Chapitre 4 Skull

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Les corps des démons étaient pris de soubresauts, derniers vestiges de la vie qui les habitait autrefois. Un d'entre eux battait mollement des ailes sans pouvoir s'envoler. Je savais que cet homme était dangereux, mais l'était-il à ce point ? Malgré le carnage, ses vêtements étaient immaculés, comme si ça avait été un jeu d'enfant. Je n'avais aucune chance contre lui, s'il lui venait l'idée de me tuer. Je fis un pas en arrière, tandis qu'il se tournait vers moi. Ses yeux mauves étaient presque pâles dans la clarté si particulière qui nous enveloppait.

"Je ne m'attendais pas à te voir survivre à la première vague." dit-il d'un ton calme, détaché, comme si tout ceci était son quotidien.

Je m'apprêtais à courir dans le sens inverse, mais il ne semblait pas s'intéresser à moi, pas dans le sens où il aurait voulu me pourfendre le cœur de sa lame maudite. Il y avait des légendes qui circulaient autour de ces dernières. Peu importe la blessure, une égratignure suffisait à vous tuer. Mais ces armes avaient un prix. Quoiqu'il en soit, je m'étais toujours dit qu'ils ne s'agissaient que d'histoires que l'on raconte aux enfants pour leur faire peur, lors de soirées au coin d'un feu.

Le démon qui me faisait face glissa une main dans le revers de sa veste pour en sortir une montre à gousset. Il l'inspecta avec une intensité que je ne compris pas. Ensuite, il la rangea sans plus s'expliquer davantage. Mais j'avais compris ce qu'il était, ce qu'était tout ceci. Beaucoup trop de contes pour enfants semblaient prendre vie sous mes yeux.

"Tu as de la chance, petite. D'ici peu, tout ceci sera terminé."

Mes yeux s'écarquillèrent.

"Déjà ?!"

Puis je sentis un frisson glacé me parcourir l'échine, une fois de plus. Je balayais les rues du regard sans pouvoir discerner autre chose que des cadavres, des murs couverts d'entrailles et autres restes humains. Ci et là, j'apercevais une ombre penchée sur une fenêtre. Elle disparaissait aussitôt. Il s'agissait de mes comparses, se cachant comme ils pouvaient, bien que je ressentisse jusqu'ici l'excitation d'autres. Ces derniers se nourrissaient de la peur, des viscères et bien d'autres choses, comme moi.

"Tu veux que l'assimilation continue ?"

Les paroles de l'homme me sortirent de mes pensées. Je secouais énergiquement la tête. Je n'avais qu'une seule envie, et elle était totalement indépendante de la couleur du ciel. Je revenais continuellement à cet objectif, maintenant que mes esprits n'avaient jamais été aussi clairs.

Au loin, des cris stridents se firent entendre. Je levais la tête, quittant momentanément mon interlocuteur des yeux. Une vingtaine de gargouilles volaient à autant de mètres du sol, transportant des personnes dont les mouvements erratiques les dérangeaient à peine. Ils disparurent à l'angle d'un mur.

"Ils apportent les prises à leur maitre. C'est pour ça qu'il a déclenché l'assimilation. Mais malgré ta nature, tu n'y connais rien, pas vrai ?"

Je secouais une nouvelle fois la tête, étonnée d'être encore en vie face à celui qui...

"Vous n'êtes pas celui qui a fait tout ça ?"

Ma question sembla l'amuser, mais il redevint sérieux aussitôt.

"Non."

Réponse claire et précise. Il regarda sa lame. Il n'y avait plus la moindre goutte de sang. L'épée l'avait entièrement bu, comme le reste. Il se détourna alors et je ne pus m'empêcher de faire un pas vers lui.

"Avez-vous vu ma sœur ?! Une femme comme moi, des cheveux roses... elle ne ferait pas de mal à une mouche."

Même s'il essayait de me tuer après ça, j'aurais essayé. Je ne pouvais pas me fier à lui, si ? Mais Rose... elle était là, quelque part. Ou m'avait-elle entendue ? Avait-elle fui ? Je l'espérais. Cela voudrait dire qu'elle s'était échappée avant que le dôme rouge n'engloutisse la ville.

Les faucheursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant