Les Clés de Valebra

Chapitre 7

Son sourire déplut fortement à Grivia. Il se pencha en avant et s'approcha de son visage tandis qu'elle ne décollait pas du siège en face de lui.

—   Tu rentres avec moi.

—   Non.

Il accepta de jouer le jeu et posa les coudes sur ses genoux en souriant.

—   Combien d'entre nous tu pourrais descendre, seule ? Deux, trois ?

—   Trois.

—   Et combien on est ?

—   D'après la calèche qui suit et celle qui nous précède... au moins dix-sept.

Il prit son menton dans sa paume et pencha la tête.

—   Alors dis-moi, qu'est-ce qui m'échappe ?

—   À peu près tout...

Elle s'avança et se positionna en miroir pour lui renvoyer son arrogance au visage :

—   ... mais commençons par les clés de Valebra.

Il fronça les sourcils et jeta un coup d'œil furtif à la mallette que son soldat gardait à sa place depuis que Grivia s'était lancé dans cette conversation.

—   Vous l'avez ouverte ? demanda Malia.

—   Tu crois vraiment que je n'ai pas vérifié ? J'ai vu les empreintes de clés.

—   Et qu'est-ce qui vous dit que ce sont les vraies ?

Il rit et recula sur son siège. Malia l'interpréta comme du doute : il se rapprochait des clés, se retenait de revérifier.

Elle fut ravie de voir que Grivia acceptait de continuer à jouer :

—   D'accord, disons qu'elles sont fausses. Disons qu'au lieu de copier les vraies clés, tu as forgé des empreintes qui ne donneront rien. En quoi ça t'aide à t'échapper ? Si elles sont vraies, tu rentres avec moi et je te livre. Si elles sont fausses... je te livre quand même. Avec beaucoup plus de violence, bien sûr.

—   Jusqu'à présent, je n'avais pas grand-chose à offrir, vous ne trouvez pas ?

—   Comment ça ?

—   Vous m'avez choisie parce que je suis douée dans ce genre de choses et que je connais bien Alej. Après tout, je fuis depuis plusieurs années maintenant, et ça me réussit. Je vole et je me vends à toutes sortes de missions pour survivre... ça n'est un secret pour personne. Un jour, peut-être, j'aurai un peu de répit. Un peu de calme. Mais en attendant, je fuis, je fuis...

—   Où tu veux en venir ?

—   Je veux simplement dire que, cette fois, j'ai quelque chose à échanger. La vie d'Alej contre le vol, c'est fait. Voyons maintenant ce que je peux échanger contre ma vie.

Il commençait à comprendre et la tournure de la conversation ne lui plaisait pas. Grivia fit signe à son soldat de lui tendre la mallette et il l'ouvrit. Une pâte beige s'étalait bien à l'intérieur, marquée de cent-dix clés.

—   Regardez dessous.

Il souleva légèrement la pâte en prenant bien soin de ne pas détruire les empreintes. Un dessin gravé sur le fond du cuir se révéla : une tête, un corps sinueux, un grand S qui s'enroulait et semblait se mouvoir dans la matière.

—   Le serpent... murmura Grivia.

—   Votre mallette n'avait pas ça, n'est-ce pas ?

—   Tu as pu le graver dans la salle.