KOLE

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— Wow wow wow wow wow wow wow ! Mais c'est fabuleux ! s'excite-t-elle en bougeant ses mains dans tous les sens.

Je l'observe toute heureuse. Elle a repris des couleurs. Je souris, puis reporté mon attention sur le paysage au loin. Une grande étendue d'herbe fleuri se dresse devant nous faisant de ce tableau le plus paisible possible. Plus loin, le son des grenouilles du lac se marie avec le chant des grillons et des gazouillis des oiseaux.

Comme dans mes souvenirs.

Je reviens à l'instant présent lorsque Carly m'embrasse la joue. Surpris, je ne la vois pas tout de suite courir sur l'herbe fraîche, criant de toutes ses forces. Mon sourire renaît. Pas le sourire tristement que j'affichais il y a peu, non. Celui-là est détendu, heureux. Je poursuis Carly en riant et lâche les affaires au centre de la clairière pour lui courir après et finalement la soulever tel un sac à patate. Elle rit. Ce doux son claironne à mes oreilles, me faisant mal aux zygomatiques.

— Lâche-moi, espèce de babouin !

Je resserre d'autant plus ma prise sur elle en faisant demi-tour vers le lac. Elle comprend aussitôt et me frappe le dos tout en criant de douces paroles à mon attention.

— Ok, ok, pardon, Kole ! Je m'excuse, tu es le gars le plus gentil, sympa et rigolo que je connaisse ! Maintenant repose-moi, s'il te plaît ?!

À sa demande, une idée germe dans mon esprit. Elle semble la comprendre.

— Et pas dans l'eau ! ajoute-t-elle en gigotant sur mon épaule.

Je ris, d'un rire franc en la reposant au bord de l'eau.

Finalement, elle sourit. Durant quelques instants, nous nous observons, les yeux dans les yeux, sans ciller. Je lui souris en retour.

Autour de nous, c'est comme si le temps s'était arrêté. Peu important le temps que l'on prend à s'observer, ce qui compte c'est le moment présent. Celui où nous profitons de nous, et seulement de nous.

Ses yeux bleus sont presque translucides au soleil, aussi clairs que de l'eau d'une petite rivière peu profonde. Les rayons du soleil dévoilent également des mèches blondes claires de ses cheveux blonds foncés relevés en queue de cheval haute. J'ai pour habitude de préférer les cheveux relevés mais avec elle... lorsque ses doux cheveux tombent en cascade sur ses épaules et encerclent son précieux visage, je ne réponds plus de moi-même.

Elle est si jolie.

Merde, reprends toi, Kole !

Ça va pas du tout là !

Mon sourire s'éteint et je casse notre contact visuel sous son regard soudain perdu. Je n'aime pas ce regard.

Je rejoins les affaires que j'ai laissées un peu plus loin sur la berge. Je suis perdu.

Qu'est ce qu'il me prend !

Qu'est-ce qu'il m'arrive !

Pourquoi je suis comme ça !

Je ne la connais que depuis 4 jours !

Elle me court après, sûrement pour ne pas comprendre mon changement d'humeur. C'est simple, je ne sais même pas moi-même. Quels sont ses sentiments qui me traversent à chaque fois que je suis avec elle ? Même rien qu'à l'idée que je sorte avec elle.

Je chasse mes questionnements, ne voulant pas y penser maintenant et j'essaie de me reprendre. Après tout, je suis ici pour lui changer les idées.

— Hé ! Hé, Kole ! Je te parle !

Je ne me retourne pas et poursuis mon chemin.

— Kole McCoy !

Comme si j'allais me retourner à mon compte complet. Je sors du sac osier de ma mère une nappe plutôt cliché : rouge à rayure blanche, et la déplie pour la déposer à même le sol.

— Kole McCoy, je te parle alors je te prierais de m'écouter quand je te parle ! hausse-t-elle le ton en m'attrapant par l'épaule pour me retourner.

Par pure défense injustifiée, je me débat de sa main.

Pas lui.

Ne reviens pas.

Pas maintenant.

Pas là.

Jamais.

Je me détourne lorsque je croise son regard apeuré

Non, non, non.

Je ne voulais pas, pardonne-moi, j'ai envie de lui crier. Mais je ne peux pas. Enfin si. Je pourrais. Mais je n'y arrive pas.

Je tente de trouver une respiration posée en me concentrant sur les bruits alentour, ceux de la nature, comme elle me l'apprenait petit.

Carly semble voir mon mal être puisque lorsqu'elle se place face à moi, elle me sourit, m'embrasse la commissure des lèvres ce qui me provoque encore ce tourbillon d'émotions puis elle me prend délicatement dans ses bras. J'apprécie son geste et encore une fois nous restons ainsi un long moment. Aussi longtemps qu'il le faut pour que je retrouve mon calme.

Je ne me soucie pas de l'heure quand nous nous détachons mais une chose est sûre, nous devons être en fin d'après-midi vu l'emplacement du soleil dans le ciel. Je la remercie d'un sourire en lui caressant la joue. Elle me rend mon sourire.

— Bon que me caches-tu dans ce panier ?

The Silent BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant