KOLE

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04h27.

Il est quatre heures vingt-sept et je n'ai toujours pas de nouvelles de Carly. Je n'arrête pas de tourner en rond dans ma chambre. Les voisins du dessous pourraient monter d'un moment à l'autre mais je n'en ai rien à foutre, je suis trop inquiet pour elle. Elle m'avait dit que je recevrais un message si tout va bien et même si c'était une blague, je ne peux m'empêcher de l'avoir pris au sérieux. Je me dois de m'inquiéter après ce que j'ai entendu.

Putain, on l'a frappée !

On l'a frappée !

Merde, merde et merde !

Qu'est ce que je fous là, sérieux !?

Je n'aurai jamais dû rentrer. J'aurai dû forcer cette porte et m'interposer.

Cette fois-ci, je ne me dégonfle pas et j'enfile ma veste. Je roule , roule et roule. J'en ai rien à carrer de la limitation, je ne peux pas rester ici après m'être enfuie sans rien faire alors que j'étais témoin d'une agression. Encore.

Je ne peux plus lutter. Alors je lâche prise et accepte ce sentiment. Ce sentiment si agréable mais terrifiant. Je le laisse s'infiltrer dans ma chair pour la marquer. La marquer à vif. Je l'aime. Oui, je l'aime. À chaque regard échangé, mon corps reçoit un courant électrique qui chatouille mon être. À chaque effleurement, mon corps me chatouille à l'endroit même où notre peau est entrée en contact. À chaque fois que je pense à elle, je ne suis plus moi-même, je suis perdue dans les tréfonds de mon esprit. Il n'y a pas plus de quelques heures, mon coeur battait pour elle à en exploser. Il battait pour elle. Pour son bonheur, ses sourires, ses éclats de rire, sa moue boudeuse quand elle essaie de m'amadouer. Et putain, son regard. Son regard chocolat qui m'observe avec douceur. Une douceur que je n'ai pas connue. En tout cas, plus depuis sa mort. Je l'aime au point de ne pas supporter que quelqu'un pose la main sur elle. Et me dire qu'elle a pris un coup, que ce soit de sa famille ou non, je ne peux le tolérer. Je l'aime à risquer tout et n'importe quoi. Je l'aime à être prêt à la regarder jouer au bad' jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et que je la prenne dans mes bras pour qu'elle s'y repose. Je l'aime à passer des moments sans ne plus regarder l'heure et sans avoir peur que quiconque ne nous réprimande ensuite. Je suis prêt à l'aimer et la rendre heureuse. Je suis prêt à m'ouvrir de nouveau quitte à mourir une seconde fois sans peut être réussir à me relever cette fois-ci. Je suis prêt à vivre de ses blagues pourries. Je suis prêt à la voir chaque jour de chaque semaine. À endurer ses soirées films pour « parfaire ma culture cinématographique » comme elle dit. Je suis prêt à remuer ciel et terre pour elle. Je suis prêt, prêt à ouvrir une nouvelle fois mon coeur. Je ne la connais que depuis quelques jours mais je suis prêt. Je suis prêt à l'aimer coûte que coûte.

Alors, je roule.

Mes jointures sont blanches tellement je sers le volant. Ma mâchoire me fait mal tellement je la contracte.

Les voitures roulent aussi lentement qu'un tracteur le ferait or, la limitation est quatre-vingts-dix, ici.

Qu'est-ce que les gens peuvent m'agacer !

Allez, bougez, putain !

Je m'acharne sur le klaxon et dépasse lorsqu'une ouverture se présente. Je ne peux pas attendre de recevoir un signe de sa part. Je sais que ce n'est pas une qualité d'être aussi impulsif mais je promets de ne pas casser de gueule, ce soir. Enfin, j'essaierai.

Je pénètre dans sa rue et, pour ne pas éveiller les soupçons, je me gare huit maisons plus loin. Je ferais le chemin à pied.

J'aperçois de la lumière à travers une fenêtre sur le côté gauche de la maison. Lorsque je me cache derrière un buisson du jardin de la maison voisine, j'observe sur quoi elle donne et je la vois. Elle est là. À faire les cents pas. Elle est si belle.

Alors je m'approche au rebord de sa fenêtre pour l'atteindre.

Elle ne m'a pas vu. Elle continue de parcourir sa chambre, seulement je remarque quelque chose qui remplit mon corps de fureur et je me retiens d'aller choper par le colback le type qui lui a fait ça.

Putain, je vais le tuer !

Je le promets.

The Silent BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant