Les émotions

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TW : mort, idées suicidaires

Dans ce chapitre, je parle un peu de mes émotions vis-à-vis de la mort ainsi que de comment je gère mes idées suicidaires. Si vous en ressentez le besoin, n'hésiter pas le lire dans un moment où vous êtes en présence d'un soutien, ou à le passer si ce sont des thématiques qui peuvent vous mettre dans des états émotionnellement difficiles.

Dans tous les cas, si vous avez besoin de parler ou si vous êtes dans un état émotionnellement difficile, des lignes d'écoute sont toujours à votre disposition :

Belgique : 106 / 0800 32 123
Canada : 5147234000 (Montréal); 18662773553 (en dehors de Montréal)
France : 0145394000
Suisse : 143

Prenez soin de vous, et bonne lecture !


Le devoir de ressentir

Tout le monde a une idée préconçue ou une attente de comment devrait réagir l'autre face à une situation donnée. Cette idée peut découler de projections de sa réaction supposée à cette situation, avec ou sans les connaissances des spécificités de la personne qui réagit à la situation.

Je me suis souvent sentie en décalage avec les réactions de mon entourage. Dans certains cas, la réaction à une situation donnée était plus forte que je l'imaginais, mais dans la plupart, elle était tout simplement différente et n'avait rien à voir avec mes idées préconçues, mes projections ainsi que mes propres réactions.

En effet, il m'arrivait de ressentir une forte colère et un sentiment d'injustice face à une situation qui me touchait, et les autres personnes autour de moi ne paraissent pas comprendre mon état lorsque je m'exprimais sur cette émotion. De la même manière, je ne partage pas la forte tristesse que mon entourage ressent à des enterrements, alors que je ressens d'avantage de sérénité et de réconfort pour la personne qui est partie.

Mon entourage a pu donc me reprocher par le passé d'avoir des réactions "disproportionnée" ou "inadéquate" face à des situations données, comme si leurs projections devaient dicter ma réaction à un événement. Ma réaction à cela a été d'apprendre à inhiber et surcontrôler mes émotions, pour montrer à la place ce que j'ai l'impression qui est attendu de moi par la société.


Le surcontrôle de mes émotions

Le contrôle de ses émotions en tout temps et toutes situations est souvent ce qui est attendu par la société. En effet, on voit d'un mauvais œil une personne qui s'énerve et exprime sa colère, d'autant plus si c'est une personne sur le spectre de genre féminin.

Je ne vais pas rentrer ici dans les dynamiques de genre qui font ressortir des différences de permissivité dans l'expression de certaines émotions en fonction d'où la société nous place sur le spectre du genre. Mais, de manière générale, la société tend à normaliser nos réactions, à nous rendre toujours à l'affut de la moindre fuite d'émotion, ce dans le but de rendre conforme à une norme établie les réactions que nous avons en tant qu'individu.

Cela a eu pour effet sur moi d'apprendre à jouer un rôle par rapport à mes émotions, et de le faire bien. J'arrive à enfermer une émotion forte et à la cacher aux yeux des autres, puis la recouvrir par l'humour, le dialogue et une certaine honnêteté vis-à-vis du reste de mes émotions pour lesquelles je ne ressens pas ce besoin de les cacher. C'est un processus qui peut avoir lieu avec différentes émotions, comme l'injustice vis-à-vis d'une situation qui paraît banale pour mon entourage, le malaise, la honte, et surtout les idées suicidaires lorsqu'elles sont présentes.

Dans tous les cas, ce processus est un élément qui peut me porter dangereusement préjudice, et j'essaie de travailler sur moi pour exprimer des émotions envers lesquelles je tente de mettre des barrières imaginaires.


Y a-t-il de bonnes ou de mauvaises manières d'exprimer ses émotions ?

Il peut effectivement être déroutant pour les autres et pour soi-même de ne pas ressentir une émotion qui est partagée par l'entourage, ou qui est la résultante de l'inhibition d'autres émotions profondément enfouies.

Cependant, à mon avis, nous sommes toujours légitimes à ressentir une émotion, quelle qu'elle soit. Nous avons des capacités de gestions des émotions différentes, et le problème résulte surtout lorsque le processus d'expression d'une émotion porte préjudice aux autres ou à nous-mêmes.

Dans le cas de l'inhibition des émotions, bien qu'elle puisse être un moyen de défense dans certains cas, elle est souvent source de mal-être sur le long terme.

On a tout à gagner à s'ouvrir aux autres de manière sincère et transparente, et à écouter son vrai soi.


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