𝙰𝚐𝚘𝚗𝚒𝚎

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Les jours passèrent, tous semblables les uns aux autres. Le quotidien semblait bien fade à Izuku depuis ce fameux soir.

Trois semaines. Trois semaines s'étaient passées depuis sa rencontre avec Katsuki. Trois semaines aussi longues qu'une traversée du désert. Shoto l'interrogeait de temps en temps sur ses intentions, ne comprenant pas vraiment pourquoi il refusait d'entamer des recherches si cette rencontre avait autant chamboulé son cœur. Mais Izuku avait peur. Peur de la réalité, peur de leurs différences. Peur d'avoir fantasmé tout ce qui s'était produit, peur d'être déçu, ou pire, peur de décevoir... Alors il préférait autant ne rien faire, et rêver du blond chaque soir, dans la douce étreinte de ses draps, là où personne n'en souffrait, à part peut-être lui. Il aimait se perdre dans les abysses de ses souvenirs, fantasmant Katsuki, ses mains puissantes, sa voix suave, son parfum entêtant et son souffle court, tout cela dans l'intimité de la chambre à coucher, blessant son cœur mais apaisant son désir. Aux heures les plus sombres de la nuit, il se laissait aller en soupirs, renouant avec cette chaleur dans son ventre, dont il avait si cruellement besoin. C'était le seul moyen qu'il ait trouvé pour faire taire les grondements mécontents de son cœur et son esprit qui lui réclamaient à corps et à cris quelque chose qu'il ne pouvait avoir.

Après une énième journée à se demander quelle divinité il avait dû outrer pour que ses heures de travail passent avec une telle lenteur, il rentra enfin chez lui, épuisé par cette semaine qui avait l'air de ne jamais vouloir finir. Il aimait son travail, là n'était pas la question, il avait d'ailleurs bataillé pour obtenir ce poste, mais tout, absolument tout, l'ennuyait au possible ces temps-ci. Alors en ce vendredi soir, il devait l'avouer, il était plus qu'heureux de retrouver le confort de sa maison.

Débarrassé de ses chaussures et de son sac, il se dirigea directement dans sa salle de bain, avec l'espoir de se débarrasser de cette fatigue qui lui collait à la peau. En attendant que l'eau chauffe, il osa un regard vers le miroir au-dessus de sa vasque, qui lui renvoyait un reflet qu'il trouvait des plus pathétiques. Il avait les traits tirés et le teint terne, l'épuisement de ces nuits trop courtes marquant ses yeux de ses sillons violacés caractéristiques. Passant ses mains dans ses cheveux pour dégager son visage, il soupira bruyamment.

"Il faut que tu te reprennes Izuku."

La buée qui commençait à apparaître l'interrompit dans son minutieux examen et le rappela à la tâche. Il se déshabilla alors rapidement et se glissa sur l'eau bouillante. Le visage relevé vers le pommeau de douche et les yeux fermés, il profitait de la chaleur réconfortante de l'eau. S'il avait pu, il aurait laissé toutes ses préoccupations disparaître dans le siphon de sa douche. Il savait qu'il se faisait décidément trop de soucis, qu'il se laissait bien trop obséder par quelque chose qu'il ne pouvait contrôler. Mais c'était là toute la problématique de l'histoire, il ne pouvait rien contrôler. Marmonnant contre lui-même, il se mit à savonner sa peau déjà rougie peut-être plus que de raison, comme une manière inconsciente de se soulager de sa propre impuissance.

Ce n'est qu'après une bonne vingtaine de minutes qu'il se décida alors à sortir, pour enfin revêtir son short le plus confortable et un vieux tee shirt usée par le temps. La tenue idéale pour quelqu'un qui comptait rester toute la soirée sur son canapé en mangeant un bol de nouilles instantanées, le tout devant une émission bien abrutissante, histoire de passer le temps. Mais c'est alors qu'il traversait son salon pour mettre son plan à exécution, qu'un "ping" sonore retentit, le faisant sursauter.

"Qui que ce soit, ça attendra."

Il n'avait pas envie de parler. Il voulait juste se reposer, dormir au moins une année entière, et qu'on le réveille uniquement quand tout cela sera de l'histoire ancienne. Alors qu'il allait continuer sa route, il pensa tout à coup à Shoto. Il avait été d'une attention et d'une écoute sans faille depuis ce soir-là, et Izuku savait pertinemment qu'il se faisait du souci pour lui. A l'idée de le laisser sans réponse, le remords l'envahit petit à petit. Il souffla, puis fit un léger demi-tour vers son entrée pour récupérer son téléphone qu'il avait laissé dans son sac. Il devait lui répondre, le rassurer, même si c'était juste un message pour lui dire qu'il avait survécu à sa semaine.

𝑻𝒉𝒆 𝑮𝒓𝒆𝒂𝒕𝒆𝒔𝒕Où les histoires vivent. Découvrez maintenant