Au bout d'une quinzaine de minutes, qui ont semblé durer une éternité pour le jeune inconnu, ils sont enfin devant la maison. Il est temps qu'ils arrivent, le pauvre commence à voir flou. Il puise dans ses dernières réserves d'énergie pour franchir le seuil de sa demeure et peine à mettre un pied devant l'autre. Elle tire la chaise la plus proche et le dépose dessus, un peu brusquement tout en s'excusant, puis part fermer les volets des différentes fenêtres ainsi que sa porte afin que ses poursuivants ne puissent pas voir ce qu'il se passe depuis l'extérieur au cas où ils passeraient par ici, même s'il y a peu de chance que cette éventualité arrive. Elle revient près de lui, abaisse sa capuche, puis la sienne. Il a enfin l'opportunité de découvrir la totalité de son visage.— C'est bien dommage... Je vois tellement flou que je n'ai même pas le plaisir de contempler ton beau visage, lui dit-il.
— Tu auras tout le loisir de le découvrir une fois que je t'aurai remis sur pied, lui répond-elle.
Elle pose son arc et son carquois de flèches contre le mur à proximité, puis défait sa cape et la laisse retomber dessus. Mirai s'approche un peu plus de lui afin de retirer celle dont elle l'a vêtu plus tôt dans la forêt. Son délicat parfum vient s'offrir aux narines du jeune homme avec légèreté.
— Nyrlyn, murmure-t-il. Je m'appelle Nyrlyn.
— Mirai, lui répond-elle en chuchotant.
— J'suis désolé d'écourter nos présentations, mais il faut que tu m'allonges. J'vais m'effondrer, j'tiendrai plus très longtemps... lui avoue-t-il, alors que sa vision se trouble un peu plus.
Elle l'assiste immédiatement pour l'étendre sur la table. Elle l'aide à se relever pour qu'il s'allonge et le soutient. Elle retient sa tête afin que celle-ci se dépose en douceur sur le bois et finit de l'installer avec délicatesse.
— Désolé, ce n'est pas le plus confortable, mais c'est le plus pratique.
— C'est bon, t'inquiète... J'f'rai pas la différence... vu mon état. Il faut q't'extrais les balles, lui expose-t-il avec difficulté. J'n'arrive pas... à.. les faire sortir. J'en ai trois... dans l'dos, une dans la cuisse... et une... dans l'ventr...
Il ne poursuit pas sa phrase, il vient de perdre connaissance.
— Nyrlyn... Nyrlyn ! Et merde ! s'exclame Mirai en se rendant compte de la situation.
Elle récupère le peu de matériel qu'elle a à sa disposition : serviettes, ciseaux, pinces, couteau, une bassine avec de l'eau et débute l'extraction des projectiles. Elle commence par celui présent au niveau de son ventre, puis poursuit avec ceux de son dos, et finit par celui de sa cuisse. Au moment où elle retire la dernière balle, la véritable essence de Nyrlyn apparaît : sa peau devient légèrement plus halée, ses ongles s'allongent et virent au noir, deux marques sombres font leur apparition sous ses yeux ainsi que deux cornes de la même couleur sur le haut de son crâne. Il a des airs de démons désormais même s'il ne leur ressemble pas totalement. Serait-il un hybride, un mélange de deux espèces ? Mirai observe la scène qui s'offre à elle avec un mélange de surprise et d'émerveillement, étrangement aucune peur n'est présente.
Elle termine les soins en nettoyant les plaies causées par les balles, puis applique des cataplasmes et installe les pansements sur les cinq trous. Elle rince délicatement son visage avec un linge mouillé pour ôter un maximum de sang et de crasse, puis glisse un coussin sous sa tête pour plus de confort et le recouvre délicatement. Désormais, elle n'a plus qu'à veiller sur lui jusqu'à ce qu'il reprenne connaissance. Elle s'assoit sur la chaise à proximité de lui et reste en alerte tant pour son patient que pour les hommes présents dans les bois.
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Un rêve éphémère
Conto***** Lorsque la vie rassemble deux êtres qui ne demandent qu'à s'aimer, un rêve d'amour pourrait se concrétiser. ***** Elle vit au cœur du bois de Waivell, en harmonie avec la nature et les créatures qui le peuplent. Il est le fruit inattendu d'une...