Malgré la musique qui résonnait dans mes oreilles depuis que j’y avais planté mes écouteurs à mon réveil, j’étais sûr d’avoir entendu quelqu’un frapper à ma porte. Après avoir jeté un coup d'œil par le judas de la porte d’entrée, j’étais resté adossé contre cette dernière, allant jusqu’à retenir ma respiration pour que Monsieur Laurent, le gardien de l’immeuble finisse par croire que je n’étais pas là. Je n’aime pas cet homme. Il fait partie de ces personnes qui vous regardent trop intensément et qui donnent l’impression de voir jusqu’au fond de votre âme pendant qu’ils vous parlent. Le pire dans tout ça, c’est que ce n’était pas vraiment une impression.
Enfin si, il n’avait pas vraiment lu dans mon âme, mais juste dans mon passé.
Lorsque j’étais arrivé ici, Monsieur Laurent m’avait informé qu’il savait tout de moi et qu’il s’était renseigné sur chaque locataire de l’immeuble. C’était un sous-entendu qu’il m’avait fait pour que je sache bien qu’il était au courant de certaines choses. Des choses que j’aurais aimé cacher à la terre entière. Être en sa compagnie, simplement face à lui me rendait malade.
J’en avais presque la nausée parfois, lorsque je descendais les étages tout en sachant qu’il serait au bas de l’immeuble à surveiller que personne ne foule la pelouse qu’il entretenait comme si elle était à lui.-Je sais que vous êtes là et j’ai rien d'autre à faire que d’attendre derrière cette porte.
Il était capable d’attendre toute la journée, je le savais. Soufflant un bon coup comme pour laisser se disperser dans l’air le dernier espoir que je retiens dans mes poumons, je me force à afficher un grand sourire sur mon visage, l’air serein. Je suis mauvais acteur à en juger par le sourcil levé que m’adresse Monsieur Laurent, pince sans rire.
-Il y a un véhicule garé sur votre place de parking. Et à moins que vous n’ayez acquis un véhicule sans me le signaler, j’en déduis que cette voiture n’a rien à faire sur votre emplacement.
Sans pouvoir me contrôler, je coince ma joue entre mes lèvres pour la mordiller, réitérant ce tic qui me prend lorsque je suis stressé ou anxieux. Je n’ai effectivement pas de voiture. Je ne conduis pas, je ne conduis plus. Mais ça m’est bien égal que quelqu’un puisse garer son véhicule sur un emplacement que je n’ai aucune intention d’utiliser.
-C’est pourtant pas compliqué. Avez-vous, oui ou non, garé un véhicule sur votre emplacement ? Ou quelqu’un que vous connaissez ?
Sans aucune hésitation, il se met à tenter d’entrer sa tête dans l'entrebâillement de la porte, jetant un regard derrière moi pour tenter d’apercevoir une quelconque compagnie. Il n’est aucunement gêné d'être intrusif. Raclant la gorge et refermant la porte derrière moi pour le rejoindre complètement dans le couloir, je ne peux cesser de triturer mes doigts. Je ne réussi pas à former une phrase que je serais capable de prononcer à voix haute. Peut-être que si je reste silencieux, le gardien finira par abdiquer et s'en aller ? Je ne suis pas doué pour les discussions, encore moins lorsque je ne suis pas à l'aise comme actuellement. Je reste silencieux mais il reste là, à me fixer en attendant que je réponde quelque chose. Et je jure qu'à ce moment précis, l'expression ''entendre les mouches voler'' prend tout son sens.
Lorsque des pas résonnent dans le couloir, je me demande pendant une seconde si je n'ai pas rétorqué quelque chose qui aurait causé le départ de Monsieur Laurent, les jambes à son cou.
Je suis presque prêt à m'auto-congratuler avant que je ne réalise que Monsieur Laurent se tient encore là mais qu'il détourne le regard vers la provenance de ses pas, prêt à sauter sur la personne qui vient couper court à notre discussion.
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En Plein Coeur.
RomanceIls ne s'étaient pas doutés un seul instant que leur destin allait changer en une seule seconde. Lorsque la porte de cet immeuble avait été ouverte et que leurs yeux étaient entrés en contact, leur avenir avait été scellé. Sans même qu'ils ne le sa...