Aromantique

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Un regard d'obsidienne

Et un cœur de porcelaine.

Elle ne connait la haine,

La rancœur, l'angoisse, la peine.


On se retourne en la croisant,

Le pas léger, cheveux au vent.

Elle ne remarque pas les gens

Qui la fixent, les bras ballants.


Indifférente aux bouquets de fleurs,

Aux sourires, à leurs avances,

Elle fait danser tous les cœurs

Avec grâce et élégance.


Une rose immaculée

Comme la blancheur de l'hiver.

Mais elle demeure, enfermée,

Dans sa belle prison de verre.


Condamnée à observer

Ces silhouettes ensorcelées

D'un sort qu'elle ne peut deviner

Se jeter, toutes, à ses pieds.


Le sang qui coule dans ses veines,

Le dessin même de ses gènes

Empêche l'amour passionnel

De vaincre l'amour fraternel.


Si cette rose est délicate,

Ses épines sont écarlates.

Elle ne perdra de pétale,

Elle ne sera mise à mal

Par un de ses soupirants

Au corps griffé, et en sang.


Elle n'apprendra pas la haine,

La rancœur, l'angoisse, la peine.

Car son cœur de porcelaine

Ne pourrait se fissurer

D'une chute qui serait liée

À un sentiment étranger.


Alors elle fait tourner les têtes

De ceux qui, près d'elle, s'arrêtent

Pour l'admirer, sans savoir

Qu'elle ne peut pas leur offrir

Ce qu'ils voudraient tous avoir :

Tous condamnés à souffrir.


Une femme au pouvoir magique,

D'envouter tous les garçons,

Frappée d'une malédiction.

Enfermée dans le donjon

De son cœur, cette dame de pique

Voit comme une bénédiction 

Ce simple mot : aromantique.

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