The Exit

Un

    Teagan frottait, frottait sans retenue. Elle voulait effacer les traces, oublier le souvenir, que cette douleur parte en même temps que l'eau brûlante qui coulait de la douche. Elle frottait encore dans l'espoir que la seconde d'après, elle se réveille de ce cauchemar mais il n'en était rien. C'était bien réel, la souffrance était omniprésente et elle n'avait pas d'issue de sortie, il n'y avait pas cette petite lueur au bout du tunnel. Tout était noir.
    Deux-cent soixante douze fois. Son mari l'avait prise de force pour la deux-cent soixante douzième fois mais c'était comme si c'était la première. Teagan ne s'attendait pas à vivre un tel cauchemar en se mariant avec DeAndre. Pour elle était heureuse au début...Alors qu'est ce qui s'est passé ?

      L'on frappa à la porte. Teagan sursauta, tirée de sa rêverie. Sans qu'elle n'ait répondu, Serayah, sa fille d'à peine sept ans ouvrit la porte en glissa sa tête dans l'entre-baillement de la porte. Toute souriante elle annonça à sa mère assise de dos:
-Maman, Tevin est prêt ! Est ce qu'on peut manger maintenant ?
-J'arrive tout de suite, ma petite puce, répondit Teagan
    Toute joyeuse, Serayah tourna le dos et se dirigea en trottinant vers le rez-de-chaussée.
     Teagan se leva du lit dont le matelas avait été marqué par la forme de son derrière et se dirigea péniblement vers son dressing. Elle se posta devant l'immense miroir qui y était disposé. Elle eut un haut-le-coeur. Elle se dégoûtait de sa propre silhouette, de son propre reflet dans le miroir, tant elle était moche. Elle porta la main sur sa joue endolorie encore marquée par un bleu. Il fallait une fois de plus qu'elle se maquille.

    Teagan descendit les marches de l'escalier, la peur au ventre. Elle n'avait aucune envie de croiser DeAndre après la nuit qu'il lui avait fait passer. Son cœur se serrait à l'idée qu'il puisse la toucher à nouveau.
     Elle s'avança vers la cuisine où elle trouva déjà assis Serayah et son petit frère, Tevin, âgé seulement d'un an et quelques mois. Elle leur fit son plus beau sourire, après tout sourire était la seule façon de leur cacher sa peine.
-Coucou mes amours !! Fit-elle en couvrant Tevin de baisers. Elle se tourna ensuite vers Serayah. Comment tu vas, ma grande ?
-Je vais bien maman, répondit Serayah.
-Et ton père ? Où est ce qu'est votre père ? Demande Teagan, un pincement au cœur.
-Bah...Il a dit qu'il devait aller au tribunal et qu'il avait quelque chose d'urgent à régler, puis il est parti.
     Teagan sentit son cœur s'apaiser. Elle n'aura pas à affronter son mari après s'être faite battue et violentée par lui la nuit d'avant.
-Très bien, je vais vous faire des pancakes rapidement avant de déposer à l'école, dit Teagan en s'activant.
-Non, en fait maman...Je préférerais avoir un bol de céréales, lance Serayah.
-Ah d'accord ! Alors je suppose que tu peux le faire toi-même.
-Oui, je suis une grande fille maintenant, affirme Serayah en se levant de son tabouret.
-Dans ce cas, je prépare de la purée à ton frère et ensuite on va à l'école.
-Maman, papa...Il viendra me récupérer à la sortie de l'école ? J'ai trop envie qu'il...
-Non, non mon amour. Ton père ne peut pas et tu le sais très bien. Il te l'a dit ce matin, il a énormément de travail.
-Il m'a promis qu'il viendrait me chercher, c'est vrai...il ne le fait jamais. Pour une fois, j'aimerais qu'il vienne me récupérer.
-Je sais mais il ne peut pas.
-Mais je veux que ce soit lui.
- Il ne le fera pas ! Crie Teagan, agacée.
    Serayah sursauta, effrayée. C'était la première fois que sa mère lui criait dessus. Ça ne ressemblait pas à Teagan de crier sur qui que ce soit. D'ailleurs aussitôt qu'elle eut fini, elle eut des regrets. Ce n'était pas une façon de se comporter avec sa fille, en plus elle n'était coupable en rien de ce qui lui arrivait.
-J'suis désolé, Serayah mais ton père est beaucoup trop occupé en ce moment. Il passera du temps avec toi une autre fois. Maintenant, mange !
    Serayah lui lança un regard perplexe. Teagan était plutôt de mauvaise humeur, ça se faisait ressentir dans le ton de sa voix. Elle essayait de le cacher mais elle n'était pas bien du tout. Au fond d'elle, elle criait à l'aide mais personne ne pouvait l'entendre parce qu'elle était seule. Elle était complètement seule.