KOLE

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Je la regarde s'asseoir et déballer les affaires que je garde toujours dans le panier de maman. Elle les énumère.

— Voyons voir. Une gourde de jus avec des verres rétractables et refermables. Et bien, et bien, high-tech à ce que je vois, s'étonne-t-elle en les secouant vers moi. Des bonbons, des paquets de gâteaux et... oh mon dieu ! Des Bounty ! Mais qui peut manger ça ! Tu manges vraiment ça ?! Mais t'es malade, ça va pas dans ta p'tite tête ! Les Milkyway sont infiniment meilleurs !

Je hausse les sourcils de dégoût et imite un vomissement. En réalité, je n'ai jamais goûté aux Milkyway. Les chocolats de ma mère était les Bounty et rien d'autre alors pour la rendre heureuse, j'en mangeais avec elle. Et puis qui ne rêverait pas de partager quelque chose avec sa mère pour rendre une journée tellement incroyable encore plus incroyable qu'elle ne l'est déjà ? Depuis, j'ai appris à aimer la coco mais seulement dans ces chocolats, rien d'autre.

— Tu devrais goûter aux Milkyway ! Je te jure tu vas avoir un orgasme culinaire lorsque le chocolat aura pris contact avec ta langue et ton palais. Promis, la prochaine fois j'en ramène !

Donc, il y aura une prochaine fois.

C'est noté.

— Attends, attends ! Maintenant que j'y pense, mais c'est pas périmé tout ça ?! s'écrit-elle en empoignant tous les sachets et les tournant tellement vite dans tous les sens que je me demande comment elle peut lire les dates de péremption.

Je ris et me laisse tomber sur le dos laissant le panier nous séparer. J'observe le ciel, les oiseaux qui y volent, en espérant qu'ils ne me chient pas dessus, comme avec ma mère. Mon rire reprend. Elle m'interroge du regard et je décide de lui répondre, alors je sors mon téléphone et roule sur le ventre tandis qu'elle s'allonge à mes côtés en ouvrant un paquets de gâteaux.

Je viens de me souvenir d'un moment passé avec ma mère. Un oiseau lui avait chié dessus. En plein entre les deux yeux. C'était hilarant.

Elle éclate de rire en roulant sur le dos.

J'adore ce son. Tellement cristallin, doux et son visage si vrai. Elle est si belle. Mes sentiments envers elle se chamboulent. Je suis censé la détester, mais je ne peux m'empêcher de l'admirer.

Une mèche tombe sur son visage, alors je la replace derrière son oreille. Le doux son de son rire s'éteint et nos pupilles se bloquent l'une dans l'autre, nous perdant dans le regard de l'autre. Nous lisons l'âme de l'autre.

— Tu devrais éviter de faire ça, chaton, ou alors je ne vais pas me contenir.

Mon expression change du tout au tout et mon bras retrouve le reste de mon corps.

#Commentgâcherunmomentmémorable.

Son doux rire revient.

— Je te taquine, Kole. Je vais rien faire. Surtout pas avec toi, feint-elle de vomir.

Je mime d'être soulagé et me dépêche d'écrire sur mon portable.

Et toi, tu as des anecdotes ?

Je lui tends mon téléphone et elle lit.

— Oui ! J'en ai une mais faut vraiment vraiment pas que ça se sache, alors je te fais confiance !

J'acquiesce.

— Un jour, ma mère faisait à manger et j'ai dû apporter la grosse et lourde gamelle de pâte et finalement je me suis prise les pieds dans une plainte et le plat à volé dans la pièce répandant les pâtes partout par terre. Je peux te dire j'ai éclaté de rire lorsque mon menton à tapé le sol. Par contre, je rigolais moins après. J'ai eu super mal et je me suis même cassé une dent, regarde, énumère-t-elle en me montrant ses dents de lapin.

Dans la même ambiance mon rire se joint au chant des oiseaux. Sont regard se porte sur mes lèvres, sûrement surprise que du son franchisse la barrière de mes lèvres.

— Pourquoi tu ne parles pas ?

C'était la phrase de trop. Ça m'a refroidi et je ne rit plus du tout. Elle l'a remarqué, mais ne s'excuse pas.

Je croyais avoir été clair là dessus. Tu ne me demandes pas pourquoi je ne parle pas.

— Pardon, mais tu es tellement intriguant. J'ai envie d'en apprendre plus sur toi.

Je ne réponds rien et nous sert du jus de raisin. Le jus préféré de ma mère.

— Excuse-moi, pardon. Je ne voulais pas. Je sais ce que ça fait d'avoir des secrets et qu'on te demande toujours ce qu'il y a. Vraiment pardonne-moi.

Je t'excuse, mais s'il te plaît ne force pas.

— Oui, pardon.

Elle boit son verre de jus. Et moi aussi. Un silence presque gênant plane sur la clairière. Je lui jette un regard et mon regard d'encre au sien. Encore. Elle semble vraiment mal de m'avoir posé la question. Presque mal à l'aise.

— Chuuut.

Ses yeux s'écarquillent et je lui signifie d'un signe de tête que ça va, c'est bon, c'est passé. Elle acquiesce et colle un peu plus sa joue sur ma main qui était venue inconsciemment la caresse. Nos regards fuguent sur le visage de l'autre, on s'analyse, se cherche, se questionne. Je crois connaître ses sentiments mais je ne peux les ressentir de nouveau. Je ne veux pas la perdre elle aussi. Je ne peux pas. Ce serait trop dur. Trop douloureux. Alors je la réprime. Encore. Puis encore. Et encore.

The Silent BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant