Chapitre 1

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- Layah -

Je sortais précipitamment de chez moi, mes clés manquant de glisser de mes mains et le souffle saccadé dû à ma course effrénée. Danko, mon petit berger allemand m'en avait encore fait voir de toutes les couleurs lors de sa sortie matinale. J'avais du mal à le gérer puisqu'il était assez hyperactif, bien que le vétérinaire m'ait dit que ça allait se calmer avec le temps. Passant sans doute pour une folle, je courais dans les rues de Paris 5e avenue, très en retard pour mon cours avec mon professeur préféré, Monsieur Moreno. Évidemment c'était toujours lors de ses cours que Danko décidait de me mettre dans tous mes états, et en retard !

« — Fichtre ! Pourquoi ça n'arrive qu'à moi? »

En pleine course, je décidais d'enlever mon pull beige et le mettre machinalement dans mon sac. Habillée avec un en dessous je pouvais sentir l'air fouetter mes aisselles et mon visage, me procurant ainsi une sensation de bien être. Du moins pendant quelques secondes. Arrivée enfin devant le portail de la faculté, je me remit une minute de mes émotions, les mains moites avant de repartir un peu plus tranquillement vers ma salle de cours. 

Avant de toquer, je pouffais toute seule de rire dans ma barbe imaginant déjà le faciès de mon professeur, avec ses yeux froids et réprobateurs. Mais on peut dire que j'aimais jouer avec le feu et le titiller.


- Adam -

Alors que je buvais un dernier café avec la jolie secrétaire du département, je jetai un rapide coup à ma montre. Il était temps que je conclure notre conversation pour rejoindre mon prochain cours. Je la remerciai amicalement pour sa compagnie des plus agréables, terminai d'une traite ma boisson chaude et, enfin, jetai le gobelet de carton dans la poubelle. Avant de passer la porte, je lui fis un dernier clin d'oeil. Je la vis me sourire avec cette manie de rougir si soudainement, probablement impressionnée qu'un homme comme moi ne lui accorde si souvent des douces attentions. J'étais comme ça, quand une jolie femme travaillait à mes côtés, j'aimais lui montrer de l'importance, qu'elle se sente utile et appréciée. 

D'une démarche tranquille, je traversai la faculté vers l'amphithéâtre assigné pour le cours d'écriture journalistique. C'est l'un de mes préférés, il permet vraiment de mettre le doigt sur les futurs plumes ou les cancres de cette école, grâce aux exercices pratiques de rédaction. 

L'amphithéâtre était déjà bien rempli lorsque je franchis le pas de la porte. Le brouhaha des étudiants, perceptible depuis le couloir, s'arrêta net dès mon entrée. Ce genre de phénomène nourrissait tellement mon ego de professeur, un véritable régal. Je déposai ma sacoche, sortis mon macbook air pour projeter l'article qui serait analysé aujourd'hui. C'était parti pour tester mes chers étudiants, un vrai moment de plaisir presque sadique en tant qu'enseignant. 

« — Qui peut m'analyser en 5 éléments, 5 minutes le titre de cet article sur la découverte du détournement de fond de ce parti politique ? »

Le silence gênant habituel s'installa. Nouveau petit plaisir : qui vais-je désigner d'une façon désagréable pour répondre à cette question colle ?


- Layah -

Impatiente de retrouver mon cher professeur Monsieur Moreno je toque à la porte de l'amphithéâtre et entends une réponse brève m'indiquant que je peux entrer. J'impose ma présence dans l'immense salle et avant qu'il ne puisse dire quelque chose je lui coupe l'herbe sous le pied et prends les devants, quelques cahiers en main.

« — Je suis désolée du retard mais après tout je sais bien que vous aimiez que j'interrompe vos jolis cours Monsieur, cela donne du piquant à vos journées. »J

e peux aisément entendre les rires qui s'élèvent dans l'assemblée, les élèves de ce cours ont l'habitude de mes petites remarques intempestives. Je prends l'initiative de lui offrir un clin d'œil furtif avant de monter les marches pour rejoindre ma meilleure amie Firdaws qui m'observe de ses yeux réprobateurs. 

 « — Tu abuses Layah... » chuchote-t-elle.

Je lève les yeux au ciel excédée par sa remarque. Elle sait très bien que ce n'est pas vraiment sérieux, j'aime beaucoup juste jouer avec l'interdit. Je tourne légèrement la tête vers notre cher enseignant, et je vois toute de suite à ses yeux qu'il se retient de dire quelque chose.


- Adam -

Le silence plombant qui me délecte de plaisir est interrompu par un interlocuteur mystère derrière la porte. Je suis intransigeant sur le retard : une fois cette porte fermée, il est inutile de se pointer, sous peine d'être sévèrement rembarré. D'un souffle exaspéré, j'invite la personne mystérieuse à ouvrir. 

Tiens, quelle surprenante entrée que Mademoiselle Sanchez. Il n'y que cette étudiante pour contourner mes règles. Elle a le don de pousser mes limites. 

Avant même que je ne la réprimande publiquement devant ses camarades, elle m'adresse l'une de ses répliques des plus insolentes. Je sers les points, je dois garder le contrôle et montrer que je suis seul puissant dans cette salle de classe, et d'ailleurs même en dehors. Layah Sanchez comprendra un jour à quel genre de jeu dangereux elle joue.

 « — Eh bien, comme Melle Sanchez nous fait l'honneur de sa présence insolente à ce cours, si « joli », je lui propose de répondre à ma question, si du moins elle l'a entendue depuis cette porte, qui je le rappelle était fermée et donc non-franchissable, dès le cours commencé. Alors Melle, dites nous. »

Je la tiens. Vu la longueur du silence précédent son entrée, il est impossible qu'elle puisse répondre à cette question. Si elle se dérobe, je pourrai continuer durant des heures. Layah Sanchez veut jouer au chat et à la souris, mais je ne vais en faire qu'une bouchée.

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