Nouveau chapitre avec un peu de retard. Bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire. Ce n'est pas grand chose et ça réchauffe le cœur.
— Je ne voulais pas vous choquer ! Je souhaitais juste vous « voir », à ma façon.
À mes côtés, il souffla bruyamment.
— Que je suis bête ! Évidemment... Allez-y, m'autorisa-t-il en attrapant mes mains pour en plaquer une sur chacune de ses joues.
Je retrouvai ses pommettes saillantes, ains que la chaleur de sa peau chaude. Mes doigts glissèrent jusqu'à se rejoindre sur son menton, fort et volontaire. Concentrés, je les fis descendre le long de son cou que je découvris large et légèrement piquant. Dès que mes index entrèrent en contact avec le col de sa chemise entrouverte, je relevai les paumes. Mon Dieu, comme il était sexy !
— Je peux ? lui demandai-je à nouveau avant de les apposer sur son front.
— Oui, acquiesça-t-il.
Il n'était plus sur la défensive. Pour tout dire, il semblait même détendu, bien qu'étonnamment essoufflé. Lui ferais-je de l'effet ? En tout cas, lui me plaisait, c'était indéniable ! Déjà que sa voix m'apparaissait agréable, envoûtante, mais le peu que je venais d'entrevoir du reste demeurait encore plus prometteur. Mes paumes se perdirent dans ses cheveux, courts et souples, une mèche relevée au-dessus de son front.
— Hmmm... susurrai-je, amusée. J'adore la mèche... Un clin d'œil à Tintin ?
Un sourire me fit écho, accompagné d'un soupir.
— De quelle couleur sont-ils ?
— Brun... souffla-t-il.
Il s'était encore adouci. L'instant me semblait si sensuel... Mes doigts explorèrent à présent son front, ses sourcils bien dessinés, ses tempes. En descendant davantage, je m'aperçus qu'il avait fermé les paupières. Presque gênée, je relevai les mains. Puis après une courte hésitation, mes index effleurèrent les courbes de son nez légèrement bosselé pour finir sur sa bouche que je découvris charnue.
— Sarah a raison, vous avez un visage très harmonieux.
— Merci.
— De quelle couleur sont vos yeux ?
— Bleu. Les couleurs signifient-elles quelque chose pour vous ?
Je le sentis curieux sans toutefois me prendre pour une bête de foire. Il me traitait d'égal à égal. Nous étions deux écorchés de la vie, aussi paumé l'un que l'autre...
— Oui. Enfin, un peu. Je me souviens vaguement d'elles avant d'avoir perdu la vue.
— Vous aviez quel âge ?
— Cinq ans.
Le son s'échappant de sa gorge me mit mal à l'aise. Allait-il passer la frontière fragile séparant la compassion de la pitié ?
— Vous êtes forte, finit-il par avouer, franchement, vous m'impressionnez, Anissa. Et moi qui vous ennuie avec mes histoires. Je me sens ridicule...
— Vous ne devriez pas, c'est terrible ce que vous avez vécu. Les malheurs ne peuvent en rien être comparés. Ce n'est pas un concours.
Il ne répondit pas. Il était évident qu'il pensait que mon sort était terrifiant. Mais le sien l'était tout autant ! Perdre l'amour de sa vie dans de telles circonstances ! Devoir payer le prix fort pour une faute de jeunesse... Se sentir responsable jusqu'à se punir de sa propre existence... Vivre pour ne pas avoir le courage de mourir, de « la » rejoindre... C'était cornélien.
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Lueur, mon espoir...
Romance« Ma dernière lueur s'est éteinte au cours d'un sombre mois de décembre, à l'aube de mes cinq ans. Et dès lors, seul le noir s'est imposé... Depuis, cela fait trente ans que je vis d'odeur, de sons, de toucher et de goût, dans des proportions démult...