4. Le mariage

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Juillet

Luna

Ça a été bénéfique. Oui, je peux affirmer sans rougir que ma petite retraite en Grèce m'a permis de faire le point sur mon avenir.

Enfin, mis à part mon minuscule dérapage avec Arès...

D'ailleurs, je trouve que je m'en suis plutôt bien sortie.

En fait, non. Si Hermès n'était pas arrivé à temps, je crois bien que j'aurais succombé au charme pervers de son jumeau. J'ai donc passé le reste du séjour collée à mon meilleur ami. Je dois avouer qu'il m'a servi de ceinture de chasteté et c'était plutôt efficace en plus de ça.

— Tu l'as vraiment fait, ma belle. Ça y est, tu es libre.

Debout sur le podium de la boutique de robe de mariée, je regarde ma copine trépigner dans le sofa en velours rose poudré en face de moi. La cérémonie a lieu demain et nous sommes venues récupérer nos tenues qui avaient besoin de petites retouches.

Après avoir lissé des plis imaginaires sur ma robe en satin couleur lavande, je relève la tête vers Kleio. Son verre de rosé à la main, elle est accrochée à mes lèvres comme si j'allais lui délivrer la recette secrète de la sauce du Big Mac.

Oui, aujourd'hui était officiellement mon dernier jour à la galerie. Ça fait à peine une semaine que nous sommes revenus de Santorin et que j'ai posé ma lettre de démission sur le bureau de ma responsable. Elle n'a pas sourcillé, comme si elle s'y attendait. Je pensais qu'elle aurait été un peu en colère ou vexée, mais au contraire, elle s'est montrée plutôt arrangeante, me permettant de prendre mes vacances dès que je le souhaitais. Elle m'a aussi proposé d'être consultante sur les prochaines expositions qu'elle organisera, en attendant de trouver quelqu'un pour me remplacer et j'ai apprécié ce compromis.

Je n'ai pas attendu d'avoir un plan ficelé pour m'en aller. Effectivement, ce n'est pas très raisonnable, mais je ne souhaitais pas perdre une minute de plus. Je voulais travailler pour moi, pour les idéaux auxquels je crois. Je sais que ça peut paraître un peu utopique, mais je vais utiliser tout le temps que j'ai à profit pour développer mon projet. Et rien n'est plus précieux que le temps. Enfin si, l'argent l'est tout autant, mais j'ai été assez bonne gestionnaire ces dernières années pour avoir assez d'économies pour vivre et lancer ma galerie.

Ma galerie.

Depuis que j'en ai discuté avec Hermès, entre deux verres de vin à Santorin, ça me fait toujours un petit truc dans la poitrine. Mon meilleur ami m'a d'ailleurs avoué qu'il attendait cette décision depuis très longtemps déjà. Tout comme Kleio, il a aveuglément confiance en moi. Ces mots ont apaisé mon cœur et étouffé la petite voix dans ma tête, pour que je prenne mon courage à deux mains et que je me jette dans le grand bain.

J'ai conscience que les doutes reviendront lors de mon aventure entrepreneuriale, mais je crois bien que je suis prête à les affronter cette fois.

Si mes amis ont confiance en moi, qui suis-je pour ne pas m'honorer moi-même ?

La couturière qui apparaît dans mon champ de vision me sort de mes pensées. Je lui confirme que la robe est parfaite et file me changer dans la cabine avant de rejoindre Kleio à l'entrée.

— Et si on allait faire un tour à la plage ? me suggère ma copine.

Un coup d'œil à ma montre m'indique qu'il est 18 heures, mais le soleil est encore haut dans le ciel. Il faut bien qu'il y ait des avantages à vivre à côté de la mer, alors j'accepte sa proposition avec joie.

Une vingtaine de minutes plus tard, je gare mon Audi sur l'avenue qui longe la côte de Matosinhos. Ce spot est parfait pour profiter des derniers rayons du soleil.

— Quand est-ce que tu vas me dire ce qu'il s'est vraiment passé ?

Un verre de sangria à la main, je rejette mes longues boucles sur mon épaule gauche avant de regarder mon amie.

— Arès, ajoute-t-elle comme si j'aurais dû deviner dès la première fois.

Je ne réponds rien. C'est de ma faute. J'ai fait l'erreur de rapporter à cette commère qu'on s'était presque embrassés et depuis elle ne me lâche pas.

— Sois pas si radine d'infos, moi je te raconte tout.

Je grimace parce que quand Kleio dit tout, c'est vraiment tout. Y compris les détails dont je me serais dispensée.

Comme je veux quand même passer un bon moment, je lui répète ce que je lui ai déjà raconté en ajoutant quelques précisions.

— Je ne sais pas, je pense que j'aurais dû tenter. Enfin, je devrais tenter. Juste comme ça, un coup d'un soir.

C'est au tour de Kleio de rester silencieuse, ce qui est assez bizarre venant de sa part.

— Tu penses sérieusement que tu pourrais faire ça, ma belle ?

— C'est déjà ce que je fais avec Milan.

— Han han, t'es attachée à lui et vous le faites régulièrement. Et sans vouloir te vexer, ma poule, ces deux-là ne jouent pas dans la même cour, si tu vois ce que je veux dire.

Je vois très bien ce qu'elle veut dire. Et si je suis un peu honnête avec moi-même, je me rendrais compte que mon plan « coup d'un soir avec Arès » n'est pas viable. J'étais déjà jalouse quand il a appelé son amie Corazón, alors remettre le couvert avec lui n'est peut-être pas l'idée du siècle.

Mais d'un autre côté, ne vaut-il pas mieux regretter de l'avoir fait que le contraire ?


***


Arès

— Tu sais que fusiller du regard c'est une expression. Il va te falloir plus d'efforts que ça pour m'éliminer.

Assis dans le canapé de la chambre de mon frère, j'ignore sa réplique. Ça fait bien cinq jours qu'il me sort la même chose et autant de fois que je le darde d'un regard noir dès que j'en ai l'occasion.

D'ailleurs, je ne me connaissais pas si rancunier. 

Pour lire la suite, rendez-vous dans le lien dans ma bio.

A très bientôt,

Liah

Décrocher la petite luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant