XI. Mauvaise posture

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Sawyer


La décoration est réussie. L'aquarium transformé en véritable paradis pour fêter ses cinq ans, je m'autorise à contempler ce qui se passe autour de moi.

Les filles sont apprêtées, les vigiles sont placés. Mike se tient prêt au bar, devant un Travis et un Stan qui ne cessent de s'activer.

La musique est douce, pour l'instant, mais je n'ai aucun doute sur le fait que ça ne persistera pas ainsi. Il ne manque qu'une chose, pour que tout soit parfait. 

Des flammes.

De longues et grandes flammes venant lécher cet endroit afin de le consumer complètement.

En dépit de ce que je ressens, je m'évince tout de même en direction de ma chambre. La robe rouge et abominablement belle m'attend sagement sur le lit que je partage avec Maxwell depuis l'identique nombre d'années que ce foutu lieu fête ce soir.

J'ai été la première. C'est un peu mon anniversaire, aussi, quelque part.

Cinq ans de galère, je crois que ça se trinque.

Alors que je caresse le tissu du bout des doigts, Craig sort de la salle de bain. Ses cheveux mouillés tombent sur son front et gouttent sur le sol. Je ne sais pas ce qu'il a, mais son regard me perturbe. Pour une fois, je n'en ai pas peur.

— Il y a un problème, au club. Je descends voir.

J'acquiesce de la tête, le cœur battant précipitamment. Cette chambre est ma prison, et toutes les fois où je m'y retrouve enfermée avec Maxwell, c'est un drame. Mais fidèle à ses paroles, aujourd'hui, il s'esquive simplement en me plantant là.

Je passe la robe après une douche bien chaude. Je n'ai pas beaucoup de courage, mais j'ai de la conscience. Je sais que ce que je fais, c'est sans aucun doute ce qu'il y a de mieux à faire. Pour moi, mais pas que.

Le calme de Craig, aussi temporaire soit-il, ne doit pas me laisser me relâcher. Je me dois d'être parfaite, ce soir. Parce que c'est ce qui compte, au fond. Cette soirée, cet hôtel, et ces gens.

C'est ce qu'il y a de plus important pour lui.

Mon corps épouse la soie à merveille, quelques minutes plus tard. Le teint travaillé, la bouche maquillée, les yeux qui parcourent mon propre reflet, j'ai dû mal à reconnaître celle qui se tient devant moi.

Je ne crois pas m'être déjà sentie aussi jolie un jour. Si seulement ce mot pouvait aller de pair avec le bonheur, j'imagine que je remettrais peut-être tout en cause.

Mais voilà.

L'aquarium n'est qu'un box de verre où se noient des tas de gens. Sans le savoir ou en le sachant complètement, il laisse sombrer chaque créature qui s'y perd.

APRES LA PLUIE VIENT LE NEANT (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant