Chapitre 58

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En passant la porte de votre appartement, tu savais que les vacances étaient finis. Fini les balades au soleil, de bronzer à pas d'heure, de se baigner dans des eaux turquoises. Maintenant, vous allez reprendre votre routine habituelle. Enfin, vivre avec trois garçons et être en plus marié à eux n'était pas vraiment une routine à part entière. C'était plutôt votre routine à vous, car tu doutais que d'autres gens vivent la même chose que toi. A part vos amis, bien sûr. D'un côté, tu étais quand même contente d'être rentrée et de pouvoir retrouver tes habitudes. Seulement, tu ne t'étais pas attendu à revoir ta mère sur le pas de la porte aussi vite.

Voilà deux jours que vous étiez rentrés, et tu n'avais jamais pensé qu'elle pourrait revenir ici. Heureusement pour toi, les garçons travaillaient et donc, tu n'aurais pas à vivre de moment gênant avec eux. Tu aurais préféré qu'elle te prévienne d'abord de sa venue, étant donné les circonstances. Tu n'étais pas prête du tout à l'affronter car tu ne savais pas vraiment quoi lui dire à propos de tout ça. Devais-tu lui dire toute la vérité? Ce n'était pas forcément une bonne idée, surtout qu'elle ne comprendrait pas aussi facilement tes choix. Maintenant, elle était assise sur votre canapé, regardant partout autour d'elle, un petit air tendu sur le visage. Toi-même tu n'étais pas très à l'aise, surtout quand tu pensais à ce qu'elle t'avait demandé de faire la dernière fois.

Jamais tu ne pourrais accéder à sa demande et te séparer d'eux. C'était impossible, encore plus maintenant que tu étais marié à eux. Même si tu t'abstiendrais de lui omettre ce détail. Tu avais même eu peur qu'elle n'ait ramené ton père avec elle, chose dont elle aurait très bien pu être capable. Mais pour ton bien, comme d'habitude. Tu n'arrivais cependant pas à lui en vouloir. Tu étais la seule enfant qu'ils avaient réussi à avoir et jamais tu ne pourrais te séparer d'eux.

" J'ai beaucoup réfléchi, tu sais. Et je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi tu vis avec trois garçons différents. Chaque fois que j'y pense, certains mots me viennent à la bouche pour décrire cette relation complètement illégale. ", tu gardes le regard baissé, n'osant pas affronter ses yeux posés sur toi.

" Je pourrais te dire que je suis désolé...mais ce n'est pas le cas. Certes, je sais très bien que tu me considères sûrement comme quelqu'un qui donne son corps à trois garçons sans se soucier de quoique ce soit, mais ce n'est pas comme ça. Comme tu l'as très bien dit, ils sont tous les trois différents mais chacun d'eux m'apporte quelque chose qu'ils ne pourraient pas me donner seul. Je savais très bien ce que je faisais et c'est encore le cas aujourd'hui. On vit tous ensemble depuis trois ans, et je ne regrette absolument rien. Tu n'es pas une mauvaise mère et tu n'as pas non plus raté mon éducation, c'est juste mes choix. Je ne te demande pas de les accepter ni de les comprendre, mais je t'en supplie, ne m'oblige pas à me séparer d'eux. ", tu essayais de ne pas pleurer même si les larmes étaient présentes.

Elle ne te répond pas pendant quelques minutes, te regardant simplement. Tu oses enfin relever tes yeux et les poses sur elle, ne voyant pourtant pas de colère ni de tristesse. Cela te rassurait un peu de voir un minimum de douceur dans son regard. Tu en avais vraiment besoin. Pourquoi d'ailleurs? Depuis maintenant trois jours, tu avais besoin constamment d'attention et avais envie de pleurer sans raison.

" Est-ce qu'ils prennent au moins bien soin de toi? Ils subviennent à tes besoins correctement? ", ses questions te prennent un peu de court, toi qui préparais déjà d'autres arguments.

" Oui, oui ne t'inquiète pas pour ça. Je ne travaille plus au café mais avec Yoni, et les garçons font partie d'une grande firme qui finance les évènements dans le pays... Est-ce que papa est au courant? ", elle soupire et secoue négativement de la tête, te faisant souffler à ton tour.

Tu savais que ta mère pouvait être intrusive mais elle n'aurait jamais rien tenté. Ton père, en revanche, n'aurait pas hésité pour débarquer ici et tuer les garçons un par un. Il pouvait se montrer très rude et agressif quand quelque chose te concernait. Mais en temps normal, c' était une vraie crème avec toi et les autres personnes.

" Je n'ai pas eu le courage de lui dire, et puis, comment j'aurais pu lui annoncer? Il serait tout de suite venu te chercher et en étant raisonnable, ça n'aurait pas été une très bonne idée. Je ne pourrais jamais lui dire et je ne tiens pas non plus à rencontrer les garçons maintenant même si je connais déjà Jimin, peut-être un jour pour les autres mais pas dans l'immédiat. Il faut encore que je me fasse à cette situation. En revanche, je veux que tu l'annonces à ton père. Pas tout de suite, mais promet moi de le faire un jour. ", elle te tend la main et tu te lèves de ton petit fauteuil pour la rejoindre sur le canapé.

" D'accord, je le ferais. Je te le promets. ", tu l'entoures de tes bras et te laisse aller contre elle, son parfum te remémorant plein de souvenirs d'enfance.

Tu savais très bien que tout ça la dérangeait encore mais qu'elle ne dirait rien car elle voyait que tu ne manquais de rien. Tu étais en bonne santé et surtout heureuse, alors qu'aurait-elle pu demander de plus? Tu te décolle un peu d'elle car son parfum commence à te donner un peu la nausée. Tu devais commencer à tomber malade et pensais même que c'était le voyage qui te faisait ça. Peut-être que c'était le décalage horaire qui jouait sur ton corps. Tu voulais juste que ça ne dure pas sinon tu devrais aller consulter, sachant que les garçons ne te laisserait pas traîner ici dans cet état. Tu remarques que ta mère regarde ta main et tu te tends un peu, voyant les trois bagues scintillent avec le soleil qui éclaire la pièce. Elle ne fait pas de commentaire et tu te permets de mieux respirer.

" Tu vas peut-être m'en dire un peu plus sur la lettre que j'avais reçue, maintenant que l'on peut parler calmement. ", tu serres un peu plus fort la main de ta mère en pensant immédiatement à Hayun. Cela faisait un moment qu'elle ne s'était pas montré et tu espérais qu'elle vous fiche complètement la paix.

" Euhm...c'est une ancienne collègue de travail des garçons. Elle est juste très jalouse de moi, rien de plus... ", tu mens comme tu peux et soutiens le regard de ta mère, un peu déstabilisé. C'était comme si elle essayait de lire en toi pour prêcher le vrai du faux.

" Il faut dire que tu en as pris un peu beaucoup pour toi toute seule. ", tu oses rire quand elle te donne un léger coup de coude. Tu ris un peu moins quand ton estomac se tord et grimace même. Ta mère se penche vers toi et fronce les sourcils. " Est-ce que tu es malade? "

" Non. Enfin, je ne sais pas. On revient tout juste de vacances et je pense que j'ai dû attraper quelque chose là-bas. ", elle touche ton front et sa mine devient un peu plus inquiète.

" On dirait que tu as de la fièvre. Tu devrais aller chez le médecin au plus vite, on ne sait pas ce que tu peux contracter à cause du voyage. Vas te reposer, je vais écrire un mot aux garçons et je fermerais la porte derrière moi. ", tu hoches la tête, soudainement trop fatigué et lui embrasse la joue.

" Merci maman, je t'aime beaucoup, tu sais? ", elle sourit tendrement et vient embrasser ton front luisant.

" Moi aussi, je t'aime... ", elle te suit et t'aide même à te coucher sur ton lit, te bordant comme au bon vieux temps.

Tu avais hâte que les garçons reviennent et s'occupe de toi, ne comprenant pas ce qu'il te prenait d'un seul coup.

My daddysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant