— Avant que je ne me fasse à nouveau agresser, comment est-ce que tu veux qu'on t'appelle ?
Elle venait à peine d'arriver à Simuhaï et n'avait pas encore songé à son identité. Mais elle ne voulait pas de « Ariana ». Elle n'en avait jamais voulu.
Ils marchaient en direction de la gare tandis qu'elle y réfléchissait. Plusieurs membres de l'équipe de Grivia les avaient rejoints et le Chasseur les suivait docilement, l'esprit ailleurs. Tout avait pour lui l'allure d'une banale journée au travail.
Elle hésitait entre Malia, qu'elle avait utilisé plusieurs fois depuis sa fuite et qu'elle appréciait beaucoup, Néra, une nouveauté qui venait de lui passer par l'esprit, et Séléna. Mais ce dernier avait un goût amer pour la jeune fille et elle n'était pas encore prête à le porter.
— Appelez-moi Malia.
Alors qu'ils arrivaient à la gare, elle se tourna vers le blond :
— Et vous ? Vous avez un nom ?
— Non.
Très bien...
Un grand wagon les attendait. On voyait que Grivia avait les moyens nécessaires à ses ambitions : une salle des commandes, six sièges alignés et une salle privée.
— Viens avec moi, les plans sont à l'arrière.
Le Chasseur se joignit à eux et Grivia dévoila enfin toutes ses cartes :
— Notre cible est la nouvelle antenne des messagers, qui vient d'être installée à Valebra.
Malia ignorait que le projet était terminé mais elle connaissait le système. Chaque antenne, au nombre de sept sur le continent, renfermait des centaines de coffres. Lorsque des messagers voulaient s'échanger des informations ou transmettre des documents, ils n'écrivaient rien, ne disaient rien... en dehors des antennes. Ils gardaient les informations en mémoire et les retranscrivaient sur place, déposant le tout dans un coffre.
Malia l'avait déjà fait : il fallait s'adresser à un messager (et de le payer), qui déposait ensuite la missive dans le coffre du destinataire. Tout ce qu'il suffisait d'avoir, c'était le numéro du coffre de son correspondant. Le système était hermétique à toute intrusion : seuls les propriétaires des clés et les messagers accrédités pouvaient entrer dans l'antenne et déposer des missives. Les messagers n'avaient pas accès au contenu du coffre : la clé servait à récupérer les documents, non à les déposer. Elle n'existait qu'en un seul exemplaire, généralement jalousement gardée par son propriétaire. Et, pour éviter les indiscrétions, les messagers étaient seuls face aux coffres et n'entraient qu'un par un.
C'était un système assez simple qui était resté jusqu'alors impénétrable : on pouvait à la rigueur capturer un messager, mais ils ne disaient jamais rien. On pouvait aussi deviner qui possédait quel coffre, mais pas avec qui il correspondait.
Malia était sûre que Grivia et ses employeurs utilisaient eux-mêmes les antennes messagères. Mais ce qu'ils cherchaient à faire, ce n'était pas à monter un casse élaboré pour emporter les clés. Au contraire... ils voulaient copier l'ensemble des clés de l'antenne pour mettre en place un vaste réseau d'espionnage des missives.
Après tout, avec une copie de toutes les clés, il suffirait de placer un seul messager accrédité dans l'antenne, ou d'envoyer une personne se faisant passer pour un propriétaire (quitte à réellement acheter un coffre et se permettre l'accès), pour lire l'ensemble des correspondances disponibles. Mais si quiconque le découvrait, si l'on savait que les clés étaient copiées, elles seraient remplacées et perdraient toute leur utilité.
VOUS LISEZ
Les Clés de Valebra
Fantasy[100 pages d'aventure dans un monde imaginaire / dans l'univers fantasy de la saga « Séléna »] ⚔️ RÉSUMÉ ⚔️ Deux vies à sauver. Une seule chance de réussir. Un vol sans précédent. Alors qu'elle est en fuite, Séléna, ancienne princesse et future me...