The Silent Boy

CARLY

— Pépitaaaaasss ! Faut trop trop trop que je vous raconte un nouveau faux raccord que j'ai découvert dans Avengers Endgame ! je hurle dans le couloir en me jetant dans les bras de mes deux meilleures amies. Vous voyez durant la grande batai-

Elles m'agrippent par la manche et m'entraînent dans un couloir plus tranquille et à l'abri des oreilles indiscrètes.

— Dis-nous tout ! Ça va ? Tout va bien ? s'inquiète Camila en me serrant fort dans ses bras.

Li, comme pour l'imiter, la remplace après que nous nous soyons séparées.

— Pas grand-chose de plus que d'habitude : une engueulade avec Jason en plus de devoir débarrasser ses couverts, j'annonce lasse pour ne pas montrer à quel point ça m'atteint en réalité. Sinon ça va, j'avais juste envie de le revoir.

— Tututut... Ne nous prends pas pour des cruches Lyly ! Nous sommes tes amies et nous savons particulièrement bien que lorsque tu regardes Avengers Endgame c'est que tu es dans le mal, et nous sommes là pour t'aider ensuite à aller mieux.

Elle me regarde en me tenant les mains pour me transférer tout son amour, sa gentillesse et sa force dans ses propos.

— Dois-je te rappeler que j'étais là quand tu as regardé pour la seconde fois Avengers Endgame après ta rupture avec Nathan ? Aussi pour la mort de ta tortue, Flavie, et puis ton chien, Tsuki ? Tu étais anéantit pour chacune de ces fois et encore je n'ai pas tout dit, ce serait bien trop long. Mais je me rappelle aussi cette fois où nous l'avons regardé toutes ensembles parce que Li, qui était la petite nouvelle de l'école, s'était faite bousculée dans les escaliers et avait fini avec une dent de lait en moins, trois points de suture au crâne et un bras dans le plâtre. Tu avais voulu qu'on le regarde pour réconforter Li qui avait pleuré toute la journée parce qu'elle avait mal et qu'elle n'arrêtait pas de se plaindre comme quoi elle allait être horrible avec un plâtre. Tu te souviens de ce que tu nous as sorti ?

Je secoue négativement de la tête tout en essuyant une larme qui s'est échappé de mes yeux.

— Tu as dit : « Ne t'inquiète pas, Li. On va regarder le meilleur film au monde ! C'est celui qu'on regarde avec mon papa quand l'un de nous est triste. Ensuite, on a l'habitude de se confier sur ce qui ne va pas. Tu ne seras pas obligée si tu ne veux pas mais moi ça m'aide, et puis à la place on pourra dessiner sur ton plâtre si tu préfères. » Voilà ce que tu as dit. A partir de ce moment, je ne sais pas pour Li, mais moi, je me suis promise d'être toujours là pour toi et de partager le rituel de ton père. Alors, je me répète, s'est-il passé autre chose ou seulement ça mais tu ne souhaites pas nous dire réellement ce que tu ressens ?

Camila trouve toujours les bons mots. Jamais elle ne dit de mots de travers et vous force à être honnête envers vous-même. C'est pour ça que je l'aime.

— Tu as raison. Je me mens à moi-même. Encore une fois, Jason m'a pris de haut et cette fois-ci m'a ordonné de débarrasser son assiette en plus de la mienne.

— Et ta mère ? me questionne Li en replaçant une mèche qui barre mon visage.

Je secoue la tête de droite à gauche pour lui signifier que ma mère n'a encore rien fait. Elles me regardent peinées et me serrent fort dans leur bras alors que la cloche sonne. Nous nous séparons puis nous quittons pour rejoindre nos salles respectives, nous nous retrouverons dès midi lors de la pause méridienne.

Je grimpe les escaliers et m'installe dans l'amphithéâtre. Je me trouve à côté d'un inconnu qui mastique un chewing-gum.

Déjà fatiguant.

Le professeur pénètre dans la salle et pose son sac sur le bureau. Il tire vers le bas le tissu recouvrant le tableau blanc afin de le dévoiler.

— Bonjour à tous ! Je suis Monsieur Garcia et je remplace Madame Silva qui a pris sa retraite. Je vous préviens tout de suite, je suis assez cool, seulement, si vous ne me respectez pas je ne vous respecterais pas, me suis-je bien fais comprendre, commence-t-il sympathiquement mais tout aussi farouchement. J'espère que vous avez tous passé de bonnes vacances d'été, je vois que certains sont bien bronzés, félicitation ! Pour ceux qui n'auraient pas apprécié leurs vacances alors dommage pour vous, mais je ne veux rien savoir de celles-ci. Bien, commençons !