Le travail

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Avoir de la facilité

Mon entourage a toujours trouvé que j'avais de la facilité à évoluer dans le monde de l'école et des études. Si on parle de facilité intellectuelle et relationnelle, je pense qu'effectivement j'arrivais à être suffisamment consciente des attentes du système scolaire pour donner l'impression que j'avais travaillé mes sujets ainsi que m'entendre avec à peu près tout le monde dans la classe. Cependant, je calculais beaucoup l'énergie que je devais investir dans chaque domaine, et je me basais sur mes branches favorites pour rattraper celles que je détestais.

À mon sens, ma "facilité" est en réalité une conscientisation des attentes et de mes compétences, ainsi qu'un contrôle de mon stress, tout cela dans le but de montrer exactement ce que le système attendait de moi de manière posée et détendue. Cela ne veut pas dire que j'adhérais à ce même système, mais que j'avais suffisamment de pression familiale et sociétale pour continuer à faire ce qu'on attendait de moi sans le questionner.

Je considère que cette "facilité" m'a beaucoup porté préjudice lorsque j'ai commencé à remettre en question le système qui m'entourait, et que j'ai arrêté à plusieurs reprises mes études, quand bien même j'avais de bonnes notes. Mon entourage ne comprenait pas pourquoi je ne profitais pas de mes compétences pour en faire quelque chose de "constructif" socialement parlant en terminant un projet de formation.

De mon point de vue, ce n'est pas parce qu'on a des compétences qu'on doit forcément les utiliser que ce soit pour mener à bien un projet professionnel ou personnel. À mon sens, cette notion de "terminer" tout ce que l'on commence est très questionnable et plus stressante que gratifiante.


Terminer chaque projet

Mon entourage m'a souvent reproché de ne pas terminer ce que je commençais. Je me dispersai dans une multitude de domaines différents, et mes proches me le reprochaient en me disant souvent qu'il faudrait que je me concentre sur un seul projet pour le mener à bien.

Le problème dans cette remarque, c'est qu'elle ne prend pas en compte la multiplicité des fonctionnements humains. Pour certaines personnes, il peut effectivement être gratifiant de se concentrer sur un projet à la fois et de le terminer jusqu'au bout, de devenir expert.e dans un domaine. Mon entourage avait plutôt cette vision du travail et des loisirs, et cela fonctionnait très bien pour elleux.

Cependant, j'avais besoin de beaucoup de découverte dans mes activités, et le seul moyen que j'avais trouvé pour que cela réponde à mes besoins, c'était d'en changer souvent. En effet, ce qui m'intéresse dans un projet, c'est le processus de découverte, de compréhension de comment finir une nouvelle tâche. À partir du moment où j'ai compris comment cela va se passer et qu'il n'y a plus de nouveauté dans le processus, mais des tâches répétitives telles que du drill, je ne vois plus le sens de continuer, je me lasse, je deviens incapable d'investir davantage le projet.

Et c'est à ce moment que je perds le sens de ce que je fais et que je me questionne, que je change d'activité pour retrouver de la découverte.

Car c'est la découverte dans mes activités et qui fait sens à mes yeux.


Le sens du travail

Cette multiplicité de découvertes dont j'ai besoin n'est que peut compatible avec le monde du travail, où il y a forcément des tâches répétitives ou des projets uniques que l'on est obligé de finir pour passer ensuite à un nouveau projet.

Étant donné que je me lasse rapidement, j'ai vite fait de questionner le sens de ce système du travail dans lequel je me sens coincée et obligée. En effet, je ne me sens pas en adéquation avec le fait que le travail soit une composante essentielle au bon fonctionnement de nos vies et de notre société. Comme s'il n'y avait pas d'autre solution pour simplement vivre.

En fait, le fait d'être obligée d'avoir un travail alimentaire pour vivre est une grande source de stress et de souffrance pour moi. Cela m'a souvent mise dans des états émotionnellement difficiles, et c'est aussi cela qui m'a poussé à arrêter mes études à deux reprises. Je m'approchais du monde professionnel et je n'ai pas su me faire à cette idée que j'allais entrer dans ce cycle infernal.

Le sens d'avoir un papier, qui est considéré comme plus important que les expériences de vies et les compétences réelles, me révulse également. J'ai l'impression que l'administratif prévaut sur la réalité du terrain et je ne comprends pas comment on a pu en arriver là.

Tout cela me faire perdre le sens du travail. Je n'arrive pas à trouver ma place dans cet univers étrange du monde professionnel. De plus, je n'ai pas besoin du travail pour me sentir reconnue pour mes compétences et mes capacités. J'arrive très bien à m'occuper et m'investir dans une multiplicité de projets par moi-même. Et je me réinvente souvent dans mes activités.

Le travail ne fait donc pas partie des composantes de ma vie qui m'apporte du plaisir et qui m'épanouit dans ma vie. C'est aussi un grand stresseur dans ma vie actuellement. C'est pourquoi je me suis questionné sur mes besoins réels face au travail.


A-t-on besoin de travailler ?

Cette question dépend avant tout du facteur humain. Certaines personnes ont besoin d'un élément structurant dans leur vie, et le travail peut représenter cette motivation à avancer dans des projets, tout en se sentant valorisé.x.e. Cependant, il y a un problème lorsque l'on supprime la possibilité de ne pas travailler, en ignorant le stress et le non-sens pour certaine personne de l'injonction au travail.

Dans mon cas, je suis épanouie dans ma vie sans le travail. Cela fait bientôt 2 ans que je suis sans emploi, et je crée sans cesse de nouveaux projets personnels, que ce soit en écriture, en musique, en art, tout en m'épanouissant dans la lecture, les jeux vidéos et dans mes activités avec mes partenaires.

J'ai une vie bien remplie, un rythme sain, et le travail ne m'apporterait rien de plus, tout simplement.


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