessica. Rien de plus que la dernière fois. Amuses toi bien avec tes folies passagères mais ne viens plus pleurer dans mes pieds quand tu te rendras comptes que tu a perdu le fil de ta vie en ne nous écoutant pas.
Sur ces paroles il raccrocha.
Cet appel m'a totalement retourné. Alors je décide de ne pas faire grand chose. Je vais me balader un peu en bord de mer et je m'assoie sur la cote à réfléchir de ce que je ferais à mon retour. Je n'en ai toujours aucune idée mais je pense que je dois me laisser le temps de me reconstruire un peu avant d'établir de nouveaux plans de vie, avec de nouveaux projets.

Jour 3:
C'est ma dernière journée à Lima et peut-être même au Pérou. Je ne sais pas trop quoi faire mais je pense que je vais me renseigner un peu sur la qualité de vie des habitants ici. Je vais manger des spécialités d'ici. Je vais aussi tenter de ne pas stresser pour la prochaine étape. Je n'ai aucune idée de ce que le papa de Lou a choisi comme prochaine destination, au fil des étapes je devrais peut-être le cerner et pouvoir deviner la suite mais il est encore beaucoup trop tôt. Lou ne m'a donné aucun indices lors de nos appels ces derniers jours. J'ai hâte de savoir. Avant de partir me promener en ville, je vais commencer à plier mes bagages comme je n'ai aucune idée de l'heure de départ et du temps que j'aurais entre l'annonce de la destination et le départ.
Lou ne m'avait pas menti, j'ai découvert en discutant avec des locaux que beaucoup dans la région ne vivaient pas avec l'eau potable. Ça m'a brisé le coeur de me rendre compte que pendant que je criais au scandale pendant que le syndicat de mon immeuble coupait l'eau chaude le temps d'une journée, certains ne possédaient même pas l'eau potable. Je me suis sentie terriblement impuissante. Cependant certains me disaient s'en accommodé. Mais je me demande comment il est possible de s'accommoder d'une situation comme celle ci. On dit toujours que ce que l'on a jamais eu ne nous manque pas, mais pour de l'eau potable j'ai du mal à m'y faire...
La journée avance à grand pas à mon grand damne je dois laisser les locaux. Je m'étais dis que je devais pour ma dernière journée ici gouter une spécialité du pays Je décide alors de trouver un petit restaurant ou me poser et j'y commande un Ceviche. Si j'ai bien tout compris des explications du serveur il s'agit d'un plat de poisson ou fruits de mer coupés en petit morceaux et marinés dans du jus de citron vert avec des piments. J'ai d'abord été un peu septique sur les piments mais au final ce plat fut une tuerie. Une explosion de saveurs en bouche. En dessert, j'ai choisi de prendre quelques churros. Des incontournables. Il paraît que selon l'endroit ou l'on les achète l'huile à friture est différente ce qui influe sur la qualité. Je ne vais pas mentir, je n'ai aucune idée de si l'huile était l'huile utilisée habituellement mais ces churros au chocolat étaient délicieux. Je me suis vraiment fait plaisir ce soir. J'ai réussi à profiter comme il se doit je crois de cette dernière journée. Maintenant il me tarde de rentrer de de découvrir ma prochaine destination.

A Nos BonheursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant