Je suis d'une humeur de chien quand je monte dans mon taxi. Gabriel a beau avoir bien réagi, j'ai cru que j'allais crier quand j'ai vu sa sale patte puante sur ma fesse.
Gabriel était presque aussi choqué que moi en voyant les images. Il m'a assuré qu'il allait convoquer Yacine. Gabriel va se renseigner auprès des autres filles aussi.
Si ce n'est pas la première fois que Yacine se comporte mal, ce n'est pas un avertissement qu'il aura, mais une lettre de renvoi. Yacine est un bon barman, il est sexy et efficace, ses cocktails sont à tomber, « mais je n'hésiterais pas à le virer » m'a assuré Gabriel.
Ce n'est pas ça qui va me calmer. Au moins, je me suis défendue cette fois. J'ai réagi, pas comme avec Louise dans le métro. Je la préviens que je suis en chemin. Le taxi remonte la rue de Rivoli, on longe le Louvre, le musée des Arts décoratifs, c'est si beau par ici.
Place de La Concorde, j'admire l'obélisque, les fontaines, les grilles du jardin des Tuileries, les perspectives et l'espace qui nous entoure.
Paris devient magique la nuit avec ses façades et ses monuments éclairées. Je commence à me sentir mieux. J'ouvre ma fenêtre, je respire l'odeur des jardins des Champs-Elysées. Au bout de l'avenue m'attend l'Arc de Triomphe.
C'est si calme. Les Champs-Elysées sont vides à trois heures du matin. C'est la première fois que je les remonte au milieu de la nuit. Plus je m'approche de la place de l'Etoile, plus l'Arc Triomphe s'impose. Le taxi le contourne puis s'arrête à quelques mètre de la boîte.
A l'entrée, le physio me fait signe d'approcher. Louise l'a prévenu de mon arrivée. J'évite de faire la queue, même s'il n'y avait pas beaucoup de monde devant.
J'entre sans hésiter. Je ne m'arrête pas aux vestiaires. Je traverse le couloir qui mène à une salle pas très grande, au plafond assez bas, éclairée par un bar illuminé de néon rose. Il y a du monde mais ce n'est pas étouffant pour autant. On dirait une soirée entre amis.
Je ressens la chaleur humide des corps en mouvements. Les serveuses portent les bras en l'air les bouteilles de champagnes à travers les danseurs. On ne peut pas les rater avec leurs bougies feux d'artifices et les socles en forme de pique dans lesquels elles sont mises en valeur.
La musique me plaît. Je regarde le dj, les gens autour de moi. Ils s'amusent vraiment. J'aime cette énergie. J'avance, un bras derrière, un bras devant, pour éviter les mains baladeuses. Dorénavant je ferai gaffe.
Avec mes talons, je ne me sens pas écrasée par la foule de fêtards. Je suis trop grande pour ça. J'ai envie de danser, mais je préfère retrouver Louise avant. Entre deux têtes, j'aperçois soudain un homme qui discute avec une fille.
Mes yeux s'accrochent à lui. Mon cœur s'affole. Il me voit, on se regarde. Cela ne dure que quelques secondes avant que je ne rebrousse chemin.
Il ne m'a peut-être pas reconnue. J'ai l'air de m'enfuir là ? J'essaie de rester calme, de ne pas me précipiter vers la sortie. je pense à Louise qui m'attend à l'étage. Qu'est-ce que je fais ?
Soudain une main se pose sur mon épaule. J'entends ensuite :
- Tu t'en vas ?
C'est lui. Je reconnais sa voix nonchalante, il s'est penché sur moi. Il est grand. Sa main est chaude, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Les corps qui se pressent contre moi ne me font rien. On me pousse, on me bouscule et je ne sens rien. Mais quand cet inconnu me touche, c'est comme si une onde de chaleur se diffusait dans mon corps.
