TW : mort, idées suicidaires
Dans ce chapitre, je parle de ma perception de la mort ainsi que la façon dont je vis les idées suicidaires lorsqu'elles sont présentes.
Si vous en ressentez le besoin, n'hésiter pas le lire dans un moment où vous êtes en présence d'un soutien, ou à le passer si ce sont des thématiques qui peuvent vous mettre dans des états émotionnellement difficiles.
Dans tous les cas, si vous avez besoin de parler ou si vous êtes dans un état émotionnellement difficile, des lignes d'écoute sont toujours à votre disposition :
Belgique : 106 / 0800 32 123
Canada : 5147234000 (Montréal); 18662773553 (en dehors de Montréal)
France : 0145394000
Suisse : 143
Je vous partage également ce que j'ai l'habitude de faire lorsque je me sens émotionnellement envahie par des pensées intrusives en lien avec des idées suicidaires :
1. Avertir un ou des proches que je ne me sens pas bien.
2. Me mettre en sécurité.
3. Faire une activité ressourçante (des origamis dans mon cas) ou me doucher.
4. Tenir au courant mes proches de mon état et de l'évolution de celui-ci.
5. Appeler un professionnel si à n'importe quel moment de ce processus je me suis sentie en danger
Vraiment, j'insiste sur le fait que vous êtes une petite flamme qui méritez de partager longtemps votre lumière et votre chaleur avec votre entourage et avec vous-même.
Prenez soin de vous, et bonne lecture !
La mort, partie intégrante de la vie
Il n'y a pas de mort sans vie, tout comme il n'y a pas de vie sans mort. La vie n'aurait aucun sens et aucune valeur si on vivait éternellement.
Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours accepté la mort tout comme j'acceptais la vie. Je les vois comme deux concepts qui sont complémentaires, qui se valent. Ce sont pour moi deux chemins qui ont chacun leurs avantages et désavantages.
Je perçois la vie comme la fluctuation des émotions, des sentiments, et des humeurs. Il y a dans la vie quelque chose d'inattendu, dans les sens positif et négatif du terme. Tout peut arriver, et c'est cela qui est à la fois merveilleux, ou qui peut parfois faire peur ; cette courbe sinusoïdale incontrôlable que représente la vie.
Quant à la mort, je la perçois comme l'absence de tout. Plus d'émotions à ressentir ou à gérer, plus de quoi se réjouir ou se morfondre. La neutralité ; une ligne qui continue et restera jusqu'à la fin la même.
Cette vision de la vie et de la mort a pu inquiéter et inquiète encore parfois mon entourage par rapport à ma vision "défaitiste" et "pessimiste" de ces concepts. Il faut savoir que cela fait 2 ans que je vis avec une dépression qui fluctue, et que j'ai fait une tentative de suicide il y a une année. Je comprends donc que mon entourage aimerait me redonner le "goût de vivre", à savoir une joie dans la vie et une non-volonté de la mort.
Pourtant, à mon sens, il s'agit plutôt d'une vision réaliste et terre-à-terre de la vie et de la mort. Je vois des avantages et des désavantages dans les deux, et je ne fais pas la promotion du suicide en disant cela.
Du bon comme du mauvais dans tout
Je ne perçois pas la vie comme étant meilleure que la mort. La mort non plus n'est pas meilleure que la vie. Je vois simplement deux amies qu'on a voulu séparer pour n'en garder qu'une alors que les deux sont complémentaires et possèdent du bon comme du mauvais.
Si je vis, je peux passer du temps avec mes proches, découvrir de nouvelles activités, m'épanouir, vivre de l'ennui ou un sentiment de vide, et penser à la mort. Et si je meurs, je ne ressentirai ni ce plaisir intense d'être avec mes partenaires, ni ce sentiment de vide et ces pensées de mort.
Et entre ces questionnements incessants, j'essaie de tenir le coup, de vivre convenablement, même si ce n'est pas facile tous les jours.
Et les proches dans tout ça ?
Avoir des proches qui nous soutiennent peut être une grande source de réconfort, ou une source de tension et de peur de leur faire du mal avec ses pensées suicidaires.
J'ai déjà reçu des mots d'amours et de soutien quand je n'allais pas bien, et ça a fait toute la différence dans mes moments difficiles. Vous vous reconnaitrez dans ces lignes, mais je suis vraiment reconnaissante de votre présence dans ma vie. À côté de ça, j'ai déjà eu des commentaires tels que "Pense au mal que tu feras autour de toi", et d'une part j'y pense toujours sans que personne ne me le dise lorsque j'ai des pensées suicidaires, d'autre part cela ne m'aide pas à ne pas culpabiliser lorsque je suis dans une passe émotionnellement difficile.
L'injonction à toujours montrer le meilleur de nous-mêmes
La société nous pousse à toujours montrer le meilleur de nous-mêmes. Cela rend le sujet de la mort et du suicide tabou, alors qu'en parler est la première cause de survie des personnes concernées.
Et j'ai une bonne nouvelle pour vous : les idées suicidaires peuvent partir ! Et revenir aussi, mais toujours repartir ! Dans ce sens, il est important de libérer la parole autour de ces thématiques.
En effet, les fluctuations des émotions sont humaines, il peut donc arriver d'être dans une mauvaise passe et de penser à la mort. Mais si la société nous force à cacher et à avoir honte de penser à cela, alors effectivement, on peut se retrouver en réel danger.
Ce qui m'a aidée à aller mieux
J'ai une vision de la vie et de la mort qui est réaliste à mon sens, et "défaitiste" pour certaines personnes. Mais ce qui m'a le plus aidée, ce n'est pas d'essayer de changer ma vision sur les sujets de vie et de mort, au contraire. Il m'a été beaucoup plus bénéfique d'accepter ma vision de la vie et de la mort, tout en agissant sur les stratégies que je peux mettre en place lorsque je suis en période de crise, et ce, afin de prévenir une potentielle tentative de suicide.
La communication a été la principale stratégie. Je tiens toujours au moins une personne au courant sur mon état émotionnel pour me décharger d'un poids lorsque je me sens surstimulée par mes pensées suicidaires. De plus, je sais aussi que me mettre en sécurité dans ma chambre, me doucher, et faire de l'origami ou des jeux vidéos sont des stratégies qui fonctionnent sur moi.
Dans tous les cas, il ne suffit parfois pas de s'aimer et/ou d'être aimé.x.e. À ce moment-là, il faut oser demander de l'aide et se mettre en sécurité. Il n'y a aucune honte à demander une aide spécialisée, et ce sont même des personnes qui sont plus à même de vous aider dans des situations de crises.
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Non Conforme
Non-FictionVous avez parlé d'injonctions ? Et bien vous voilà au bon endroit. En effet, j'en vis beaucoup d'injonctions dans ma vie étant une personne transgenre, polyamoureuse, sans emploi et j'en passe. C'est pourquoi j'ai décidé de parler de tous les aspect...