La tête contre la vitre, je vois défiler les passants
Les regards qui s'évitent, comme attirés par leurs écrans.
Les images qui s'impriment à l'intérieur de mon cerveau
Cornées, décolorées, comme une vieille pellicule photo.
Arrêt brutal, crissement de pneus :
Les portes s'ouvrent près d'une école.
On y aperçoit une petite fille
A l'écart, sans marelle ni billes.
Juste quelques craies à côté d'elle,
Mais elle, ne dessine pas de marelle.
On reconnaît sur le goudron
Les ailes d'un très grand papillon.
Son père arrive, l'air épuisé
Voyant tous ses vêtement tachés,
Attrape sa fille, l'air contrarié
Et part comme il est arrivé.
Sans un regard sur le goudron,
Sans voir le très grand papillon.
Les portes claquent, les gens s'installent,
Le bus redémarre tant bien que mal.
Derrière la large paroi en verre,
Entre les dames en tailleur clair
Et les monsieurs en costume noir,
On entrevoit, sur le trottoir,
Un homme et son accordéon.
Ses doigts appuient sur les boutons,
Agiles mais marqués par le temps.
Par les épreuves et les changements ;
Les notes s'envolent au gré du vent.
Il joue pour lui, joue pour la foule,
Pour cette ville qui, doucement, s'écroule.
Les gens passent vite en l'entendant,
Ils ne l'écoutent pas, cependant.
Le bus se vide, très lentement,
A mesure que le soleil descend.
Je sors enfin, erre dans les rues
Où tous les gens ont disparu.
Dans leur appart, ils sont rentré
Pour manger un plat surgelé,
Tout seul devant leur grande télé,
A regarder le temps passer.
La ville se calme, elle s'assoupit.
Pour quelques heures, elle ralentit,
On distingue pourtant certains bruits :
Le vent qui souffle, quelqu'un qui rit,
Un train qui passe dans le lointain
Roulant vers le petit matin.
Paisiblement, je déambule,
J'ai l'impression d'être dans une bulle.
Tout est si simple, si agréable
Même le silence est appréciable.
Mais je suis seule à écouter
Le silence de ces nuits d'été.
A observer tous ces instants :
Personne ne veut de ces moments.
Tous ces souvenirs orphelins
Toutes ces minutes vécues en vain
Viennent s'imprimer sur mon cerveau
Comme sur une pellicule photo.
Cornée, décolorée,
Abîmée, toute empoussiérée.
Mais ces souvenirs abandonnées
Jamais ne seront oubliés.
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1001 textes
PoesíaPlein de textes, slam ou poème, je n'ai jamais réussi à déterminer, sur différents thèmes, qui me viennent ou me sont venus au fil du temps - certains dont je suis plus fière que d'autres - pas forcément publiés dans le bon ordre.