Une partie

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      Madame Isabelle et ses convives s'installèrent,l'une des domestiques leurs portait du thé, madame Isabelle toujours aussi énigmatique gardait le silence en sirotant son thé tandis que les deux jeunes gens l'observait dans un silence total. Celà était tout à fait compréhensible,il était évident que cette vieille dame rempli de sagesse et assez mystérieuse savait plus qu'elle n'en voulait le laisser paraître. Après un sourire lancé à Emma elle se lança :
-"Eh bien qu'attendez-vous pour poser des questions" cette seule intervention les laissaient perplexe cette femme qui semblait si insaisissable le devenait d'avantage. Ayant gardé ses réflexes de soldats, Adhémar par une simple observation notait les faits et gestes d'Emma,des regards adressés à madame Isabelle à la posture qu'elle adoptait en la présence de celle-ci,il mémorisait toutes ces informations pour les ajouter à son analyse. Lasse de ce silence, Emma se lança :
-"Monsieur Edenbourg je me permets donc de vous interroger " Déclara-t-elle en lui jettant un regard sévère. Le jeune homme sourit alors et lui dit signe de la main en guise d'approbation.
-"Eh bien, d'où connaissez-vous Madame Isabelle ?"demanda la jeune fille. Madame Isabelle sourit alors et s'interposa à fin de répondre à la question :
_"Oh ma chère Emma, Adhémar et moi-même sommes de vieilles connaissances.... Il a une fois quand il était jeune sauvé ma nièce " raconta la dame en sirotant son thé
-"Oui ... Cette très chère Jade "Souffla Adhémar en baissant la tête .
-"J'ignorais que vous aviez une nièce ... Où est-elle ?" S'enquit Emma les yeux grands ouverts.
-"Elle n'est plus de ce monde" ajouta Adhémar les points serrés , réaction qu'Emma nota et trouva tout à fait étrange.
-"Vous m'envoyez navrée madame Isabelle..."répondit Emma en regardant Madame Isabelle qui avait un air songeur...
-"Mais je vous ai vous" ajouta la dame en souriant.
-"Et vous Emma? Que faites-vous ici?" Questionna le jeune homme pour changer de sujet
-" Eh bien je venais pour le culte tout simplement " répondit Emma en souriant... Ils restèrent là ,à papoter durant une heure entière. Se rendant compte que l'heure était déjà avancé sursauta en se levant :
-"Nous devons nous dépêcher de rentrer monsieur Edenbourg, votre famille doit déjà vous attendre..." S'exclama Emma. Il sourit et se leva lentement avant de donner ses salutations à Madame Isabelle. À ce moment alors,l'un des garçons d'écurie de Madame Isabelle fit venir les chevaux d'Emma et d'Adhémar. La surprise de monsieur Edenbourg fût grande lorsqu'il se rendit compte qu'Emma savait monter à cheval,il passa alors les premières minutes du trajet à l'observer très silencieusement jusqu'à ce qu'à ce qu'Emma se décide à entamer la conversation :
-"Vous me semblez bien lent pour quelqu'un qui est en retard pour son voyage " entama Emma en reculant auprès d'Adhémar
-" Celà est logique vu que mon voyage a été reporté" lui dit-il d'un air songeur. Emma s'arrêta alors et prit quelques instants pour assimiler l'information reçue avant de reprendre :
-"Pour quelle raison restez-vous ?" Lui demanda t-elle en rattrapant Adhémar
-"Pourquoi croyez-vous avoir le droit de me poser cette question ?"questionna Adhémar d'un air malicieux
-" Eh bien parce que vous m'en avez parlé". Il s'arrêta alors près d'elle et la regarda fixement ,il lui lança un sourire plein de malice ,sourire qu'elle lui rendit d'un air fier avant de continuer leurs chemins en papotant:
- "Mais vous si, vous irez bientôt aux côtés de ce cher Hans" engagea Adhémar sur le chemin.
-"En effet " souffla Emma d'un air triste.
