VI. Être libre

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Sawyer


À l'instar du temps qui se déchaîne dehors, mon corps tremble. Il ne parvient pas à supporter ce regard sur ma personne. Celui qui se rapproche de l'adoration et qui m'atteint d'un total inconnu alors même que l'individu que je suis forcée d'accompagner depuis des années ne m'en a jamais ornée.

Je me déshabille, jette ma tenue sur le lit. Je crie, je fais les cent pas, frappe dans un mur, me tire les cheveux.

Bordel.

Putain de bordel.

La douche à rallonge que je prends ne m'aide pas à me sentir mieux. Ces yeux, cette mâchoire, cette peau, ce souffle. Contre mes lèvres, alors que je cessais de respirer, je n'arrive pas à m'en défaire. Il me hante comme un foutu cauchemar beaucoup plus agréable que les autres.

La porte s'ouvre, ne faisant que renforcer l'état chaotique de mon cœur. Craig apparaît dans l'embrasure, les bras croisés dans son costume trop cher et vraiment trop rouge.

— Qu'est-ce que tu as ?

Sa voix grave me blesse, avec distance, certes, mais précautionneusement.

— Rien. 

Il fronce les sourcils, puis avance un peu. 

— Est-ce qu'il t'as baisé ? 

Je relève le visage, choquée par la normalité de son ton. Dans ses yeux, je ne vois rien. Pas de jalousie, pas de regret, rien qui s'apparente à de la désolation.

Et tout me tombe sur la tête. 

Ce que je prenais pour trop d'amour est en fait irrémédiablement pas assez. Ce que je supportais en pensant qu'il s'agissait là d'un incontrôlable besoin de me posséder, de sentiments inexplicables, mal placés mais pourtant bien réels, ce que je croyais être l'amour maladif, l'amour à la haine, n'est en fait rien d'autre qu'un putain de foutage de gueule. 

— Putain de connard de proxénète. 

Ce crachat de paroles est sorti d'un coup. Brusquement, sans aucune barrière, il vient de trancher mon dédain. De prouver ma répugnance à cet homme qui pense pouvoir me contrôler comme une foutue marionnette.

Mais au lieu de l'énerver, ça l'amuse. Il fronce les sourcils, un rictus sordide au coin des lèvres, excité par le dégoût qu'il représente pour moi.

— Tu veux bien répéter, Sweety ? 

Je le hait. Mais je dois bien admettre que son imposance me freine brusquement dans ma lancée. Je pense évidemment ce que je prononce, mais mon être rempli d'adrénaline comprend néanmoins le risque que je cours si je poursuis mon discours. Comme souvent, j'adopte le mutisme pour survivre, donc.

APRES LA PLUIE VIENT LE NEANT (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant