KOLE

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« Veuillez regagner vos sièges et attacher vos ceintures, l'avion va entamer sa descente pour l'aéroport du Michigan »

Putain.

A l'instant même où je me lève pour aller pisser, il faut qu'il décide d'atterrir. J'obéis aux ordres comme un bon petit chien et rejoins le siège 96B qui est le mien. Comme si quelqu'un m'en voulait, je me suis retrouvé encerclé par une vieille qui ronfle comme un moteur de tracteur et une jeune mère et son fils qui ne fait que piailler.

C'que les gosses sont agaçants.

Sûrement âgé de quatre ans, il ne fait que geindre la même chose depuis une heure et sa mère ne fait rien.

J'en ai ras le cul d'ces parents incapables.

— BON, C'EST BON T'AS FINI LA ! je hurle en tapant du poing sur sa tablette.

Tout le monde se retourne vers moi, ahuri que je parle ainsi à un gosse de quatre piges.

— Non mais ça va pas ?! m'engueule la mère. Viens-là mon chéri, c'est un méchant monsieur.

Elle le sert dans ses bras comme pour le protéger de moi alias le grand méchant loup.

— En même temps, vous demanderiez à votre gosse de la fermer je n'aurais sûrement pas réagi de la sorte, alors s'il vous plaît, faites-le taire le temps de l'atterrissage qu'on ait enfin quelques minutes de répit.

— Comparé à lui, Monsieur, vous êtes un adulte et les adultes se doivent d'être respectueux, compréhensifs et surtout matures. Votre comportement est tout à fait insolent.

« Nous vous souhaitons la bienvenue au Michigan ainsi qu'un agréable séjour. Veuillez rester assis jusqu'à l'arrêt complet de l'avion. »

Enfin !

Libération !

Pour faire un peu plus chier la mère de famille, je traîne pour me lever et attends bien longtemps que la totalité des autres passagers soit sortie pour quitter mon siège à mon tour et récupérer mon bagage dans les rangements supérieurs. Mon vieux sac à dos à l'effigie de Nirvana, que j'emporte partout depuis mes dix ans, ne contient pas grand-chose, le strict minimum : un bouquin, un carnet et une trousse, mon casque audio ainsi que mon PC. Je vois que la femme s'impatiente et je m'en réjouis fortement, laissant naître sur mon visage, un sourire en coin. Je salue le commandant accompagné des hôtes et hôtesses de l'air avant de quitter l'avion et poser le pied sur le tarmac. Je suis les passagers et regagne l'aéroport pour retrouver mes deux grosses valises : l'une bleue marine, l'autre marquée en énorme et en jaune Nirvana sur fond noir.

Fan de Nirvana à 100% !

En quelques minutes, je me retrouve dehors en train de respirer l'air lourd du Michigan. Les 32°C affichés sur mon portable me font regretter de partir étudier aussi loin de la mer et des belles vagues de Miami. Celle qui me rafraîchissait après un entraînement de basket avec les gars. Potes qui m'ont tous laissé tomber lorsqu'ils ont appris que je partais loin pour mes études.

Pour eux, le basket n'était qu'un passe-temps, tandis que moi, je souhaite vivre de ça ! Ce serait le rêve du petit garçon de cinq ans que j'étais. Ce que j'ai le plus détesté dans leur attitude fut la manière dont ils m'ont lâché. Tout ça pour des kilomètres. Tout ça pour 2 504 kilomètres !

Putain !

Bande de cons !

Même Jake qui était mon meilleur ami, enfin mon soi-disant meilleur ami, m'a largué comme une merde pour ces kilomètres à la con.

The Silent BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant