2- déjeuner hostile

30 3 11
                                    

Le lendemain matin, le réveil sonne, brisant doucement le silence de la chambre. Je grogne légèrement en l'entendant, n'ayant pas vraiment envie de quitter le confort douillet de mon lit. Mais je sais que je dois me lever, affronter la journée qui m'attend.

Je me frotte les yeux, m'étire avec paresse et finalement, je m'extirpe des draps chauds. La lumière est dissimulée à travers les rideaux, laissant la pièce d'une douce obscurité, Betty devrait prendre exemple. Je jette un coup d'œil au réveil, réalisant que je suis en retard.

Avec un soupir résigné, je me dirige vers la salle de bain pour me préparer. L'eau chaude de la douche caresse ma peau, me réveillant peu à peu et dissipant la fatigue de la nuit précédente.

C'était une très mauvaise idée d'avoir bu cette bouteille de vin hier.
Une très très mauvaise idée.
Ma bouche est toute pâteuse alors je me brosse les dents sous la douche.

Une fois la douche terminée, j'enfile un pantalon en lin blanc et un col roulé sans manche crème. Je me regarde dans le miroir, je m'encourage à affronter la journée avec confiance. Je noue mes cheveux blond en queue de cheval basse. Je fais très attention à mon apparence. Je suis persuadé que si extérieurement je suis irréprochable personne ne voudra creuser plus profondément.

Je prépare les affaires que je compte emporter avec moi et mets tout dans une petite valise. Lorsque j'ai quitté la maison de mon enfance à mes dix-huit ans, je me suis assurée de n'avoir rien laissé là bas. Je ne voulais plus y mettre les pieds. Je voulais être sûr que si je devais y retourner un jour ma chambre ne ressemblerait plus jamais à celle de mon enfance.
Mais je ne sais pas si ça suffira. Je ne sais pas si ça sera suffisant pour ne pas avoir la nausée de dormir dans cette pièce.

Tu es forte Lexi. Tu es forte. Ce n'est que deux petites nuits insignifiantes.

Je répète cette phrase en boucle dans ma tête en finalisant les affaires que je vais emporter avec moi.

Je descends dans la cuisine, l'odeur du café fraîchement préparé emplissant l'air. Je remplis ma tasse, la chaleur réconfortante se répandant dans mes mains. Alors que je m'apprête à prendre ma première gorgée, mon téléphone vibre sur le comptoir.

Je le saisis rapidement et vois un message de ma mère, rappelant la réunion familiale qui aura lieu ce soir et de ne pas être en retard pour le déjeuner de ce midi. Une pointe de stress m'envahit.

Ils ont intérêt à se rendre compte de l'immense effort que je fais pour revenir dans cette maison maudite. J'espère seulement qu'ils en feront autant.

Oui enfin, c'est pas trop leurs genre de faire des efforts.

Je prends mon sac et mes clés de voiture, et prends la route direction Greenwich.

Malgré mes sentiments mitigés envers le quartier bourgeois de Greenwich où j'ai grandi, je ne peux nier l'impact qu'il a eu sur ma vie. Les majestueuses demeures, les rues impeccables et les jardins parfaitement entretenus semblaient représenter un idéal de perfection et de réussite.

Mes parents, qui avaient prospéré dans ce quartier élitiste, avaient adopté les valeurs et les attitudes qui semblaient être la norme. Ils se préoccupent principalement de leur statut social et de l'image qu'ils renvoient à la communauté. Leurs conversations tournaient souvent autour des dernières acquisitions matérielles et des événements mondains auxquels ils étaient conviés.
En grandissant, j'ai senti le poids de ces attentes qui pesaient sur mes épaules. J'étais censé suivre leurs pas, me conformer à leur idéal de réussite.
J'ai déçu mes parents depuis mon plus jeune âge. J'étais loin d'être la fille sage et rangée qu'ils espéraient que je sois. Je ne correspondais tout simplement pas à l'image idéale qu'ils avaient en tête.
Malgré leur éducation catholique stricte, j'ai toujours ressenti un décalage avec leurs principes. J'ai remis en question les enseignements religieux et j'ai cherché à tracer mon propre chemin dans ce monde complexe.

Love Against All OddsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant