Jonas hésite à rompre le silence qui règne dans la maison depuis qu'ils sont redescendus du grenier. Il souhaite réconforter Jeffrey qui reste prostré, les yeux remplis de larmes, fixant le vide. Cependant, une tension émane de lui, il semble extrêmement nerveux, ce qui l'empêche de dire quoi que ce soit. Bien qu'il ressente de la tristesse pour son nouvel ami et qu'il réalise que cette nouvelle tempête a bouleversé tout ce qu'il croyait acquis, Jonas pense qu'il ne suffit pas de pleurer et de se lamenter. Il aimerait que Jeffrey se reprenne et fasse preuve d'une plus grande résilience face à l'épreuve qu'il traverse.
- Jef, ça ne va pas te plaire mais, si je m'écoutais sans penser aux émotions que tu ressens, je te prendrais par les épaules et je te secouerais une bonne fois pour toute ?
- Quoi ? Que veux-tu dire ?
- Il n'y a aucun doute que l'homme sur toutes ces photos est ton père. Tu l'as reconnu et il y a trop d'indices qui convergent vers cette théorie.
- Mais c'est impossible !
- Tu es tout autant impossible. Tu ne devrais pas être là, tu as fais un bon de 90 ans dans le temps alors, pourquoi tes parents n'auraient pas fait de même ?
- Mais ils sont morts, il y a moins d'un an dans un accident de train. Enfin, il y a 91 ans.
- Est-ce que tu en es sûr ? Je veux dire, vraiment certain ?
- Mais bien sûr, ils étaient dans ce train, je les ai vu monter dedans bon sang.
- Oui mais, avec tout ce qu'on a découvert là-haut, avec ton propre voyage dans le temps, serait-il possible qu'ils aient échappé à l'accident ? As-tu récupéré leurs dépouilles ?
- Jonas, tu vas trop loin, respectes au moins leur mémoire.
- Jef, je ne veux pas leur manquer de respect, le moins du monde mais, nous sommes face à quelque chose d'extraordinairement mystérieux et on ne peut éluder aucun détail pour comprendre ce qui se passe. Moi je te dis que si tu n'as pas vu leurs corps, alors, ils ne sont pas morts. Je vais téléphoner à mon ex pour lui demander de venir. Il faut qu'il décrive l'homme qu'il a vu ici.
- Jonas ?
- Oui ?
- Est-ce qu'on peut faire une pause ? Toi, tu vis dans un monde où tout va vite, où vous avez votre Internet, vous claquez des doigts et vous pouvez parler avec tout le monde, tout de suite, tout en pouvant lire l'ensemble de tous les livres du monde. Moi, je sature là. Je suis littéralement près à m'évanouir de fatigue. J'ai envie que tu me prennes dans tes bras. J'ai envie de m'endormir avec toi. On continuera à penser à tout ça demain. On est pas à quelques heures près et, si ce que tu penses au sujet d'un voyage dans le temps de mes parents est vrai, ça ne changera rien si on résout tout ça ce soir ou demain matin.
- Tu as raison, au pire, on pourra revenir à cet instant plus tard, en voyageant dans le temps !
- T'es bête.
- Je sais, c'est de la bêtise thérapeutique. Tu vas voir, elle va te faire du bien.
- Pour me faire du bien, tu es le champion Jonas.
- Viens-là.
Jonas vient déposer un doux baiser sur les lèvres de Jeffrey. Leurs langues se mélangent à nouveau mais, cette fois, dans un mouvement plus lent plein de tendresse. Leurs poitrails se serrent comme s'ils voulaient fusionner, les langues s'enfoncent plus profondément l'une vers l'autre, leurs muscles bandés, ils pétrissent chacun le dos de l'autre avec vigueur et amour. Jonas décolle un peu son étreinte et, en chuchotant :
VOUS LISEZ
A temps pour Noël
Roman d'amourJeffrey s'apprête à traverser la période de Noël seul. Un train lui a récemment enlevé ses parents, il n' a pas le coeur à la fête. Et il sait bien qu'il est différent de ceux qui flirtent avec les filles. Ce n'est pas qu'il ne sait pas les attirer...