𝙸𝚟𝚛𝚎𝚜𝚜𝚎

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Lorsqu'il tourna la tête, il vit, adossé à la rambarde, l'homme au loup rouge qui l'observait fixement du coin de l'œil, lui aussi un verre à la main. Izuku sentit tout à coup ses joues s'empourprer et son rythme cardiaque s'intensifier. Totalement pris au dépourvu, il ne sut quoi dire, et surtout, si il devait dire quelque chose. Ses pensées se mêlaient, s'emmêlaient, fusaient à une vitesse folle dans son cerveau. L'avait-il vu dans le jardin ? Était-ce un hasard ? Comment l'avait-il retrouvé ? Allait-il payer les conséquences de son attitude impolie et intrusive ? Ne sachant à quoi s'attendre, si ce n'est à un sermon qui serait, à l'évidence, des plus justifiés, il resta la tête tournée vers l'objet de son trouble, la bouche bêtement entrouverte, sans qu'aucun mot n'arrive à s'en échapper.

"La soirée vous plaît-elle ?" demanda l'inconnu, ne le quittant pas du regard.

Sa voix était grave et suave. Sans qu'il ne puisse rien contrôler, cette dernière fit un effet incroyable et inattendu à Izuku, qui sentit son timbre puissant résonner jusqu'au fin fond de son cerveau, lui électrisant l'échine et faisant frissonner sa peau.

Perdant de plus en plus ses moyens, il prit une gorgée pour hydrater sa bouche tout à coup devenue incroyablement sèche, et surtout, gagner un petit peu de temps afin de reprendre un minimum de contenance. Cette question le désarçonna au plus au point. S'il espérait ne pas se faire houspiller, il ne s'attendait certainement pas à ce que l'inconnu s'enquiert du bon déroulement de sa soirée.

- "Euh je... hum... je ne suis pas vraiment habitué à ce genre de soirée, avoua-t-il enfin.

- Elles sont ennuyantes à mourir si vous n'êtes pas en bonne compagnie. Qu'avez-vous donc fait pour mériter un tel châtiment ?

- Je... J'accompagne un de mes amis, justement, répondit Izuku, qui sourit légèrement en pensant tout à coup à Shoto, qui devait être occupé à Dieu sait quoi.

- Oh, et où se trouve donc cet "ami" ?

- Il... remplit ses obligations mondaines j'imagine."

Désormais à un petit mètre seulement de l'inconnu, Izuku luttait avec une force titanesque pour tenter d'étouffer la curiosité qui grondait dans sa poitrine. À l'image d'un incendie pendant les jours les plus chauds des mois d'été, elle le dévorait littéralement de l'intérieur et était incroyablement difficile à contrôler. Sans qu'il ne comprenne ce qui le poussait à une telle conduite envers cet homme, et sans qu'il ne s'en rende compte, il se perdit une nouvelle fois, et bien malgré lui, dans la contemplation de ses traits, et ce, en oubliant une fois encore toute forme de bienséance ou de politesse. Son désir et sa curiosité eurent bien trop facilement raison de lui, à son grand désespoir.

L'homme était, comme il l'avait supposé, de grande taille. Le dépassant d'au moins une demi-tête, il avait les épaules larges, et une allure à en faire pâlir plus d'un. Son loup rouge et noir brodé de dentelle et orné d'une magnifique plume rappelait avec goût la couleur de la chemise de son costume qu'il portait avec une incroyable élégance. Ses cheveux, qu'il devinait déjà clairs à la lueur de la lune, étaient d'un blond cendré semblable à la couleur du sable des plages les plus paradisiaques. Mais Izuku put cette fois-ci, s'attarder sur les traits de son visage, ou tout du moins, ceux que laissait entrevoir son masque. Une mâchoire saillante, des lèvres qui tenteraient le plus pieu des saints, et des yeux semblables à deux grenats. Deux iris écarlates, brûlants et impénétrables qui le fixaient, échauffaient son corps et le clouaient sur place.

Une minute passa, peut-être même deux ou trois, sans qu'il ne fasse un geste, sans qu'il ne prononce un mot. Il avait perdu la notion du temps, n'entendait presque plus la musique, ne prêtait plus attention à la foule. Il était obnubilé par ces joyaux incandescents et par le bourdonnement incessant qui résonnait dans tout son corps et ankylosait ses sens, l'enfermant dans une bulle à l'intérieur de laquelle seuls les deux hommes existaient. Mais comme toutes les bulles, celle-ci était vouée à éclater. C'est lorsqu'un serveur s'approcha pour leur proposer des rafraîchissements qu'Izuku revint tout à coup à lui, prenant alors conscience de la situation et du silence qui s'était installé entre eux. Son ébranlement atteignit un seuil encore insoupçonné lorsque le blond congédia le serveur, sans même le lâcher du regard.

𝑻𝒉𝒆 𝑮𝒓𝒆𝒂𝒕𝒆𝒔𝒕Où les histoires vivent. Découvrez maintenant