Chapitre 8

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- Comment tu fais pour ne même pas avoir un semblant de douleur ?

Ses sourcils se froncent et il se retourne pour se mettre dos à moi, j'ai l'impression qu'il fait exprès de m'ignorer. C'est un enfant jusqu'au bout ou c'est comment ? Je soupire fortement.

- Arrêtes de m'ignorer et réponds moi.

Toujours rien, il remet son cactus dans son pot et le replace sur le rebord de la fenêtre en lui parlant mais moi je n'existe plus, à croire que c'est moi le cactus ici. Je lui prends l'épaule et le retourne de force, ses yeux évitent les miens le plus possible et je comprends que ce n'est pas pour me bouder ou autre qu'il ne me répond mais plutôt par honte ou quelque chose du genre. Je comprends alors que le mieux pour nous deux est que je laisse tomber cette question, de toute façon ce n'est pas mon problème donc je n'ai pas forcer autant pour savoir des choses sur quelqu'un que je ne reverrai plus après cette soirée.

- Tu sais quoi laisses tomber, dis moi juste où est la trousse de soin.

- Au dessus du frigo.

Il n'ose toujours pas me regarder, je sens bien que quelque chose ne va pas. Je me dirige vers la cuisine prendre la trousse de soin, quand je reviens je remarque que quelques gouttes de sang tombent sur le sol. Il va falloir nettoyer ça aussi, il le fera sûrement après. Je me rapproche et désinfecte ses plaies, il ne sursaute pas, aucune réaction de sa part ce que je trouve encore plus étrange mais je ne dis rien, ça à l'air de quelque chose de tabou quelque chose qu'il garde honteusement pour lui même, j'avais une idée de pourquoi mais je ne vois aucune marque sur ses bras donc mon hypothèse a fini par tomber à l'eau. Quand il voit que je fixe ses bras il baisse la tête, toujours un regard indifférent mais son corps dit autre chose.

- Eh Nagi, je sais qu'on se connait pas et que oui je suis pas le plus intéressé par ta vie mais ça ne veut pas dire que je suis dénué d'empathie, donc t'as pas intérêt à te faire du mal.

- J'ai jamais fait et je ne ferai jamais.

Sa phrase était froide mais elle semblait sincère alors je me fais un peu moins de soucis, une fois les bandages enroulés je range la trousse de soin, Nagi n'a pas bougé d'un poil regardant toujours fixement ses pieds.

- Au pire on s'en fou okay, si tu veux pas en parler t'en parle pas.

- Ouais.

Il relève la tête et fait comme si rien ne venait de se passer, je ne pouvais pas ne pas paraître mal à l'aise au vu du changement soudain de comportement, ce mec à un problème c'est pas possible, il est stressant. Je joue donc mon meilleur jeu d'acteur faisant semblant de passer à autre chose sans que toute la discussion avait disparu en espérant oublier ce passage quand moi et Nagi deviendrons à nouveau des inconnus, ce n'est pas mes affaires de toute façon il n'est rien pour moi et ne sera jamais rien, il n'est qu'un énième gars normal que j'envie parce qu'il est normal et qu'il n'a rien à ce soucier.

Nagi retourne dans le salon et allume la télé, il se retourne vers moi.

- Ça te dit une partie de jeu vidéo ?

Il allume sa Ps4 et démarre un jeu de foot, donc il a aussi une console de jeu. Je n'ai pas le droit à ces dites "futilités" chez moi car apparemment ça me déconcentrait et m'éloignerait de mes réels objectifs, ces objectifs qui m'ont bien sûr été imposés par mes très chers parents.

Alors que je peste à nouveau sur mes parents en regrettant le milieu où je suis né Nagi me tend une manette, il scrute chaque mouvement de mon corps et mon visage mais rien ne me trahi, pourtant il a l'air de se poser des questions, ça doit être autre chose, je m'efforce à me dire que c'est autre chose.

Je prends sa manette et m'assois dans le canapé à côté de lui, je n'ai jamais joué aux jeux vidéos avant alors je ne fais que perdre, je sais même pas à quoi servent tous ces boutons, il y en a bien trop.

- C'est trop simple de gagner avec toi.

Il me dit ça en arrêtant de faire bouger son équipe, on est déjà à 10 - 0 pour lui alors j'abandonne à mon tour.

- Peut être parce que je m'y connais pas.

- Ta pas de jeux vidéos chez toi ?

- Si mais j'y joue rarement.

Bien sûr c'est un mensonge mais je ne vais pas lui dire que ma vie est un travail content, aucun moment pour s'amuser c'est travail du matin au soir et aucun congé, que je sois malade ou même dans une énorme fatigue à cause de la pression constante sur mes épaules qui me tue petit à petit alors que je n'ai aucun échappatoire. Je n'ai jamais eu de repos et je n'en aurai jamais, c'est la dure vie dans laquelle je suis né, la vie de l'enfant riche envié de tous, si ils savaient ce que c'était vraiment ils ne diraient pas la même chose.

- Au pire on se fera des parties quand tu reviendras chez moi la prochaine fois.

Hein ? Mais de quoi il parle ? J'ai jamais eu l'intention de le revoir, normalement je suis uniquement là pour qu'il n'ébruite pas mes faiblesses à la vue de tous, je suis là à cause de mon erreur et en faisant cet effort je la répare alors pourquoi il me parle des prochaines fois ?

- De quelles prochaines fois tu parles ?

- Ah parce que tu crois que ma seule condition pour que je garde ton secret c'était que tu viennes une fois chez moi uniquement ? Je pense que t'as pas vraiment compris, maintenant tu vas m'avoir sur ton dos tous les jours que tu le veuilles ou non.

Quel bâtard, je me disais bien que c'était trop facile.

Cet enfer (ReoNagi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant