Le cycle d'Hélios : I. Routine Epsilon [Autoédité]

5 - Un départ mouvementé

Ce que l'on surnomme « Les Catacombes », cette zone froide et stérile au milieu de laquelle serpentent les lignes de métro, fait l'objet de toutes sortes de légendes. Dans les ténèbres du sous-Monde, une rumeur persistante plane : un réseau clandestin tissé dans l'ombre profiterait de la sinistre réputation des lieux pour échapper aux griffes du régime héléen. Certains évoquent des cités flottantes, suspendues par des kilomètres de câbles. D'autres un réseau de transport autonome, et même une économie parallèle. Ces clandestins seraient même, pour certains, les descendants d'une communauté aarguienne ayant fui la guerre idéologique qui secoua Hélios à la fin du XVe siècle, opposant les deux branches du culte.

« Légendes urbaines d'Hélios », par Karagii du Centaure, 1896 H.

Hannah se réveilla après une bonne nuit de sommeil. Elle ne savait pas exactement combien de temps elle avait dormi, mais elle s'en moquait, car elle venait d'entamer sa période de repos. Au plafond de sa chambre — une pièce concave tout en longueur —, des points lumineux scintillaient, émanant d'un petit dispositif placé sur la tête de lit. Le vert et l'orange étaient fixes, tandis que le violet clignotait. Tiens, un message de bon matin, qui ça peut bien être, se demanda-t-elle. Intriguée par cette information, elle s'extirpa lentement de son lit et se dirigea vers la porte menant au salon, les yeux encore embués. La même combinaison de voyants brillait sur son terminal individuel. Elle s'approcha et frôla le point violet, ce qui ouvrit l'application de messagerie privée. Le courrier électronique venait de Becky. La bulle de notification précisait l'heure d'envoi : 3 h du matin. Juste un verre, tu parles ! Hannah tapota l'écran du doigt pour révéler l'intégralité du contenu : « Bonjour doc. L'annonce d'hier a animé notre soirée au Chien d'Orion. Serais-tu intéressée par un voyage à la surface afin d'observer Héméra de tes propres yeux ? Nous attendons ta réponse. Amicalement, Becky ».

Hannah profita du petit déjeuner pour réfléchir à la proposition de ses deux acolytes. L'idée de revoir les biomes septentrionaux, seules réserves naturelles dénuées de plafonds, la séduisait, elle qui ne se souvenait même plus de la dernière fois où elle avait vu l'espace. Une fois sa collation matinale achevée, elle tapota sous la table suspendue du salon et le meuble se rétracta. Une douche et un deuxième café synthétique plus tard, elle enfila sa tenue de citoyenne d'Hélios, finalement bien décidée à faire ce voyage vertical de quarante kilomètres. Elle répondit à son amie d'un message bref en lui donnant rendez-vous à 11 h devant son appartement. Le voyant violet du terminal se mit à clignoter. Hannah dégrafa son intricom en train de charger sur son étui mural et y lut un « OK » d'approbation.

Il était maintenant près de 11 h et Hannah avait terminé de se préparer pour passer la prochaine nuit à la surface. Elle emportait avec elle le strict minimum, souhaitant voyager léger. Cela se résumait à ce qu'elle portait sur elle, à savoir sa tenue de citoyenne, le badge d'accès universel pour s'identifier auprès de la plupart des systèmes d'Hélios, son intricom, et une sacoche contenant quelques affaires de rechange, divers gadgets spintroniques, ainsi que l'indispensable kit de premiers secours sans lequel elle ne sortait jamais.

Une douce mélodie résonna dans tout l'appartement. Un instant plus tard, Hannah aperçut Becky gesticuler derrière le hublot du salon. Elle attrapa sa sacoche, effleura le badge autour de son cou, et rejoignit ses deux compagnons.

Rick la salua mollement d'un geste de la main, tandis que Becky l'enlaça comme si elles ne s'étaient pas vues depuis une éternité.

— La surface, tous les trois, quelle aventure palpitante ! La CH-1 parle déjà d'un record d'affluence. Cela risque d'être animé, s'émerveilla Becky.

— Pourvu que cela ne soit pas aussi bondé que la dernière fois, s'inquiéta Rick.

Hannah lui demanda :