En Plein Coeur.

Chapitre Un : Point de vue de Mason !

Le fracas du bruit de verre qui s’écrase au sol ne retient pas mon attention. Ce service à vaisselle ne représente absolument rien pour moi, à part un poids que j’ai dû transporter dans ma voiture. En vérité, la majorité de ces cartons ne représentent rien et ne sont là que pour me donner l’air d’un locataire lambda.
J'ai empaqueté des affaires que je viens à peine d’acheter pour donner l’impression d’avoir des broutilles familiales que j'emporte avec moi dans mon nouvel appartement.
C’était une idée de mon patron et c’est comme ça que tout le monde procède dans mon milieu.
Quand on n’a pas de réelle normalité, il faut tenter de s’en créer une.

Levant les yeux au ciel, je me penche désormais à moitié dans mon coffre, me saisissant d’un autre énorme carton qu’il me faudra monter sur deux étages. J'avais déjà attiré le regard et la curiosité du voisinage avec le boucan provoqué rien qu’en arrivant et c’était très bien comme ça.
Il ne m'aura fallu que quelques minutes pour remarquer les regards en biais qui s’étaient cachés derrière les rideaux de certaines fenêtres.
Après tout, il était normal d’observer le nouveau venu et de tenter de s’en faire une opinion, un jugement.

On m'avait bien dit que la majorité des habitants étaient des personnes âgées mais quand-même, ça allait être d’un ennui !
Me saisissant du dernier carton, c’est à l’aide de mon pied que je referme la portière du véhicule, perdant le peu de patience qu’il me reste lorsque je fais basculer le carton sur ma hanche pour me débattre avec mon trousseau de clés afin de trouver celle qui allait pouvoir ouvrir la porte de l’immeuble.

Evidemment que je n’avais pas pensé à la caler pour la laisser ouverte.
Incapable de démêler toutes les clés qui composent mon trousseau, je ne peut m'empêcher de jurer dans ma barbe. La journée allait être longue. La semaine, même.

Un aboiement se fait entendre et en relevant les yeux, mon regard se pose sur des babines écrasées contre la porte vitrée de l’immeuble, un clébard faisant danser sa queue joyeusement.
Il a l’air con comme ça, heureux de voir l’extérieur alors qu’il est incapable d’ouvrir la porte lui-même.
Et puisque cela aurait été étonnant de voir un chien tout seul à la porte d’un immeuble, je fais remonter mes yeux un peu plus haut pour apercevoir la personne qui se tient derrière le clebs. Une laisse en main et un sourire aux lèvres, il a l’air aussi heureux que le chien à l’idée de voir l’extérieur. Doucement, sa main libre se saisit de la poignée de la porte et aussitôt dehors, le chien se met à tirer sur la laisse.

-Brooks, attends !

Une voix remplit le silence qui s’était alors emparé de la petite allée et j'en profite pour répliquer à mon tour :

-La porte s’il vous plaît !

L’individu fait alors basculer son dos contre la porte avant que celle-ci ne se referme pour la maintenir ouverte, un léger sourire aux lèvres.
Ses cheveux sont si brillants que j’aurais pu lever les yeux au ciel à la seconde même où je m'en aperçois.
C’est cliché.

En passant devant l’inconnu et le chien, ce dernier se met à me grimper dessus, faisant presque basculer le carton que je tiens dans les bras.

-Brooks arrête !! Stop !

Doucement, le chien recule et se met assis comme pris de pitié par l'ordre un peu maladroit qui vient de lui être donné par le jeune homme.
Il continue cependant à me fixer en remuant la queue, prêt à me sauter à nouveau dessus d'une seconde à l'autre.

-Je suis désolé…elle est agitée, surtout face aux inconnus.

Me tenant droit, j'hésite à répondre.
Je n’avais pas spécialement envie de faire la conversation directement en arrivant ici mais il allait falloir commencer à un moment ou à un autre. Je ne suis pas là pour les vacances et si je veux pouvoir vite repartir, il me faudra commencer au plus vite.
D’un coup d'œil, l’inconnu semble avoir remarqué les cartons posés au sol ainsi que celui dans mes bras, sans pour autant oublier de sourire en coin lorsqu’il aperçoit les débris de verre de celui qui s’est cassé la gueule un peu plus tôt.
Je me racle la gorge afin de me donner une prestance avant de répondre.