Prologue - Hanëisse la valeureuse

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L'histoire se déroulait dans un monde imaginaire lointain. Elle parlait d'Hanëisse, une déesse, ou « déidre », qui se languissait dans une suite ornée de trophées de ses batailles passées. La déesse semblait obsédée par son monde natal, un lieu noir empli de lanternes réconfortantes.

Cela n'échappa pas à la fillette, laquelle s'écria :

— Cette région à laquelle pense Hanëisse, c'est notre univers ! La Terre lui manque.

— Tout juste. C'est un peu comme le mal de l'espace pour nous les Héléens.

Meÿlune reprit la lecture. Le passage suivant décrivait comment la déidre parvenait à s'échapper de sa réalité en projetant son esprit à travers d'autres univers. Hannah n'en rata pas une miette.

— Ça te plaît ?

— Continue, je veux savoir pourquoi elle veut penser à autre chose, et ce qui la tracasse.

— D'accord.

Après avoir décrit plus en détail le lieu de vie de la déidre, le chapitre s'attardait sur le physique de cette dernière. Hannah s'identifia immédiatement.

— Des cheveux d'or, comme moi !

— Une heureuse coïncidence. Cependant, elle n'a pas tes yeux, lui confia sa tutrice en référence aux taches hétérochromes qui parsemaient ses pupilles, allant de l'ambre au gris cendré.

— Connaissais-tu mon apparence lorsque tu m'as prénommée ainsi ?

— Non, il est interdit d'accéder à ce genre d'information avant la naissance. Où me trouvais-je ? Voilà.

La suite fut plus compliquée à suivre pour la jeune fille. Le livre s'attardait sur le paysage que contemplait la déesse mélancolique. Des noms alambiqués de races, de lieux et même d'espèces d'animaux imaginaires se mélangèrent dans son esprit, lequel tentait tant bien que mal de se raccrocher à quelque chose de familier. Elle interrompit sa tante :

— Tout semble si compliqué dans le monde d'Hanëisse. Et ces tours sombres me terrifient.

— Détrompe-toi. Dans la mythologie aarguienne, Khaar a créé le royaume de Naménos, la planète où habite la déidre, pour accueillir les populations opprimées de l'unimonde, à commencer par les Photonides, enfermées dans un trou noir par son vil frère, quelque part dans notre galaxie. Cet endroit est un vrai paradis.

La pupille de la station se concentra un instant avant de récapituler :

— La cité d'Alagate est la capitale du royaume de... Naménos, et le palais d'Aventes siège en son cœur.

— Il en est ainsi dans la plupart des textes.

— Crois-tu qu'il puisse y avoir quelque chose de semblable à la cité d'Alagate, sur une planète lointaine de notre univers ?

— Et toi, quel sentiment t'habite ?

— Je n'en sais rien, mais je l'espère.

— Une rêveuse, comme sa tante. Bien, pour la suite, tu devras mûrir un peu.

— Encore quelques pages, s'il te plaît.

— Voyons voir... on peut terminer sur sa rencontre avec Licène.

Le récit prenait désormais une tournure plus sombre. Hanëisse, lasse de servir les intérêts d'un peuple auquel elle n'appartenait pas, pensait à renoncer à sa condition d'être suprême, ce qui signifiait pour elle de mourir. Meÿlune édulcora quelques passages difficiles et termina sur une discussion conflictuelle entre la déidre et une autre déesse nommée Licène. Elle ferma enfin le livre avant de décréter :

— Fin de l'histoire.

— Non, tu ne peux pas t'arrêter maintenant ! Comment la déidre va-t-elle agir ? Je suis persuadée qu'elle va désobéir, enfreindre les règles. Comme toi avec mon prénom.

— Je ne m'attendais pas à un tel engouement de ta part. On termine le chapitre, ça te va ?

— On termine le chapitre, répéta la fillette en bâillant.

— Et tu ne viendras pas te plaindre à ta vieille tante si tu fais des cauchemars ! À présent, notre héroïne passe à l'action.

Le cycle d'Hélios : I. Routine Epsilon [Autoédité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant