Cet enfer (ReoNagi)

Chapitre 6

- Pourquoi tu m'as ignoré ? Et me dis pas que c'est parce que tu m'as pas vu parce que je te croirais pas.

- Désolé mes amis voulaient vraiment sortir avec moi je me suis dit qu'on pourrait faire ça une prochaine fois.

- Pourtant ils n'ont pas l'air d'avoir autant besoin de toi.

Il pointe mes amis qui partent sans moi en s'amusant et riant. Je suis cramé, je n'ai jamais vraiment su mentir, le seul mensonge dans lequel je suis bon c'est ma supposée perfection qui ne tient qu'à un fil, un faux pas et c'est terminé, j'en ai déjà fait avec lui et je le sais, je vais devoir me surpasser pour le manipuler et le faire croire à nouveau que je ne suis pas aussi faible que ce que je lui ai laissé paraître. Ça ne me ressemble pas de faire autant d'erreurs avec quelqu'un. Le mieux est donc...

- Okay je viens, tu m'indiques la route ?

- Ah ? Au final t'es décidé ?

- Comme tu l'as dit mes amis se fichent un peu de si je suis là ou pas tout compte fait donc autant sortir avec une personne qui en a un minimum à faire de moi.

Nagi acquiesce à moitié crédule du mensonge que je viens de lui raconter, j'ai essayé de faire un effort pour mentir mais c'est toujours pas ça, je devrais m'entraîner un peu plus. Même si ça risque de me porter préjudice si quelqu'un se rend compte de la supercherie que j'inventerai, ça pourrait m'être très utile à l'avenir.

On se met alors en marche vers un endroit qui m'est encore inconnu avec une personne qui m'est presque inconnue également, la route est silencieuse presque pesante, l'ambiance est un peu étrange et je m'y sens mal à l'aise, je n'ai jamais vraiment fait une sortie avec un seul ami, en général ils sont en groupe et font comme si je n'existais pas ou au contraire ils me complimentent et font en sorte que je me sentes très à l'aise en me mettant sur un piédestal quitte à en faire beaucoup trop et à montrer leur hypocrite au grand jour. Je ne sais pas quel est le pire cas de figure entre les deux mais dans tous les cas ça me fait sentir très seul, comme un peu tout le temps au final, mais là avec lui c'est différent, on est rien que tous les deux et je n'ai jamais eu l'occasion de m'exercer à sortir avec une seule personne.

On arrive vers sa maison, une maison ni trop grande ni trop petite, assez banale dans un quartier banal, une maison où je rêve secrètement d'habiter au final. Ce mec à la vie que je rêve d'avoir, j'aimerais tellement être comme lui, comme tout le monde, ne pas devoir me soucier de chaque mouvement que je peux faire, de chaque mot que je peux dire car ma vie tournera au cauchemar à la moindre chose qui n'est pas accepté par l'opinion de la majorité des gens qui m'entourent. Je dois toujours être celui qui est adulé, adoré des autres, jamais je ne peux vraiment me fondre dans la masse je serai à jamais observé et analysé dans mes faits et gestes.

- Alors tu rentres ?

Sa question me fait sortir de mes pensées, j'étais en train de contempler sa maison en m'imaginant vivre à sa place, une vie simple sans un excédent de soucis monstrueux.

- Oui je rentre.

J'enlève mes chaussures et rentre dans sa maison, le couloir donne directement sur le salon, un salon minimaliste et assez confortable. "Le rêve" me dis-je.

- Bienvenue chez moi.

Il me fait visiter un peu sa maison, son petit salon simple, sa petite télé, son petit canapé blanc, sa petite cuisine ouverte, aucun employé pour le surveiller toute la journée, la maison dont j'ai toujours rêvé en fin de compte. J'aimerais tellement échanger nos places et rester ici pour toujours, malheureusement la réalité me rattrape aussitôt quand je reçois un appel du secrétaire de ma maison, c'est vrai que je ne lui ai pas dit que je sortais quelque part et que "il est de son devoir d'être au courant de tous mes faits et gestes pour ma sécurité." En gros ce mec est un traceur humain, la personne qui me connait plus que n'importe qui et la raison de pourquoi je dois toujours être sur mes gardes où que je sois et quoi que je fasse. Il est mes chaînes et mes parents sont le bourreau.

- C'est qui ? Demandes Nagi.

- Une personne pas très intéressante, je dois décrocher je ne serai pas long.

Je m'éloigne un peu et décroche.

- Monsieur Mikage, vous n'êtes pas rentré dans votre maison alors que vous devriez y être depuis 10 minutes, puis-je savoir où vous êtes ?

- Je rentrerai dans une heure et demi ou deux heures, pas besoin de m'attendre avant, à tout à l'heure.

Je n'ai même pas le temps de l'entendre paniquer et me convaincre de rentrer que je raccroche, je n'ai vraiment pas envie qu'il sache qui est Nagi surtout que Nagi est le seul a connaitre mon secret et tant que je ne me suis pas assuré que tout est en sécurité je veux qu'il n'ait aucun contact avec mes proches surtout cet employé en particulier, si cela devait arriver je sais déjà que cette rencontre tournerait au cauchemar pour moi.

Je me rapproche ensuite à nouveau de Nagi et lui sourit comme si rien ne vient de se passer alors que je suis agacé.

- Pourquoi t'es énervé ?

Il me regarde avec des yeux presque vide, des yeux qui ont sondés mon âme, il a réussi à voir à travers mon acte, personne n'y a jamais réussi auparavant car au fil des années j'ai réussi à parfaire mon sourire et à ne montrer aucun signe de mes émotions, c'est le seul vrai talent que j'ai acquis et j'étais sûr de moi quant à son efficacité pourtant il vient de clairement comprendre que j'étais énervé et il me l'a fait savoir. À ce moment là je panique, je suis incapable de dire quoi que ce soit.

- C-comment as-tu ?