Je me retourne brusquement. L'inconnu retire sa main, mais je sens encore les effets de ses doigts sur ma peau. J'essaie de faire comme si je ne le reconnaissais pas et dis d'une voix sèche :
- Je ne suis pas intéressée. Vous perdez votre temps. Mon copain m'attend à l'étage.
Son regard change, ses lèvres esquissent un léger sourire. Il ne me croit pas ? Il m'a regardée ? Je suis le genre de fille à être célibataire ?
- Je passais juste dire bonjour, dit-il amusé par ma réaction. C'est une drôle de coïncidence de se revoir, tu ne trouves pas ?
D'où il me tutoie ?
- Si tu veux rejoindre l'étage, c'est par là, pointe-t-il le pouce vers l'arrière. Pas la peine de déguerpir en me voyant.
- J'ai pas déguerpi, dis-je vexée. Je voulais juste éviter ce genre de situation.
- Quoi, le genre de situation où on s'adresse la parole ?
- Je suis sûre que c'est passionnant de discuter avec vous, dis-je d'un ton bien dédaigneux. Mais je dois y aller.
L'inconnu se décale pour me laisser passer.
- Bonne soirée, dis-je en évitant de le regarder une dernière fois.
Ses yeux sont un piège à fille. C'est une dinguerie, son regard est si intense. Mais il fallait que je retombe sur le gigolo qui m'a aidée à défaire ma robe. Il y a combien de personnes en France ?!
Je me faufile entre les danseurs. Je vois l'escalier, je le prends, à l'étage, je suis bluffée. La vue est époustouflante. L'Arc de Triomphe est si près que j'ai l'impression de pouvoir le toucher.
Louise m'appelle.
- Jac ! Par ici !
Je souris en la voyant. Je suis contente de voir ma pote. Elle est entourée de mecs, il n'y a qu'une autre fille à leur table. Les bouteilles de champagne me font de l'œil. Je boirais bien une coupe avant d'aller danser.
- Hello, dis-je en m'installant à la place que Louise vient de libérer pour moi à côté d'elle.
- Je vous présente Jac. Je sais elle est encore plus belle que les mannequins de magazines, mais pas touche, dit-elle.
Mais qu'est-ce qu'elle raconte ?
- T'es célibataire alors, dit un blond tout sourire avec son foulard noué autour du cou. Un mec d'une trentaine d'années.
- Jac, je te présente Edouard, un collègue de mon frère. Et voici Octave, Augustin et Georges. Je te préviens, ils sont tous dans la finance. Ne t'attends pas à ce que la conversation vole très haut.
- Tu fais ta maline, commente Octave, le bras allongé le long du canapé.
Il est plutôt beau cet Octave. Tandis que Georges se lève vers moi le ventre bedonnant pour me serrer la main en disant :
- Cette peste ne t'a pas présentée India, ma copine.
- Oh, pardon India, répond Louise en me servant un verre.
- C'est pas commun comme prénom Jac, continue Octave.
- C'est le diminutif de Jacqueline.
C'est le prénom de ma grand-mère. Je remercie Louise avant de vider la coupe bien fraîche qu'elle vient de me servir en m'appuyant contre mon siège. Ça fait du bien
- T'as une bonne décente, commente India d'un ton sec.
Edouard me ressert en me souriant. Il sourit tout le temps ou quoi ? Je le remercie. Le champagne est hyper bon et j'en bois rarement. Je complimente Louise sur sa robe. Elle est trop belle ce soir. Je devrais me trouver un dos nu moi aussi.
Je m'étrangle en buvant. Le gigolo vient d'apparaître dans mon champ de vision. Il parle avec une blonde ultra sexy. Sa poitrine est si opulente qu'elle déborde de son décolleté.
- Ça va ? me demande Louise.
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On a tous droit à une seconde chance ?
RomanceJac laisse tout derrière elle en venant s'installer à Paris. Serveuse le soir dans un restaurant branché, stagiaire juridique le jour, Jac avance comme elle peut. De nouvelles amies, une nouvelle vie, et Jean. Cet homme direct et surprenant ne ces...