E-17

2. Propositions

Je pousse la porte de la supérette, et salue au passage la gérante avant de m'avancer à travers les rayons. Il n'y a nul besoin de rester des heures pour savoir ce que je vais prendre, comme d'habitude : des biscuits au chocolat, des bonbons fruités et un bouteille de lait à la fraise. J'accorde que l'assortiment des trois n'est peut être pas le meilleur, mais qu'importe. Une fois sorti du magasin, je saute dans le premier taxi et me rend à l'hôpital...

—  Bonjour, je viens pour Leah Griffin, chambre 123, j'affirme à la secrétaire de l'hôpital.

—  Vous êtes de la famille ? demanda-t-elle.

—  Je suis déjà venu il y a 4 jours...

Elle relève enfin la tête et me jauge d'un piètre haussement de sourcils.

—  Ce que je vous demande c'est si vous êtes de la famille ?

Ok, je n'aime pas mentir mais le personnel de l'hôpital commence réellement à me taper sur le système.

—  Euh... oui bien sûr, je mens.

—  Puisque vous êtes déjà venu je ne vous montre pas le chemin, des gens attendent derrière vous alors...

—  Oui j'y vais, excusez-moi.

Heureusement que cette journée n'a pas mal commencée, car "l'amabilité" de cette femme m'aurait touchée en plein cœur. Sur ce bel accueil, je pars en direction de la chambre de mon amie.

— Bonjour, bonjour, comment va la princesse du jour ? je demande joyeusement.

—  Oh, tu ne travailles pas aujourd'hui ?

Ses yeux s'ouvrent davantage, ils pétillent, elle relève la tête vers moi, l'air un peu surprise, mais heureuse à la fois.

—  J'ai pris ma journée, c'est ton anniversaire quand même !

Je me fais une place près de son lit, un grand sourire aux lèvres.

—  Tu ne devrais pas prendre sur le peu de jours de congés que tu as...me rappelle-t-elle sur un ton amer.

—  Et à ton avis, pourquoi j'ai des jours de congés ? Pour venir te voir, à quoi bon sinon...

— Jenny, ne passe pas ta vie à venir voir une pauvre malade en train de mourir dans son lit d'hôpital, découvre le monde, fais-toi d'autres amis, trouve-toi un mec bon sang !

Mon ventre se tord un peu plus à la mention de son état mais je garde mon sourire.

—  Tu ne vas pas "mourir" Leah, et je n'ai pas besoin de quelqu'un dans ma vie...

Elle hausse un sourcil l'air sceptique et pousse un long soupir.

— Bien sûr que si tu en as besoin, tu passes ta vie seule, tu n'as personne. C'est d'un ennui, marmonne-t-elle d'une façon si inaudible que je peine à comprendre ce qu'elle dit.

—  Si, je t'ai, toi !

—  Tu sais très bien que tu ne pourras pas passer ta vie avec moi, enfin.

—  Pourquoi pas ?

—  Parce qu'on ne couche pas avec sa meilleure amie, bon sang. Enfin, en théorie. Tu as essayé les sites de rencontre ?

—  Leah, j'ai 25 ans ! je braille en la repoussant légèrement contre son coussin.

Ses yeux deviennent aussi grands que des balles de golf, avant qu'un sourire vienne se dessiner sur son joli visage.

—  Et alors ?! Tu trouveras peut-être l'homme de tes rêves, qui sait ?

—  Non, je ne veux pas de "mec" pour l'instant. Et encore moins sur un...site de rencontre.