-"Cette mine déconfite est due au fait que vous ne supportez pas le vi-comte Hans ou aux nombres de jours que vous ferez loin de Christopher ?" rajouta Adhémar. Emma se contenta alors de baisser la tête et de réfléchir.
    Pendant ces mêmes instants, tandis que les Edenbourgs voyaient leurs affaires installées dans leurs différentes voitures , Valérie s'attelait à éviter sa mère, elle devait se douter des remontrances qui lui seraient faîtes vue la scène pitoyable de la veille. Après avoir passé près de trois heures à l'éviter, Valérie se trouvait avec sa mère qui s'était contenté de l'attendre dans sa chambre. Fermant la porte avec la plus grande discrétion ,elle y trouva sa mère déjà installée sur sa coiffeuse. De son air froid et imperturbable,la Duchesse la regardait avec dédain en lui faisant signe de s'asseoir sur le lit :
- "Tu as enfin mis un terme à cette minable partie de cache-cache ?" Questionna la Duchesse sans sourciller.
-" Il m'était donc impossible de vous échapper..." souffla Valérie en détournant le regard.
-"Oh je t'en prie, après la scène pitoyable que tu nous a offerte hier soir tu te dis bien que remontrances il y'en aura "Rajouta froidement la Duchesse. Se levant donc en tenant une brosse à cheveux à la main, la Duchesse installa sa fille sur la coiffeuse et lui brossa lentement les cheveux dans une ambiance peu rassurante:
-"Mère vous feriez mieux de vous dépêcher,vous risquez d'être en retard et vous savez à quel point père en serait contrarié" poussa Valérie en regardant froidement leurs reflets dans le miroir.
-"Ne t'en soucie pas,sache qu'une dame se fera toujours attendre et puis concernant ton père.... Il tient tout autant que moi à ce que nous ayons cette conversation"
-"Mais oui ... Où avais-je la tête, vous avez toujours été un intermédiaire dans ma relation avec lui... Étant le mur infranchissable qui m'éloignai de lui...."
-"Qu'insinues-tu ma toute belle ? "
-"Absolument rien mère... Pouvez-vous mettre un terme à cette attente mère ? Quelles remarques père a-t-il à me faire ?"
-"Bien, alors saches que ton père a trouvé cette scène ridicule et complètement inutile,se mettre à crier de la sorte suite à une conversation avec une simple domestique..."
- "Ce n'est pas qu'une simple domestique et vous le savez mère !" Interrompit Valérie
-"Si , ce n'est qu'une domestique... Et Christopher vous l'a prouvé hier soir"
-"De quoi parlez-vous mère ? " Demanda Valérie semblant perdu. Alors la Duchesse saisi sa fille par le poignet et elles s'installèrent toutes dans le fauteuil qui était près du lit:
-"Il a intervenu pour vous réconforter... Saches que venant d'un Compton ce n'est pas rien.. Et sache que c'est une victoire,une belle victoire d'ailleurs".
-"Comment pouvez-vous trouver cela avantageux ? J'ai été ridicule !" S'exclama Valérie d'avantage perdu
-"Tu le comprendras bien assez tôt... Ne descends pas pour nous saluer,mais prétends un malaise et une gêne....Tu verras alors que tout ne fait que commencer . Tu m'écriras une lettre et je te guiderai vers son cœur"
-"Mais mère..." bafouilla Valérie
-"Il n'ya pas de mais! Je t'indiquerai quoi faire et tu m'obéiras". Valérie baissa alors la tête semblant résilier.À ces mots la Duchesse quitta sa fille lui faisant signe d'au revoir suivi d'un large sourire.
   Elle exécuta magistralement les ordres reçu par sa mère, s'installant dans son lit et plongée dans ses pensées : "Nous y voilà,une fois de plus mère décide pour moi... Jouant habilement avec ma volonté,mes sentiments et maintenant ma noblesse... Aurais-je dû rester en Espagne ? Oublier cette promesse de mariage ridicule ? Grandir comme Adhémar et ... Perdre cette partie ?"

Que dire?...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant